Symptomes de la Phobie scolaire : fillette en pleurs sur le chemin de l ecole

Avant d’y être confrontés, peu d’entre nous savent ce qu’est la phobie scolaire. Trop souvent perçue comme un « caprice » de l’enfant qui ne veut pas aller à l’école, elle est généralement mal comprise et mal acceptée. Pour la famille, qui voit soudainement son enfant dans l’incapacité d’aller à l’école, c’est un cataclysme. On sait aujourd’hui que détecter les signes du refus scolaire anxieux dès leur apparition est capital dans le processus de guérison. Le but de cet article est justement de vous aider à reconnaître les symptômes de la phobie scolaire et à mieux les comprendre. Nous vous donnerons aussi des conseils utiles et avisés pour faire face à ce chamboulement et trouver des solutions.

Qu’est-ce que la phobie scolaire ?

Sa définition

La phobie scolaire est un phénomène si complexe que les spécialistes qui l’étudient ne parviennent pas à s’accorder sur sa définition. Est-ce une pathologie ou un symptôme ? Ses origines et ses formes sont multiples et elle concerne indifféremment filles et garçons, enfants et adolescents. Nous retiendrons tout de même la définition de la psychiatre américaine Adélaïde Jonhson (1941) :

« Conduite d’évitement chez un enfant qui, sans pouvoir en dire la raison, refuse d’aller à l’école et résiste avec d’intenses réactions d’anxiété ou de panique quand on tente de l’y contraindre ».

Laélia Benoit, pédopsychiatre et chercheuse à l’INSERM apporte une nuance intéressante en évoquant « une peur massive, irrationnelle, d’aller à l’école ». Elle précise également que la phobie se cristallise sur l’école, mais que ses causes peuvent être multifactorielles. « Tout est entremêlé » dit-elle, et c’est cet entremêlement qui complique tant le diagnostic de la phobie scolaire.

 Les terminologies

Le choix de la terminologie fait également débat. Certains spécialistes réfutent l’emploi du mot « phobie », préférant celui de « refus anxieux ». Mais quelle que soit l’appellation choisie, elle désigne le même syndrome. Quant au terme de « troubles anxieux scolaires », il est utilisé pour désigner les premières manifestations de la phobie scolaire, alors que l’enfant est encore capable de se rendre à l’école.

⏩ À regarder : La phobie scolaire, généralités du Docteur Jean-Baptiste ALEXANIAN — psychiatre

Quels sont les symptômes de la phobie scolaire ?

Les troubles anxieux peuvent s’installer de manière discrète et insidieuse pendant de longues semaines, voire des mois. Certains enfants éprouvant un sentiment de honte ou de culpabilité, essaient d’ailleurs de cacher leur mal-être à leur entourage. C’est donc aux parents et à l’équipe éducative d’être vigilants et attentifs aux changements d’attitude, même minimes.

Les troubles scolaires anxieux

La peur de l’école peut s’exprimer selon des manières très différentes, à la maison ou en classe. Voici quelques-uns des signes précoces qui peuvent apparaître :

  • troubles du sommeil ;
  • pleurs le soir ou le matin ;
  • troubles de l’appétit ;
  • variation d’humeur ;
  • vomissements ;
  • maux de tête ou de ventre ;
  • résistance à se préparer le matin ;
  • renfermement ;
  • mauvais résultats scolaires ;
  • etc.

La difficulté en tant que parent est de parvenir à distinguer le « caprice » du « trouble anxieux » réel. Pourtant, faire la différence entre « ne pas vouloir » et « ne pas pouvoir » est capital pour une prise en charge rapide et éviter une aggravation des symptômes

Les symptômes de la crise d’anxiété aigüe

« J’entends des éclats de rire. Des gouttes de sueur perlent dans mon dos et sur mes tempes. Mon corps se raidit et mon cœur bat à tout rompre. Ce n’est plus une grille d’entrée que j’ai devant moi mais une grande bouche grise aux dents pointues, prête à me happer dès que j’avancerai et à se refermer sur moi. Un bruit tambourine dans ma tête. Rapide. Irrégulier. J’ouvre la bouche, je cherche de l’air. Je lutte pour pouvoir respirer à pleins poumons. Ma vue se trouble. Ça revient, je le sens. Je vais encore m’étaler sur le sol. La honte. Ils me regarderont tous comme un seul homme et s’esclafferont. Je prends de grandes inspirations, mais l’air ne vient plus. J’étouffe. » Phobie, roman de Fanny Vandermeersch.

Dès lors que le refus scolaire anxieux s’installe, les jeunes enfants et adolescents qui en souffrent, doivent faire face à des crises d’anxiété aigües, semblables à des crises de panique. Les symptômes de la phobie scolaire apparaissent alors sous forme de :

  • malaises ;
  • étourdissements ;
  • céphalées ;
  • douleurs abdominales ;
  • douleurs dorsales ;
  • vomissements ;
  • douleurs dans la poitrine ;
  • palpitations ;
  • vision floue ;
  • trouble de la marche ;
  • respiration difficile ;
  • etc.

L’enfant se retrouve dans l’incapacité d’aller à l’école. Il peut rester tétanisé dans la voiture ou se débattre violemment si on essaie de le forcer. Il peut parfois frapper ses parents, les insulter ou proférer des menaces de suicide ou de fugue. Il perd le contrôle…

⏩ Pour aller plus loin : Dans les phobies scolaires aujourd’hui — extraits de Nicole Catheline et Jean-Philippe Raynaud.

Pourquoi est-ce important de détecter rapidement les signes du refus scolaire anxieux ?

On estime que la phobie scolaire touche entre 1 et 5 % des enfants ou adolescents en France. Néanmoins, une étude américaine a montré que 25 % des élèves se trouvent, un jour, confrontés aux troubles anxieux liés à l’école, de manière plus ou moins forte et plus ou moins durable.

Il a été établi — sur ce point, les médecins sont unanimes — qu’une prise en charge rapide permet d’éviter à l’enfant le burn-out et le glissement de son état psychique vers des pathologies ou des manifestations plus lourdes. Tant que les troubles anxieux ne sont pas détectés, l’enfant reste en contact avec ce milieu qui lui cause tant de mal. Son anxiété s’accroît, provoquant souvent de nouveaux symptômes, jusqu’à atteindre le blocage total.

Au-delà de la souffrance de l’enfant, il ne faut pas négliger la souffrance de la famille. Les absences répétées à l’école entraînent des réactions souvent négatives et néfastes de la part de l’entourage (enseignants, famille, amis). L’éducation (trop laxiste) est mise en cause, la mère (qui ne parvient pas à couper le cordon) est incriminée, le père (absent) n’est pas épargné… Tant de jugements et de conseils malavisés qui viennent augmenter le désarroi des parents. Le diagnostic ne règle pas tout, mais il permet d’apporter, d’une part, des bribes de réponses aux interrogations des parents, et, d’autre part, de reconnaitre que l’enfant souffre d’un trouble pathologique réel (autrement dit : qu’il ne fait « officiellement » pas un caprice !). Dès lors que le diagnostic de phobie scolaire est établi, il est temps d’agir concrètement.

Quelles mesures mettre en place pour soulager l’anxiété scolaire de son enfant ?

Les mesures d’urgence pour le milieu scolaire

  1. Mettre en place un arrêt maladie de 3 semaines minimum pour permettre à l’enfant de se reposer et le renouveler tant que nécessaire.
  2. Transmettre le document à l’établissement scolaire afin d’être en règle vis-à-vis de la loi.
  3. Organiser une réunion avec l’équipe éducative : directeur, enseignant, infirmier, médecin, CPE… afin d’expliquer la situation et d’instaurer des mesures d’accompagnement personnalisées.
  4. Récupérer les cours auprès des professeurs ou d’autres élèves.
  5. Si le retour à l’école prend du temps, mettre en place des mesures telles que l’accompagnement pédagogique à domicile (APADHE) ou la scolarisation à distance (CNED). N’ayez pas peur de la déscolarisation. Marcel Rufo conseille de garder les enfants éloignés de l’école jusqu’à ce qu’ils soient réellement capables d’y revenir.

À noter que des établissements alternatifs et des classes spécifiques commencent à voir le jour en France. Renseignez-vous !

 La prise en charge médicale et psychologique

  1. Prendre rendez-vous avec votre médecin qui vous orientera vers un thérapeute (psychologue, pédopsychiatre, neuropédiatre, etc.)
  2. Demander l’évaluation d’un état dépressif de votre enfant.
  3. Vérifier s’il n’y a pas de cause physiologique expliquant son état.
  4. Faire appel à la médecine douce pour soulager le stress : ostéopathie, sophrologie, réflexologie, hypnose…
  5. Mettre en place un suivi thérapeutique afin de chercher les causes des troubles anxieux qui peuvent être multiples.

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L’aide aux parents

Des parents ont fondé l’Association Phobie Scolaire en 2008. Vous pourrez y trouver une feuille de route destinée à vous guider dans vos démarches.

Une groupe privé sur Facebook existe également. Les parents peuvent parler librement de leur situation, échanger, recueillir du soutien et les conseils des bénévoles de l’association.

En bonus, quelques petits mantras à garder dans un coin de votre esprit : 🔗 restez connecté avec votre enfant, 🙏prenez soin de vous, 😌 apprenez à lâcher prise et 👭 entourez-vous des bonnes personnes !

Laurence Marguet pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.

Sources

https://dictionnaire.academie-medecine.fr/index.php?q=phobie%20scolaire

https://www.cairn.info/les-phobies-scolaires-aujourd-hui–9782257206633-page-3.htm

https://phobie-scolaire.org/