Dans les fictions cinématographiques, les rôles de premier plan ne sont que très rarement confiés à des femmes d’âge mûr. À quelques exceptions près, les carrières des actrices sont en effet beaucoup plus courtes que celles des hommes. Au-delà d’un certain âge, les femmes deviennent même presque invisibles à l’écran. Mais, si l’âgisme et le sexisme au cinéma semblent institutionnalisés depuis toujours, le vent est aujourd’hui en train de tourner…

Âgisme et sexisme au cinéma : l’invisibilité des comédiennes d’âge mûr

Dans les sociétés occidentales, l’idée que le charisme et le charme des hommes augmentent avec le temps est largement répandue. On considère en revanche que les femmes ont une « date de péremption ». L’industrie cinématographique cultive cette imposture et cherche à nous imposer des stéréotypes concernant les principales qualités des femmes à l’écran, comme la jeunesse et la beauté.

« Notre culture esthétique valorise les quinquagénaires quand ce sont des hommes, elle les stigmatise quand ce sont des femmes. » Camille Froidevaux-Metterie, philosophe.

Les faits sont indiscutables :

  • Les actrices connaissent généralement un pic dans leur activité cinématographique autour de la trentaine, mais dès 35 ans, les opportunités de rôle se réduisent considérablement.
  • Les hommes sont quant à eux à l’apogée de leur carrière entre quarante et cinquante ans, avec la possibilité de travailler bien au-delà.
  • Pour constituer des couples à l’écran, les réalisateurs associent volontairement les grands rôles masculins à des partenaires féminines nettement plus jeunes.

Pourtant, les femmes de plus de quarante ans sont bien présentes dans la société ! Elles ne sont pas seulement des mères ou des grand-mères. Elles ont une vie à part entière, une activité professionnelle, des relations sociales, des aspirations, des échecs et des réussites, des peurs et des joies. Toutes ces expériences devraient naturellement nourrir la production cinématographique dont les créations sont aussi un reflet du monde dans lequel on vit.

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Des voix s’élèvent en France et aux États-Unis pour lutter contre les discriminations liées à l’âge et au sexe

L’association Actrices et Acteurs de France Associés (AAFA), a dénoncé le « tunnel de la comédienne de 50 ans » par la voix de Marina Tomé et Catherine Piffaretti. Ces dernières ont notamment mis en place une commission dont l’objectif est d’alerter et sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics à l’invisibilité des femmes de plus de 50 ans au cinéma et à la télévision.

Aux États-Unis, les prises de parole de Geena Davis sur le sexisme au cinéma ont un large écho. Avec sa fondation (Geena Davis Institute in Gender on Media), l’actrice connue notamment pour son rôle dans le film Thelma et Louise finance des études très documentées sur la représentativité des femmes et n’hésite pas à dénoncer l’âgisme dont elle a aussi été victime.

De son côté, Andie MacDowell refuse avec véhémence de se plier aux diktats du jeunisme pour décrocher des rôles. L’actrice sexagénaire arbore fièrement ses cheveux grisonnants comme un étendard féministe. Si les acteurs d’âge mûr n’ont pas à paraître plus jeunes, pourquoi le devrait-elle à tout prix ?

L’évènement le plus caractéristique de cette résistance est sans doute l’attribution de l’Oscar de la meilleure actrice 2021 à Frances McDormand, 64 ans, pour son rôle dans Nomadland. Dans ce film à mille lieues des paillettes hollywoodiennes, la réalisatrice Chloé Zhao a choisi de mettre magistralement en scène une femme à l’âge de la retraite, frappée par la crise économique et contrainte d’adopter une vie de nomade.

Alors, écoutons, relayons les paroles et les expériences de femmes de tout horizon et tout âge afin que l’industrie cinématographique s’ouvre encore davantage et véhicule des messages en phase avec la société. Les actrices de toutes les générations y trouveront inévitablement leur place.

 

Magali Jaber, pour e-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

AAFA

Le Monde

Huffingtonpost