En France, on estime que 1,5 à 2 % de la population souffriraient de fibromyalgie, une maladie chronique également appelée syndrome fibromyalgique. Souvent, ni les traitements conventionnels, ni les médecines alternatives ne parviennent à soulager les douleurs autrement que de façon temporaire. Face à ce constat d’échec thérapeutique, patients comme médecins se retrouvent désemparés. Or, depuis quelques années, de plus en plus de fibromyalgiques s’adonnant à la pratique encadrée d’un sport, ou à des exercices de kinésithérapie personnalisés, sous le contrôle d’un enseignant en activité physique adaptée, obtiennent des résultats très encourageants. Et pour cause, le sport permet la libération massive d’endorphines. Preuve de l’efficacité de l’activité physique dans la lutte contre la douleur rebelle, le sport sur ordonnance est de plus en plus prescrit. Bouger pour aller mieux quand on souffre quotidiennement, cela vous semble difficile, voire impossible ? Découvrons ensemble en quoi la fibromyalgie et l’activité physique adaptée font bon ménage.
« La douleur est un fruit : Dieu ne le fait pas croître.
Sur la branche trop faible encore pour le porter. »
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856
Les prises en charge conventionnelles de la fibromyalgie : des résultats peu satisfaisants et un soulagement très temporaire
La fibromyalgie : des traitements médicamenteux peu efficients aux effets secondaires lourds
Selon l’INSERM, ce syndrome s’exprime par des douleurs chroniques diffuses sans cause apparente. Un cortège de symptômes lui est associé. Reconnue comme entité médicale à part entière par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1992, cette pathologie est considérée comme un dysfonctionnement du système de contrôle de la douleur.
Parmi la pharmacopée existante, il n’existe pas à ce jour de médicaments réellement efficacess. Face à l’urgence, les médecins sont souvent amenés à prescrire des spécialités pharmaceutiques de diverses catégories.
Des médecines alternatives onéreuses
Beaucoup de fibromyalgiques, déçus par les médicaments, se tournent vers des médecines alternatives, telle que la sophrologie caycédienne pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres.
Au final, ces thérapies sont certes intéressantes, mais insuffisantes pour une prise en charge pérenne de la douleur. Heureusement, il existe un traitement de première intention à privilégier : l’Activité Physique Adaptée.
La fibromyalgie et l’activité physique adaptée : bouger pour vaincre la douleur de façon durable
Le cercle vicieux du déconditionnement physique induit par les douleurs : de la nécessité de lutter contre la sédentarité
Au médecin incombe la tâche délicate de vous expliquer que le socle de votre traitement est la pratique d’une activité physique régulière. Or, le mécanisme premier de défense de l’Homme face à la douleur est le repli sur soi. Cette peur du mouvement est un phénomène bien connu des professionnels de santé : la kinésiophobie. Mais en restant au repos trop longtemps, vous vous déconditionnez, ce qui rend, au fil des mois, la moindre tâche de votre vie quotidienne de plus en plus difficile à réaliser.
Loin de vous soulager, le repos renforce votre appréhension du mouvement et augmente votre intolérance à l’effort. Le cercle vicieux s’installe insidieusement. Il devient urgent de le briser.
Bouger en toute sécurité : l’Activité Physique Adaptée
Heureusement, avec une prise en charge précoce de la fibromyalgie, il vous est tout à fait possible de ne jamais entrer dans ce schéma négatif. À ce sujet, l’Assurance maladie recommande aux médecins généralistes de proposer à leurs patients la mise en place d’une réhabilitation corporelle progressive et personnalisée. C’est ce qu’on appelle l’activité physique adaptée (APA).
Depuis un décret de 2023, ce syndrome est inclus dans la liste des affections ouvrant droit à la prescription d’APA dispensée par des professionnels spécifiquement formés. Il peut s’agir de kinésithérapeutes ou d’ergothérapeutes, mais aussi des enseignant·e·s, formé·e·s aux sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS).
L’APA est prescrite, en lien direct avec le médecin traitant, dans des établissements de soins, mais également dans des associations ou des clubs sportifs.
Vous pouvez consulter l’Annuaire des Enseignant·e·s en APA pour rechercher les coordonnées d’un spécialiste en France, par région.
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Les activités physiques les plus recommandées par les professionnels de santé dans le traitement de la fibromyalgie
La balnéothérapie
Grâce à « la poussée d’Archimède », exercer une activité physique dans l’eau est source de nombreux bienfaits. En piscine, certains exercices qui peuvent s’avérer difficiles « à sec » deviennent alors possibles. Il sera par exemple beaucoup plus facile pour un douloureux chronique de faire de l’aquabiking que du vélo d’appartement. La balnéothérapie est donc l’activité la plus adaptée pour commencer à remettre son corps en mouvement. Dans l’eau, la mobilité est facilitée et les muscles détendus.
La kinésithérapie
Les médecins prescrivent aussi des séances de kinésithérapie plus classiques. Le rôle du masseur-kinésithérapeute est d’établir un programme de séries d’exercices de renforcement musculaire adapté à chaque personne et reproductible à domicile quotidiennement. L’objectif est de réhabituer progressivement le malade à l’effort. Grâce à cet entraînement, dont la difficulté est augmentée graduellement, le patient est ainsi préparé à la reprise d’un sport d’intensité modérée en toute autonomie.
L’aquagym
L’aquagym est une gymnastique dans laquelle les mouvements sont effectués dans une eau dont la hauteur est choisie en fonction des exercices à pratiquer et chauffée pour permettre une bonne détente musculaire. Ce sport doux présente l’avantage d’entretenir la mobilité articulaire et de se gainer en utilisant la résistance de la masse d’eau.
La natation
La fibromyalgie provoquant des tensions musculaires importantes, la natation est un sport également préconisé dès lors que le patient gagne en indépendance. Pour les mêmes raisons que la balnéothérapie, se rendre à la piscine municipale pour y faire quelques longueurs s’avère très bénéfique. La nage sur le dos est souvent conseillée, mais aucune n’est exclue tant qu’elle ne provoque pas de douleurs inhabituelles.
La marche nordique
Pour les personnes qui ne se sentent pas à l’aise dans l’eau, de nombreuses autres activités physiques comme la marche nordique présentent l’avantage considérable de tonifier la chaîne posturale. Elle a pour principe d’accentuer le mouvement de balancier naturel des bras à l’aide de deux bâtons. Il est ainsi possible d’avancer plus vite avec moins de fatigue.
Le vélo de route
Il est possible de se lancer dans la pratique du vélo de route afin de renforcer son système cardio-vasculaire ainsi que certains groupes de muscles. Sa pratique est également vivement conseillée par les médecins.
Cette liste est bien sûr loin d’être exhaustive. Il n’y a pas de sports « interdits », mais bien des activités physiques recommandées pour avoir fait leurs preuves dans le soulagement des douleurs de la fibromyalgie. L’essentiel est que chaque nouveau sport fasse l’objet d’une discussion entre le patient et son médecin.
Ainsi, outre ses effets bénéfiques durables sur la douleur, l’activité physique régulière améliore la qualité de sommeil et l’humeur des malades. En effet, un cercle vertueux s’instaure peu à peu favorisant une meilleure qualité de vie.
Toujours pas convaincu ? Je vous invite à découvrir l’aventure hors du commun de Violette Duval, jeune femme diagnostiquée en 2010, qui a parcouru seule 6 765 km à pied durant un an à travers trois pays. Son histoire, relatée dans cette vidéo, est la preuve par excellence que sport et fibromyalgie sont des mots qui vont très bien ensemble.
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Emilie Caminade, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.
Sources :
https://www.inserm.fr
https://www.ameli.fr
https://www.sciencedirect.com
https://sante.gouv.fr
https://www.legifrance.gouv.fr
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