Observer les animaux la nuit : est-ce pour vous une idée naturelle ou tout à fait saugrenue ? Qui est assez fou pour s’aventurer dans les forêts ténébreuses ? Certes, à la tombée du jour, la nature se révèle parfois impressionnante, avec des cris, des bruits étranges, des ombres. Guetter la faune au crépuscule,  cette activité qui recèle de belles surprises si vous la pratiquez régulièrement, vous enrichira sur plusieurs plans. Mais comment voir dans le noir ? Pour mettre toutes les chances de votre côté et distinguer autre chose que des arbres, adopter certains automatismes pourra vous être utile. À vous chouettes, renards, chauves-souris et autres mammifères et oiseaux ! Apprivoisez la nuit et les animaux nocturnes grâce à ces 5 conseils.

1. Se préparer pour observer les animaux la nuit

Repérage en amont

Pour espérer apercevoir une silhouette à la nuit tombée, effectuer un petit repérage en journée est un bon point de départ. Mais quels signes repérer ? Les traces d’animaux sont variées, on peut trouver :

  • des empreintes laissées dans la boue, le sable ou la neige ;
  • des excréments ;
  • des touffes de poils ;
  • des chemins empruntés par les animaux, appelés « sentes » ou « coulées » ;
  • des pelotes de réjection des rapaces nocturnes ;
  • des entrées de terriers, notamment pour les blaireaux ;
  • des troncs d’arbre grattés par les bois de cerfs, chevreuils ;
  • des zones de bain de boue ou « souilles » des sangliers.

Avant de partir, on se documente éventuellement sur les espèces que l’on pourrait rencontrer, à l’aide d’un guide ornithologique par exemple.

Équipement

Pour une virée nocturne agréable, prévoyez des vêtements sombres pour ne pas vous faire repérer. Choisissez-les également confortables et imperméables, plus ou moins chauds selon la saison. Une lampe de poche vous servira à voir où vous mettez les pieds, et vous aidera à mieux observer les grenouilles et tritons, ainsi que les petits mammifères et les papillons de nuit. Mais attention, de plus grosses bêtes pourraient vous repérer, pensez à éteindre votre lampe.

Vérifier la réglementation

Pour observer des animaux, on doit souvent se rendre dans des espaces naturels protégés :

  • forêt de protection ;
  • réserve naturelle ;
  • arrêté de protection du biotope ;
  • parc national ;
  • etc.

Certains d’entre eux sont réglementés. La fréquentation du public et des activités en particulier peuvent être interdites. Il faut donc bien se renseigner, voire appeler les gestionnaires, pour savoir si l’on peut se rendre sur le site sans que cela perturbe le travail en cours.

L’article L411-1 du Code de l’environnement précise les interdictions relatives aux espèces protégées en France. Gardez en tête ces principes : ne pas déranger les animaux, ne pas les toucher, et être respectueux de leur environnement.

2. Organiser sa sortie au clair de lune

Avec qui ?

Au minimum, il vaut mieux partir à deux : imaginez un endroit perdu, il fait nuit noire et vous vous foulez la cheville. La sortie vire rapidement au cauchemar. Les grands groupes, moins discrets forcément, ne sont pas adaptés aux balades silencieuses. Cependant, si l’on souhaite observer la vie nocturne de la mare, cela ne posera pas problème. Pourquoi ne pas proposer aux enfants une promenade dans les bois, par une belle soirée d’été ? Une idée parmi d’autres qui permettra de calmer les plus jeunes avant d’aller dormir!

Où ?

Bords de mer, forêts, landes, prés, montagnes… En France et à travers le monde. On observe la faune nocturne partout ! Mais pensez également à la ville. Sous un lampadaire on croise des chauves-souris, dans un jardin, on aperçoit parfois des hérissons. Les grottes et les vieux bâtiments constituent de parfaits abris pour les chauves-souris. Les vieilles bâtisses abandonnées et les clochers dissimulent parfois les chouettes effraies.

Salamandre avec feuilles d’automne de nuit

Belle salamandre jaune et noire sur tapis d’automne la nuit
Crédit photo : Thomas Bigaud

Quand ?

Privilégiez les nuits avec Lune pour favoriser vos chances de voir des mammifères ou rapaces nocturnes. En fonction de la saison, de la météo, l’activité des animaux varie énormément. Par exemple, la pluie fera sortir amphibiens, vers et gastéropodes. Consulter le bulletin météorologique vous évitera quelques désagréments (orages, chutes de neige ou brouillard) . Les saisons idéales pour les sorties d’observation nocturne ? L’été et l’automne. Le printemps est marqué par la reproduction, ce n’est donc pas l’idéal car nos odeurs et nos mouvements engendrent du stress chez les animaux.

3. Bien se comporter dans la forêt la nuit

L’art de la patience

De jour comme de nuit, l’observation des animaux requiert de la persévérance. Pour bien supporter l’attente, il est judicieux de s’installer le plus confortablement possible. On peut se fixer deux heures à un endroit, puis changer d’affût, ou revenir la nuit suivante. Dans tous les cas, il faudra s’armer de patience, et surtout ne pas se décourager. Avec l’entraînement, nos sens s’aiguisent, et notre ténacité finit par être récompensée : « oh, une chouette ! » Si l’attente n’est vraiment pas votre tasse de thé, pensez à installer un piège photo.

⏩ À lire : comment installer un piège photo

Se fondre dans le décor

Pour choisir son affût, mieux vaut arriver avant la nuit. Le choix du poste d’observation est important : il faut être le plus caché possible, immobile, et sous le vent pour ne pas se faire repérer. On aura pensé à éviter les odeurs parfumées, et à mettre son portable en mode silencieux. Évidemment, on arrête de parler et on communique plutôt par signes. N’oubliez pas que lorsque vous marchez, les brindilles et feuilles mortes sont bruyantes, allez-y doucement.

Mise en garde

À quoi faut-il faire attention lorsqu’on cherche à observer les animaux la nuit dans les bois ? Vous l’avez déjà compris, la discrétion est de rigueur. Pendant certaines périodes (reproduction, nidification, couvaison, repos), la faune réagit au moindre dérangement par une fuite, ou un abandon du nid, des œufs, des jeunes… Il est donc conseillé de ne pas trop s’approcher de la faune durant l’hiver. Au printemps, faites attention aux bébés !

sanglier et marcassins en forêt

Maman Sanglier protège. Ne vous approchez pas, et éloignez-vous tranquillement.
Souce : Pixabay

4. Guetter la faune au crépuscule

Liste non exhaustive

Que peut-on (espérer) voir la nuit ?

  • Les nombreuses espèces de chauve-souris ;
  • les amphibiens : grenouille, crapaud, triton, salamandre ;
  • des rapaces nocturnes comme la chouette effraie, la chouette hulotte, différentes espèces de hibou ;
  • des mammifères : hérisson, martre, fouine, belette, loutre, renard, sanglier, blaireau, vison, putois, cerf, chevreuil, bouquetin, chamois ;
  • les micro-mammifères : musaraigne, souris, campagnol ;
  • les insectes : papillon de nuit, ver luisant.

Focus sur le blaireau

Pourquoi observer le blaireau ? Car c’est un animal curieux, reconnaissable grâce à sa tête blanche marquée de deux bandes noires, que l’on voit rarement… Il n’est pas exclusivement nocturne, mais on peut le voir plus facilement au crépuscule, comme c’est le cas pour beaucoup d’espèces. L’observer de nuit permet donc de compléter nos connaissances sur son comportement de jour. Leurs terriers, qui restent plus faciles à trouver que ceux des renards, sont très intéressants à étudier. On les appelle les « blaireautières » : bien visibles, elles se situent généralement non loin d’un point d’eau, avec un certain niveau de pente, et comptent plusieurs entrées ou « gueules » .

Blaireau effectuant sa promenade nocturne

Blaireau effectuant son tour du soir dans les herbes hautes.
Source : Pixabay

5. Participer à des actions concrètes

Régulièrement, des sorties et promenades sont organisées par des associations pour mieux découvrir la faune nocturne. La LPO propose de nombreuses missions de bénévolat auprès des oiseaux spécifiquement, dont certaines se déroulent le soir. La Nuit de la Chouette est un événement qui a lieu tous les deux ans en mars, afin de sensibiliser le public et de protéger les espèces de chouettes et de hiboux. Il existe aussi la Nuit Internationale de la Chauve-souris en été.

Enfin, si l’on souhaite partir sur le terrain, repérer des terriers, compter des chauves-souris dans le cadre d’un suivi, etc. cela est tout à fait possible : renseignez-vous auprès des associations d’étude et de protection de la faune de votre région.

Découvrir : les missions de bénévolat de la LPO

Quels bienfaits à observer les animaux la nuit ? Bien sûr, en pratiquant les observations nocturnes, nous approfondissons nos connaissances des espèces, et pouvons ainsi contribuer à la protection de l’environnement. Nous apprenons aussi à mieux percevoir le monde de la nuit ; au fil des soirées passées dans la nature, nous dépassons nos peurs.

« Le contact avec la nature est indispensable à l’équilibre physique et psychique de tous les êtres humains. » Chantal Gehin présidente la FRAPNA Isère

Comme le souligne Chantal Gehin, que nous en soyons conscients ou non, le lien avec la nature constitue le socle de notre équilibre. Chercher à être plus proche de la faune, au moment où celle-ci est plus active, c’est-à-dire la nuit, serait une façon de se retrouver. De l’observation à l’introspection il n’y a qu’un pas, mais silencieux.

 

Claire Chaillet, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Océane, tutrice de formation chez FRW.

Sources

LPO
https://www.fne-aura.org/uploads/2019/04/livret_la_nature_la_nuit_frapna.pdf

Salamandre
https://www.salamandre.org/une-activite/dix-regles-dor-pour-observer-les-animaux-la-nuit/

ONF
http://www1.onf.fr/activites_nature/sommaire/decouvrir/vie_foret/habitants/20070921-084019-28717/@@index.html

Ouest France
https://lemagdesanimaux.ouest-france.fr/dossier-585-observer-animaux-foret.html