À l’heure où les neurosciences révèlent de précieuses informations sur le fonctionnement du cerveau humain, l’éducation pourrait-elle devenir une science exacte ? C’est la direction que prend la parentalité positive. Vous aimeriez comprendre en quoi consiste ce style éducatif en décalage avec l’éducation traditionnelle ? En 2021, il n’existe pas de définition consensuelle de ce concept en construction. Je m’appuierai principalement sur l’approche de la psychothérapeute Isabelle Filliozat, qui a largement contribué à l’importer en France. Découvrons sans plus attendre quels sont les piliers de l’éducation positive, aussi connue sous le nom de parentalité bienveillante.

Comprendre le comportement de son enfant pour le guider : le principe de base de l’éducation positive

Les fondements de la parentalité positive sont empiriques : il s’agit d’observer les comportements humains à la lumière des neurosciences pour en tirer des principes éducatifs. En s’appuyant sur le développement naturel de l’enfant, on peut comprendre comment l’accompagner tout au long de sa croissance. L’objectif est de le guider vers l’épanouissement, la sérénité et l’empathie.

Isabelle Filliozat observe et étudie le développement psychoaffectif des êtres humains, et les conséquences de différents types d’éducation sur l’équilibre des petits et grands. Ses livres et conférences déconstruisent le modèle éducatif « traditionnel ». La violence et les punitions n’ont pas leur place dans la parentalité positive.

Voici quelques pistes pour comprendre comment éduquer nos enfants sans cris ni violence.

Décoder ses émotions

Parfois, nous nous sentons démunis face à un tout petit qui est traversé par des tempêtes émotionnelles. Les réactions de nos bambins face à certaines « petites » frustrations nous semblent complètement disproportionnées. En fait, lors des premières années de vie, leur cerveau ne parvient pas à réguler leurs émotions. Gérer le stress, l’anxiété et les émotions fortes est alors physiologiquement impossible. Cela fait de la petite enfance une période éprouvante pour les adultes, mais crier ne résoudra pas le problème. Les cris généreront du stress supplémentaire et seront contre-productifs.

Notre défi en tant que parents est alors d’aider notre progéniture à accueillir ses émotions, à les comprendre et à les exprimer, pour apprendre à se calmer.

Lorsque nous avons reçu une éducation « traditionnelle », laissant peu de place à l’écoute de nos émotions, prendre cette habitude n’a rien d’intuitif et peut s’avérer très difficile. Ne culpabilisez pas pour autant ! L’éducation positive se montre également bienveillante envers les parents.

Elle peut vous aider à comprendre et à gérer votre propre colère. Il existe plusieurs méthodes pour y parvenir.

Adopter la Communication Non Violente

La CNV est une composante de l’éducation positive. Ce formidable outil de communication développé par le psychologue Marshall B. Rosenberg dans les années 1970 est basé sur l’empathie et le respect de chaque personne. Voici une « recette » en quatre étapes pour s’exprimer en CNV.

  • Je décris la situation sans juger.
  • J’exprime les sentiments que je ressens dans ce contexte.
  • J’identifie et j’exprime mes besoins insatisfaits.
  • Je formule positivement une demande concrète et réalisable.

Par exemple, lorsque notre enfant laisse traîner ses affaires partout dans la maison, voici la demande que nous pourrions formuler : « Quand je vois tout ce bazar, je me sens mal et ça me met en colère ! J’ai besoin que la maison soit rangée pour me sentir bien, alors je te demande de ranger tes affaires lorsque tu n’en as plus besoin. »

Formuler des consignes positives

Avez-vous remarqué que les enfants ont tendance à faire ce que l’on vient de leur demander de ne pas faire ? Mais alors, pourquoi votre petit fait-il du trampoline sur le canapé alors que vous lui avez clairement indiqué « ne saute pas sur le canapé » ? Est-ce pour vous provoquer ? Est-ce pour défier votre autorité ? Pas forcément.

Si je vous demande de ne pas penser à une girafe, quelle image avez-vous en tête ? Vous voyez où je veux en venir… En fait, notre cerveau n’est pas programmé pour comprendre la négation. Il est important de garder cela à l’esprit lorsque nous donnons des consignes à nos petits. J’avais du mal à y croire, puis j’ai fait l’expérience avec mon bébé de 12 mois. Au lieu de répéter à chaque repas « on ne jette pas la nourriture par terre », j’ai répété « la nourriture va dans ta bouche ou dans ton assiette ». Quelques jours plus tard, le problème était résolu.

L’idée est de donner des consignes plutôt que des interdictions. Nos attentes sont les mêmes, seule la façon de les formuler change.

Privilégier la coopération à la place de l’opposition

La parentalité positive consiste à apporter à l’enfant les ressources nécessaires pour traverser la vie sereinement. En coopérant avec lui, nous le rendons acteur de son éducation, tout en renforçant les liens familiaux. Trouver des solutions ensemble et apprendre à notre petit comment réparer ses erreurs développe son sens des responsabilités et son empathie.

Trouver des solutions ensemble

Votre bambin pique des crises au supermarché ou lorsqu’il doit attendre son tour pour faire du toboggan ? Vous avez tout essayé : lui faire la morale, crier, le mettre au coin en rentrant, mais rien n’y fait. Alors, comment gérer ces tempêtes à la lumière de l’éducation bienveillante ?

Si votre enfant pique une crise au supermarché, il s’agit probablement d’une évacuation de son stress plutôt que d’une colère. Votre petit se trouve dans un environnement trop stimulant, et ne parvient pas à gérer cela tout seul. La solution ? Avant de partir faire les courses, demandez-lui quelles missions il pourrait accomplir au supermarché et réfléchissez-y ensemble : pousser un petit chariot, choisir les carottes, lire la liste de courses… Cette petite mission l’aidera à se canaliser.

Au parc, votre petit expérimente l’impatience, l’ennui et la frustration en attendant son tour. Cela peut alors causer des colères. Demandez-lui d’imaginer ce qu’il pourrait faire en attendant : sauter à cloche-pied, chanter une chanson, vous faire un câlin… Cela l’aidera à patienter.

En proposant à votre enfant d’imaginer des solutions, vous l’aidez à mieux gérer ses émotions à chaque fois qu’une situation similaire se présente.

Privilégier la réparation à la punition

Lorsque votre enfant fait une « bêtise » (ou que l’une de ses expérimentations tourne mal), guidez-le pour trouver une solution de réparation, et aidez-le à la mettre en œuvre. Vous pouvez balayer les débris ensemble, recoller les morceaux du vase, ou l’aider à formuler des excuses à présenter à l’un de ses camarades. Vous lui permettez ainsi de développer son sens des responsabilités, sans l’humilier. De plus, en constatant que vous l’aidez à réparer ses erreurs, il sera plus à même de proposer son aide à d’autres personnes. Il développe ainsi son empathie.

Se montrer à la fois ferme et bienveillant : le duo gagnant de la parentalité positive

Quand le destin a permis à une personne d’avoir vécu une enfance heureuse, entourée de parents aimants et respectueux, n’ayant entretenu aucun rapport de domination avec elle, cette personne, une fois adulte, sait que l’amour n’a rien de commun avec l’humiliation, la haine, la violence, le pouvoir, la domination, la possession. L’amour donne une liberté, une sécurité, une paix intérieure et rend heureux. Quand les désaccords existent, cette personne dit ce qu’elle ressent mais n’éprouve pas le besoin de dominer l’autre, de le soumettre, de le posséder. repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Catherine Gueguen, éditions Robert Laffont

Encourager son enfant

En tant que parents, nous avons souvent tendance à souligner les comportements déplaisants de nos petits. Et si nous les prenions aussi en flagrant délit de bien faire ? Les encouragements aident réellement les enfants à prendre confiance en eux, alors pourquoi s’en priver ? Savoir que nous sommes fiers d’eux leur fait du bien.

Poser un cadre sécurisant

L’éducation positive ne consiste pas à laisser l’enfant faire ce que bon lui semble !

Elle bannit la violence sous toutes ses formes : physique et psychologique, mais aussi le laxisme. Laisser des bambins, enfants ou adolescents livrés à eux-mêmes peut avoir de graves répercussions sur leur développement psychoaffectif et sur leur intégrité physique. L’éducation bienveillante nous incite à poser des limites sécurisantes, avec autorité.

La psychanalyste Claude Halmos définit l’autorité comme le sentiment de légitimité que l’on a par rapport à ce que l’on demande. Il s’agit d’être convaincu de ce que l’on dit. Ce n’est pas inné, cela s’apprend ! Ne remettez jamais en question votre légitimité de parent : demandez de l’aide à un professionnel si vous vous sentez dépassé.

La parentalité positive éclairée est à la fois respectueuse des besoins des enfants et des parents. Alors, commencez par vous montrer bienveillant envers vous-même !

 

Vous souhaitez avancer sur le chemin de la l’éducation bienveillante ? Voici des ressources pour vous éclairer. Pour commencer, vous pouvez consulter des capsules vidéos, conférences et podcasts gratuits d’Isabelle Filliozat et de Catherine Gueguen, pédiatre spécialisée dans le soutien aux parents.

Vous pouvez aussi consulter leurs ouvrages de référence.

  • Il n’y a pas de parent parfait. Apprenez à vous détacher des schémas familiaux révolus, Isabelle Filliozat, éditions Marabout
  • Au cœur des émotions de l’enfant. Que faire devant les larmes ? Comment réagir face aux paniques ?, Isabelle Filliozat, éditions Marabout
  • Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Catherine Gueguen, éditions Robert Laffont

Et n’oubliez pas : commencez par prendre soin de vous pour pouvoir prendre soin de votre enfant. Être parent est une responsabilité parfois épuisante, alors n’hésitez pas à demander de l’aide !

Article rédigé par Alexia Fragnière, au cours de la formation en rédaction web SEO chez Formation Rédaction Web.