Wes Anderson est un réalisateur américain connu pour ses mises en scène originales et son esthétique surréaliste. Né au Texas, il fait des études de philosophie, puis réalise son premier film Bottle Rocket, en 1996. Neuf autres sont sortis depuis et il a su, avec le temps, conquérir de nombreux fans. Salué par la critique, il décroche l’Oscar du meilleur scénario original pour The Grand Budapest Hotel, en 2015. Le réalisateur est aujourd’hui l’une des figures majeures du cinéma indépendant. Ses films sont décalés, leur sujet varie d’un projet à l’autre. Cependant, on retrouve certains éléments formels similaires dans chacun d’eux, que les spectateurs prennent plaisir à identifier. Non, le cinéma d’auteur n’est pas nécessairement synonyme de film ennuyeux ! La filmographie de ce metteur en scène en est la preuve. Elle est composée de longs-métrages de qualité tout en restant divertissante pour le public. Qu’est-ce qui définit vraiment le cinéma de Wes Anderson ? Lisez cet article afin de mieux comprendre pourquoi le cinéaste est tant aimé des cinéphiles.

Le cinéma de Wes Anderson : un style surréaliste

Un visuel reconnaissable

Vous passez une journée morose, et vous ne savez pas quel film regarder pour vous remonter le moral ? Choisissez un film de Wes Anderson et embarquez dans son univers surréaliste. Le cinéaste est connu pour son esthétique singulière où la couleur joue un rôle primordial. Adepte des tons pastels et des couleurs saturées, on les retrouve dans tous ses longs-métrages. En particulier sa couleur fétiche : le jaune qu’il utilise autant pour les costumes, les décors et la typographie. De quoi mettre du soleil dans vos journées 🙂

Le réalisateur vous emporte dans des mondes quelquefois artificiels, composés d’images vintages aux décors très élaborés. Les costumes, parfois absurdes, prêtent à sourire. C’est grâce au sens apporté aux détails que ses univers apparaissent crédibles et que le public peut se projeter dans l’histoire. Son esthétisme inspire un grand nombre d’artistes, je vous invite d’ailleurs à découvrir ce compte Instagram de style « andersonnien ».

Les thèmes abordés

Quels sont les thèmes de prédilection de Wes Anderson ? L’enfance, le passage à l’âge adulte ainsi que la famille, souvent dysfonctionnelle, sont des sujets importants dans son œuvre. Les films du cinéaste sont une invitation au voyage, entre onirisme et réalisme. Ses histoires sont empreintes d’une certaine nostalgie, et se déroulent dans un passé fictif, comme c’est le cas dans Moonrise Kingdom. L’histoire de ce film se situe de plus, sur une île inventée New Penzance, où nous assistons à la naissance d’un amour adolescent. Le développement des personnages est un enjeu essentiel pour le metteur en scène, son but étant de nous faire partager des moments significatifs de la vie des protagonistes.

Des personnages loufoques et hauts en couleur

Des protagonistes absurdes mais attachants

Les personnages des films de Wes Anderson sont souvent à l’origine de ses histoires. Les actions de ces anti-héros marginaux entraînent une suite de péripéties et un certain chaos qu’ils résoudront au cours du film.
L’identité des personnages est marquée par l’association à un vêtement. Parfois celui-ci n’a pas de lien direct avec leur fonction. Par exemple, dans La famille Tenenbaum, Chas porte continuellement un survêtement rouge alors qu’il travaille dans la finance et Eli, écrivain, garde toujours son chapeau de cow-boy et sa veste à franges. Une couleur est parfois assimilée aux costumes des protagonistes, comme l’uniforme violet du lobby-boy dans The Grand Budapest Hotel.

Ces associations dissonantes ont un but comique et contribuent, avec les dialogues, à créer des univers absurdes. Le comportement et les habits des personnages suscitent parfois le rire, mais ces derniers restent néanmoins émouvants. Et si le monde dans lequel ils évoluent est surréaliste, les émotions qui les traversent, elles, sont bien réelles.

« Je pense qu’aucun d’entre nous n’est une personne normale ». Wes Anderson

Des acteurs prestigieux

Ces personnages loufoques sont sublimés par un casting 5 étoiles. Wes Anderson a pris l’habitude de travailler avec des acteurs qu’on retrouve dans plusieurs de ses films. Parmi ses fidèles il y a Bill Murray, Anjelica Huston, Owen Wilson, Jason Schwartzman, etc. Le cinéaste aime le travail d’équipe et inclut les comédiens dans son processus artistique. Il a d’ailleurs co-écrit plusieurs scénarios avec Owen Wilson. Depuis le tournage d’À bord du Darjeeling Limited, équipe technique et artistes séjournent dans le même hôtel et dînent ensemble. Le réalisateur s’est construit une famille de cinéma et lorsqu’on va voir un de ses films, c’est aussi pour son casting exceptionnel !

Les procédés cinématographiques

Le cinéma d’animation

Wes Anderson a tourné deux films d’animation en stop motion : Fantastic Mr. Fox et L’île aux chiens. C’est un procédé qui consiste à photographier image par image des figurines façonnées à la main. Chaque animateur travaille sur une figurine ou un plan et insuffle une part de sa personnalité aux scènes.

La vidéo ci-dessous dévoile les coulisses de L’île aux chiens et vous donnera une idée plus précise de sa fabrication.

(crédit vidéo : chaîne Youtube de 20th Century Studios FR)

Le réalisateur introduit aussi des séquences animées dans ses films en prise de vue réelle. Dans La Vie Aquatique, il choisit l’animation pour représenter les fonds marins et les dauphins albinos de Bill Murray. Le cinéaste fait également appel, pour The French Dispatch, au studio français Werlen Meyer et crée une séquence s’inspirant de la BD, un clin d’œil au style graphique d’Hergé.

Des mises en scène originales

La fantaisie du metteur en scène se retrouve dans ses diverses formes visuelles. Hormis l’animation, il y a une certaine théâtralité dans la composition des scènes. Que ce soit avec des décors ressemblant à des maquettes de maisons de poupées ou par les nombreux plans symétriques, Wes Anderson crée une immersion totale dans ses mondes imaginaires.

Il utilise des cadrages différents selon l’effet désiré. Avec sa caméra, il dynamise les scènes en faisant des whip pans burlesques. Les dialogues sont souvent filmés en champ-contrechamp rythmés par un ping pong verbal, donnant un aspect comique. Le cinéaste fait également de longs travellings permettant de suivre l’évolution du protagoniste dans l’espace ou d’en présenter plusieurs successivement. Et le slow motion, souvent en musique, sert à accentuer les émotions ressenties par les personnages.

Pour rendre ces procédés plus concrets, regardez cette vidéo de Robert D. Yeoman, directeur de la photographie.

(crédit vidéo : chaîne Youtube de CookeOpticsTV )

La musique : pièce maîtresse des films

Les différentes utilisations de la musique

Le cinéaste est accompagné par le superviseur musical, Randall Poster, sur tous ses films. La musique occupe une grande place dans sa filmographie. Elle est parfois choisie avant même le début du tournage et communiquée aux acteurs, afin qu’ils puissent s’imprégner d’elle et l’utiliser dans leur jeu. La musique est aussi présente visuellement. Les personnages l’écoutent avec un Walkman, un iPod ou sur un tourne disque. Elle est jouée également en live, comme dans La Vie Aquatique, où Seu Jorge interprète plusieurs titres de David Bowie en portugais.

(crédit vidéo : chaîne Youtube de helyeahz)

Wes Anderson donne un rôle dramaturgique à la musique. Elle sert à faire avancer l’histoire et renforce l’intensité émotionnelle d’une scène. Ou bien elle peut entrer en dissonance avec l’action et marquer l’absurdité d’une situation. Quant au genre musical, il y en a pour tous les goûts ! Du rock avec les Rolling Stones ou les Beatles, du classique avec Ravel comme dans la scène d’ouverture de La Famille Tenenbaum. Mais vous trouverez également de la variété française.

Collaboration avec Alexandre Desplat et influence de la culture française

Le réalisateur commence à travailler avec le compositeur français sur Fantastic Mr. Fox. Ce dernier a participé à tous ses longs-métrages depuis, et a remporté l’Oscar de la meilleure musique pour The Grand Budapest Hotel, en 2015. Wes Anderson est passionné par la culture française. Les 400 Coups de Truffaut a beaucoup influencé sa culture cinématographique. En 2007, il tourne à Paris un court-métrage Hôtel Chevalier avec Natalie Portman et Jason Schwartzman, que vous pouvez regarder gratuitement ici. Sans oublier The French Dispatch tourné à Angoulême qui est un hommage au New Yorker et au cinéma français. Cette influence se traduit bien sûr en musique. Vous pouvez ainsi entendre Joe Dassin, Christophe ou encore Françoise Hardy.

 

Wes Anderson est un cinéaste imaginatif, qui pour créer ses univers surréalistes utilise des procédés techniques différents et fait des mises en scène originales. Le travail soigné des couleurs, décors et costumes constitue sa signature visuelle. Ses personnages drôles et excentriques nous font rire et nous émeuvent. Quant au choix de ses musiques de film, il ne finit pas de nous surprendre. Si vous souhaitez voyager en train à travers l’Inde, naviguer dans un sous-marin jaune ou découvrir des êtres atypiques, alors le cinéma de Wes Anderson est fait pour vous !

Vous pouvez (re)voir ses longs-métrages sur les plateformes de streaming ou bien en DVD, y compris le dernier The French Dispatch. Vous n’aurez pas longtemps à attendre avant de découvrir ses nouveaux films, puisque les tournages sont déjà finis ! Asteroid City se déroule dans les années 50, des passionnés d’étoiles se retrouvent dans un désert américain fictif pour la convention “Junior Stargazer”. Tourné en Espagne avec un casting prestigieux, vous pourrez notamment y voir Steve Carell, Tom Hanks, Scarlett Johansson ou encore Adrien Brody. Le réalisateur prépare également un projet d’adaptation du roman de Roald Dahl pour Netflix, qui s’intitule The Wonderful Story of Henry Sugar. Le rôle-titre est tenu par Benedict Cumberbatch. Nous ne connaissons pas encore les dates de sorties officielles mais vous pouvez cliquer ici pour plus d’informations.

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Pauline Gallien, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Thibaut, tuteur de formation chez FRW

Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=jZCMIMI4wzI&list=WL&index=102&t=433s
https://www.studiobinder.com/blog/wes-anderson-style/
https://www.youtube.com/watch?v=Vnf-XL7ig2k&list=WL&index=226.
https://www.youtube.com/watch?v=fkqKALOSbLg&list=WL&index=225.