Les musiques africaines sont au cœur des tendances sur les réseaux sociaux. Elles ont un réel impact dans l’industrie musicale. Néanmoins, elles sont toutes liées à une forte identité culturelle portée par les ancêtres depuis toujours. Burna boy ou Rema font partie de ces talents qui ont transformé les traditions en hits planétaires. Ils cassent les codes populaires de la radio, en s’inspirant de la richesse culturelle du continent africain. Comment y sont-ils parvenus et pourquoi les musiques issues de l’Afrique sont-elles de plus en plus populaires ? Faisons le point sur l’influence des musiques africaines dans le monde aujourd’hui.

L’impact actuel des traditions et des mélodies africaines ancestrales

Depuis la nuit des temps, la musique en Afrique est un moyen de faire perdurer les différentes traditions ethniques. Puisqu’elle véhicule des messages importants, notamment lors d’événements historiques tels que les batailles, les naissances royales ou encore l’esclavage. Vous trouverez de la musique aux quatre coins du continent, bien qu’elle soit composée dans différentes langues avec une multitude d’instruments.

Le pouvoir de la musique dans les sociétés africaines subsahariennes : traditions et coutumes

Tandis que la musique est aujourd’hui plus visible dans le milieu du divertissement, il est vrai qu‘à l’origine elle est utilisée lors de cérémonies traditionnelles. En effet, elle a pour but de célébrer et d’informer les populations. Parfois, elle est utilisée comme remède et c’est scientifiquement prouvé !

Transmission générationnelle

Au Mali, en Afrique de l’Ouest, les personnes chargées des chants folkloriques s’appellent les « Griots, Griottes ». C’est une mission ancestrale de conteurs ambulants qui est transmise de parents à enfants. Autrement dit, « on ne devient pas griot, on naît griot ». Les Griots et Griottes interprètent, d’une voix percutante, les peines et les joies des histoires passées.

Des femmes comme Oumou Sangaré ou Fatou Diawara l’ont bien compris : deux héritières des traditions de Griots, qui transmettent leur savoir-faire différemment. Dans certains morceaux, elles mélangent les rythmiques maliennes aux codes « pop » actuels. Des partis pris qui permettent aux générations futures d’explorer de nouveaux horizons. Ces artistes conquièrent le cœur non seulement des leurs, mais aussi du reste du monde. Ainsi, le chant des Griots traverse les frontières et s’invite dans des titres House plus connus en Europe.

La musique comme un message puissant

D’autres artistes comme le grand Fela Kuti, surnommé The Black President, ont incarné l’identité d’un mouvement musical légendaire made in Nigeria. Face aux crises politiques dont la population nigériane a été victime, Fela chante la corruption et les divagations douteuses du gouvernement en place. Il s’inspire de la « musique noire américaine » : soul, jazz et funk et ajoute les rythmes traditionnels Yoruba (ethnie nigériane) qui donneront naissance à l’Afrobeat. Panafricaniste et fervent défenseur des valeurs culturelles, il fait partie des personnalités musicales africaines incontournables.

Le rôle identitaire fort de la musique dans les communautés africaines et afro-descendantes

À cause des ravages de la colonisation et d’une crise identitaire, les « enfants de la diaspora » (enfants de parents immigrés) se « réapproprient » les musiques africaines, car elles sont peu ou pas représentées médiatiquement en Occident.

Les enfants de la diaspora se tournent vers l’Afrique

Nombreux sont les artistes qui regardent en direction de l’Afrique à la recherche d’inspiration musicale. Aya Nakamura, née au Mali mais grandit en France, est descendante d’une lignée de griots du côté maternel. Dans sa musique, Aya, mêle jargon populaire français à des mots d’un des dialectes maliens. Une musique jamais entendue auparavant qui révolutionne tant le paysage musical français que malien. Si bien qu’aujourd’hui c’est l’artiste francophone la plus écoutée au monde. En marchant sur les pas de ses aïeux, elle touche des millions de personnes, et même Rihanna !

Une identité musicale en dehors du continent

Lors de l’esclavage, les traditions et coutumes ont été embarquées avec les personnes déportées. C’était un moyen de maintenir l’identité culturelle en vie et une forme de résistance. De ce fait, la musique africaine a toujours survécu comme un héritage culturel, en se réinventant à chaque fois à travers différents peuples géographiquement éloignés. Platon disait :

« Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique. »

Une citation qui prend tout son sens avec les musiques africaines.

L’influence des musiques africaines dans le monde : mondialisation de nouveaux styles

Bien que, « musique africaine » signifie : musique issue du continent africain, cela reste un terme générique. Souvent utilisée par les institutions musicales généralistes, cette expression englobe 54 pays et environ 2 000 langues. Or, le Ndombolo congolais ne ressemble en rien à la Tina bissau-guinéenne et le Bikutsi camerounais n’a rien à voir avec le Kwaito sud-africain. Dans ce cas, l’emploi du pluriel est primordial, car cela accentue la variété musicale de l’Afrique.

La diversité des musiques africaines : d’hier à aujourd’hui

Avec toute cette diversité ethnique, la création de nouveaux styles n’est pas anodine. Les rythmes, les paroles et les sensibilités traditionnelles fluctuent et évoluent. Mais une chose est sûre : l’authenticité perdure.

Les styles musicaux africains actuels et mainstreams : l’exemple de l’Afrobeats

L’Afrobeat de Fela Kuti a été une source d’inspiration pour les générations suivantes. L’Afrobeats (avec un S) côtoie la pop dans les Top Charts US. Dans certains pays, le genre dépasse presque le rap et semble avoir un avenir brillant. Comme son prédécesseur, l’Afrobeats se veut tout aussi militant. Cependant, il est plus entraînant et s’inspire de genres plus en vogue comme : le Hip-hop, le Dancehall ou le R’n’b. Toujours est-il, que l’essence de l’Afrobeat est bien audible à travers les instruments traditionnels nigérians.

Fusion des nouveaux styles musicaux

Depuis lors, d’autres styles sont apparus : Afrofusion, Afroswing, Afrotrap, Afrohouse, Afrosoul, etc. Ils ont pour point commun des instruments ou sonorités africaines comme des percussions bien présentes. Ces sons novateurs sont revendiqués par de jeunes artistes africains ou afro-descendants. C’est une musique mondialisée qui n’a plus vraiment de frontière et dont les codes sont actuellement brouillés par les nombreuses fusions.

Les hits qui ont révolutionné la musique du continent

Comment évoquer l’influence des musiques africaines dans le monde moderne, sans parler des quelques artistes qui ont contribué à l’évolution de celle-ci ? Plusieurs d’entre eux ont transformé leur musique en monument historique national, permettant à la « relève » d’être plus visible et prise au sérieux mondialement.

Artistes africains et africaines connus

« Saguquga sathi bega nantsi Pata Pata », cette phrase ne vous dit peut être rien… Pourtant, il s’agit d’un des refrains les plus connus au monde de la chanson Pata Pata de Miriam Makeba. Celle qu’on appelait la « Mama Africa » a fait rayonner la musique sud-africaine à travers le globe. Son engagement artistique et politique lui a valu plusieurs prix et une reconnaissance nationale au même titre que Nelson Mandela.

Magic System, le groupe ivoirien superstar, a fait voyager le Zouglou en dehors des frontières de la Côte d’Ivoire. Le single 1er Gaou, sorti en 2000, cumule encore des millions de streams sur toutes les plateformes. Il est aussi considéré comme l’un des « hymnes » africains auprès des jeunes générations africaines et afro-descendantes.

Césaria Évora, « la diva aux pieds nus » a placé le Cap-Vert sur la carte musicale mondiale. Du fait de sa voix enrobée de nostalgie et de lutte continue pour la liberté de son peuple, elle a séduit la planète, notamment avec son titre phare Sodade. Un morceau de Morna capverdienne, dont la mélodie a parcouru les continents.

Youssou N’Dour, un des précurseurs du Mbalax sénégalais, a laissé son empreinte dans la World Music. Gagnant de divers prix internationaux, il interprète 7 seconds aux côtés de Neneh Cherry, un morceau qui va non seulement faire basculer sa carrière, mais aussi celle des autres artistes africains.

Les musiques africaines dans les tendances TikTok

À l’heure où la musique est au cœur des tendances sur les réseaux sociaux, les Africains et afro-descendants veulent mettre en lumière ce qui a longtemps été méprisé et négligé. Les challenges et les musiques se propagent extrêmement vite sur TikTok, jusqu’à catapulter les artistes africains au rang de stars planétaires.

En effet, Burna Boy, Wizkid ou Rema occupent les premières places sur les plateformes de streaming pendant des semaines durant. Après le succès du tube Calm Down sur TikTok, Rema a fait un remix aux côtés de la superstar américaine, Selena Gomez. Par conséquent, la collaboration engendre 1 milliard de streams sur Spotify et remporte le prix VMA’s Afrobeats de MTV. Un exploit admirable en très peu de temps !

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Smartphone et les tendances TikTok. – Crédit : Pixbay

Par la suite, Billboard, symbole majeur de l’industrie musicale américaine, a créé un nouveau classement dédié à l’Afrobeats : Afrobeats Music Charts. Désormais, beaucoup de structures culturelles de grande envergure y voient un potentiel qui ne cesse de s’accroître. Loin d’être une victoire, cet événement a tout de même laissé une empreinte indélébile des musiques africaines dans la culture populaire moderne.

En somme, la musique unit et inspire les peuples africains depuis des siècles. Que ce soit à travers les rituels, cérémonies traditionnelles ou pour se divertir, elles sont l’un des piliers culturels du continent. L’influence des musiques africaines dans le monde moderne est intemporelle et en perpétuelle évolution. Le répertoire semble infini et porte une histoire profondément ancrée dans chacun des pays de l’Afrique.

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Daniela Da Fonseca Gomes Nazaré, pour E-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW

Sources