En appelant au boycott du mythique Ultra-Trail du Mont-Blanc en janvier 2024, le traileur espagnol Kilian Jornet a mis en lumière le paradoxe dont souffre le trail comme d’autres sports de plein air. D’un côté, les adeptes de ces courses à pied en milieu naturel revendiquent leur volonté de renouer avec la nature et de la protéger. Ils subissent d’ailleurs les effets du réchauffement climatique qui fragilise leur terrain de jeu : affaissement des sentiers, éboulements rocheux, transformation des paysages. D’un autre côté, la massification de ce sport et la multiplication des compétitions autour du globe ont un impact négatif sur l’environnement fragile dans lequel il se pratique et en interrogent la durabilité.
Vous aussi vous souhaitez courir en pleine nature sans nuire à la planète ? Voici six conseils pour pratiquer le trail de manière écoresponsable !
1. Planifier ses séances d’entraînement près de chez soi
En 2022, après avoir renoncé aux championnats du monde en Thaïlande pour raison écologique, le traileur Andy Symonds avait révélé que 33 % de ses émissions de gaz à effet de serre étaient liées aux transports, notamment pour se rendre sur les lieux de compétition.
Un bon moyen de réduire son empreinte carbone de traileur est donc de courir près de chez soi : dans les parcs urbains, la campagne alentour ou les bords d’un fleuve. Vous pouvez même songer à découvrir l’urban trail pour vos séances d’entraînement : cette nouvelle discipline adapte le trail en milieu urbain.
Pensez aussi à intégrer dans votre planification d’entraînement la distance nécessaire pour vous rendre sur votre sentier favori. Vous profiterez ainsi du bonheur de commencer votre séance au seuil de votre porte !
Si toutefois la nature vous appelait loin de chez vous, optez pour des transports bas carbone. Exit donc la voiture individuelle, choisissez plutôt :
- les transports en commun pour sortir de la ville ;
- le covoiturage avec les membres de votre club ;
- l’auto-stop ;
- le vélo, qui constitue un échauffement idéal avant votre séance.
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2. Appliquer le principe « leave no trace » pour pratiquer le trail de manière écoresponsable
C’est un principe applicable à tout pratiquant de sport outdoor : ne laisser aucune trace de son passage dans la nature. Le principal geste à adopter est de ramasser vos déchets : tout ce que vous apportez pour la course doit repartir avec vous (oui oui, même ceux qui sont biodégradables) !
Pour réduire encore un peu plus l’impact de vos déchets, voici d’autres conseils à appliquer :
- Limitez le plastique de vos encas énergétiques et optez pour des produits bio dans des emballages écoresponsables. Mieux encore, pourquoi ne pas confectionner vous-même vos barres énergétiques ? Internet regorge de recettes (saines en plus !), qui vous permettront de réduire vos déchets en cuisine.
- Utilisez des récipients réutilisables pour stocker vos encas et oubliez les bouteilles en plastique.
- Pratiquez activement le plogging lors de vos entraînements : ramassez tous les déchets que vous verrez sur le chemin.
3. Opter pour un équipement de course à pied durable
En 2022, Andy Symonds avait calculé que son matériel représentait un tiers de son empreinte de traileur. Bien que ce sport nécessite un équipement restreint, la majorité des coureurs consomme entre 200 et 600 euros par an de matériel, ce qui n’est pas sans conséquence pour la planète. Pourtant, là encore, des leviers d’action existent pour pratiquer le trail de manière écoresponsable.
Prendre le temps de la réflexion avant l’achat
Interrogez-vous sur votre besoin réel. L’impact écologique des équipements sportifs provient avant tout de la surproduction et de la surconsommation. Évitez donc les achats compulsifs : le simple fait d’attendre quelques jours avant d’acheter du matériel qui vous fait envie suffira parfois à vous en détourner !
Louer plutôt qu’acheter
Considérez ensuite l’utilisation que vous allez faire de votre matériel, car des solutions alternatives à l’achat existent. Si vous n’envisagez qu’un usage ponctuel, voyez si vous ne pouvez pas louer l’équipement dont vous avez besoin. Il est tout à fait envisageable d’emprunter une paire de bâtons ou une lampe frontale le temps d’une course.
Privilégier l’achat de matériel d’occasion
Pour une utilisation plus régulière, explorez le marché de la seconde main. De plus en plus de sites spécialisés dans le matériel outdoor d’occasion ont vu le jour comme Everide ou Barooders. Et il y a souvent de très bonnes affaires à saisir !
Préférer des marques éthiques et écoresponsables
Soyez enfin attentif à la composition et au mode de production de votre équipement. Pour un vêtement écoresponsable, vous pouvez par exemple vérifier si :
- Le produit est conçu en matière naturelle ou recyclée.
- Le produit est sourcé et fabriqué ou confectionné en Europe.
- La marque reverse une partie de ses bénéfices à des associations de protection de l’environnement.
- La marque propose un service de réparation ou de location.
Certains labels indépendants comme Bluesign ou Gots peuvent vous aider à repérer les vêtements écologiques, équitables et respectueux de la santé.
4. Privilégier les compétitions de trail qui limitent leur impact sur l’environnement
Le monde du trail a pris conscience de la nécessité de limiter l’impact des courses sur l’environnement dans lequel elles se déroulent. Beaucoup de compétitions ont d’ailleurs fait d’importants efforts en ce sens.
Lorsque vous envisagez de participer à une course, soyez attentif à la mise en place des mesures suivantes par les organisateurs :
- Utilisation d’un balisage respectueux de l’environnement.
- Suppression des gobelets en plastique ou en carton : les coureurs doivent venir avec leur propre récipient réutilisable.
- Sensibilisation des coureurs au ramassage des déchets et équipe en charge de s’assurer de la propreté des sentiers après la course.
- Suppression des goodies : t-shirt finisher éco-conçu et réservé aux participants l’ayant expressément demandé avant le début de la compétition.
- Ravitaillement solide en vrac et local, pas de produits suremballés.
- Financement de la réhabilitation d’écosystèmes ou de la réfection de sentiers de randonnée à travers des partenariats ou des dons.
Le point noir des compétitions reste cependant la question des transports pour la venue des coureurs, mais aussi du public. Essayez autant que possible de privilégier les courses locales qui adoptent des mesures concrètes pour réduire l’impact du transport des traileurs, telles que :
- Limitation du nombre de participants.
- Mise en place de navettes amenant les coureurs sur la ligne de départ.
- Création d’une plateforme de covoiturage en ligne pour permettre aux coureurs d’organiser leur venue entre eux.
- Octroi d’un avantage financier ou sportif aux participants se rendant sur le lieu de la course en transports bas carbone.
Vous pouvez aussi chercher sur le site de l’événement le badge « mobilité douce » délivré par la Trail Runner Foundation, qui atteste des bonnes mesures prises en ce sens par les organisateurs.
5. Éviter de nuire à la faune et à la flore lors de ses courses en pleine nature
C’est l’un des paradoxes des sports outdoor qu’avait révélé une étude menée auprès de skieurs de randonnée. Si la plupart des adeptes de sports de plein air ont conscience que leur activité peut troubler la faune, seule une minorité estime avoir personnellement dérangé un animal. Pourtant, la perturbation de la faune et de la flore est une réalité à laquelle le trail n’échappe pas avec l’augmentation du nombre de pratiquants ces dernières années.
Voici donc quelques règles utiles pour partager votre terrain de jeu avec les autres espèces :
- Restez sur les sentiers balisés et les surfaces durables comme les dalles rocheuses pour ne pas écraser des plantes fragiles.
- Respectez les zones naturelles sensibles, et renseignez-vous sur leur existence en amont de votre entraînement.
- Soyez le plus silencieux possible, tenez-vous à distance des animaux sauvages et ne les nourrissez pas.
- Évitez les sentiers ultra-fréquentés, notamment par les randonneurs, pour limiter le stress de la faune alentour.
6. Prolonger la vie de son matériel de trail au maximum
Un bon moyen de pratiquer le trail de manière écoresponsable est évidemment de prendre soin de son matériel afin d’en prolonger l’usage !
Mais pour un comportement encore plus écoresponsable, vous pouvez aussi choisir de moins laver vos vêtements de course à pied ! Ils sont, en effet, souvent composés de microplastiques que le lavage libère dans l’eau. Sans compter que les appareils électroménagers consomment beaucoup d’énergie. Choisissez donc des tenues confectionnées dans des matières naturelles qui évacuent la transpiration, comme la laine mérinos par exemple. Vous pourrez alors les porter plusieurs fois avant d’être gêné par les odeurs !
Prenez également le réflexe de réparer votre équipement abîmé. Pour chaque petit accroc, vous trouverez facilement des tutos en ligne qui vous aideront à effectuer les raccommodages nécessaires.
Si vous deviez toutefois vous séparer de votre équipement de trail, étudiez ces solutions avant de simplement le jeter à la poubelle :
- Le revendre sur un site d’occasion s’il est encore de bonne qualité.
- En faire don à une association.
- Le recycler en l’envoyant à des entreprises spécialisées dans le recyclage des produits outdoor et de running comme RunCollect.
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À l’heure où ses champions questionnent l’impact environnemental des grandes compétitions, chaque amateur de trail est invité à interroger la durabilité de sa pratique. La popularité grandissante de ce sport et son évolution au milieu d’écosystèmes fragiles sont, en effet, susceptibles d’engendrer un coût écologique non-négligeable. Cette mutation vers une pratique plus verte est d’autant plus nécessaire que le trail-running s’affirme comme une ressource économique et sociale importante pour les territoires. Il subit en outre les effets du réchauffement climatique : une étude de 2021 démontrait ainsi que la hausse des températures risquait de faire perdre plusieurs jours d’activité par an à ses adeptes.
Et vous, que mettez-vous en œuvre pour réduire votre impact de sportif ? Dites-le-nous en commentaire !
Guillaume Lambert, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
https://www.mountain-riders.org/app/uploads/2022/12/A5_Eco-Guide_2022_HR_compressed-1.pdf