Aujourd’hui, le secteur du sport professionnel semble totalement déconnecté des enjeux environnementaux de notre siècle : organisation de compétitions dans le désert, construction de stades à usage unique, déplacements courts en jet privé…Tous les sports ? Non ! Une troupe d’irréductibles amoureux de l’océan révolutionnent le monde de la voile pour le bien de notre planète. Plusieurs bateaux écoconçus ont relevé le défi de la Route du Rhum 2022. Les passionnés de navigation à la fibre écologique peuvent enfin se réjouir !
We Explore, le bateau en lin à l’assaut de l’océan Atlantique
Pour cette nouvelle traversée entre Saint-Malo (Bretagne) et Point-à-Pitre (Guadeloupe), 36 bateaux ont été construits. D’après E6-consulting, la fabrication d’un voilier émet approximativement 25 tonnes de CO2, soit la même quantité de gaz à effet de serre dégagée par un Français pendant deux ans et demi. 90 % de cet impact provient des matières premières, principalement des résines et des fibres de verre. Celles-ci sont choisies pour bâtir des vaisseaux toujours plus légers et rapides… au détriment de l’environnement !
L’utilisation de matériaux alternatifs est l’une des clés pour obtenir des navires plus durables. Et cela, Roland Jourdain l’a bien compris ! Le skipper, double vainqueur de la course en 2006 et 2010, a pris le départ sur une embarcation en lin. Conçu par son bureau d’étude Kaïros, We Explore contient une grande part de composants biosourcés. En plus d’être 5 à 10 fois moins énergivores que la fibre de verre, ils offrent l’avantage de stocker du CO2. La plante est présente dans le pont, les voiles et les planchers. Au total, le vaisseau est constitué de près d’un hectare de lin, le tout cultivé à proximité : en Normandie.
Réemploi et énergies renouvelables : d’autres stratégies pour des bateaux plus verts
Pour aller encore plus loin dans cette démarche d’écoconception, Kaïros a aussi cherché à réduire l’utilisation de matières premières vierges. Les dérives et les composants en carbone de We Explore sont issus du réemploi. Roland Jourdain n’est pas le seul à expérimenter pour l’environnement. Le bateau de Marc Guillemot est, quant à lui, constitué à 97 % de pièces de seconde main. Un bel exemple d’upcycling ! Avec une grand-voile bardée de capteurs photovoltaïques, le skipper tâche aussi de se rapprocher de l’autonomie énergétique. De son côté, Keni Piperol joue la carte du zéro déchet. Il s’est élancé dans la course avec un trimaran recyclable à 100 %. Les matériaux ont été conçus de manière à pouvoir être séparés facilement pour pouvoir servir à fabriquer d’autres accessoires.
Avec ces nouvelles techniques, les skippers nous prouvent qu’il est possible de naviguer plus « proprement ». Et cela fonctionne ! Roland Jourdain et Marc Guillemot ont respectivement terminé second et troisième de la catégorie Rhum Multi. La révolution environnementale de la voile ne fait que commencer : l’année 2023 sera riche en régates. Surveillez de près les bateaux, d’autres inventions audacieuses seront sans doute au rendez-vous !
Marie Darul, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Crédit de la photo : Martin Viezzer, avec l’aimable autorisation de Explore.
Sources :
E6-consulting – Impact environnemental d’un bateau de la route du Rhum (décembre 2022)
Explore – Le Projet WE EXPLORE (décembre 2022)
Kaïros – Kaïros environnement (décembre 2022)
Route du Rhum – Classement (décembre 2022)