Il est possible de recycler les cheveux afin de lutter contre la pollution des eaux de la planète : idée farfelue ou véritable solution ? Certains professionnels de la coiffure se sont posé la question et ont décidé de sauver les océans avec des cheveux. Une démarche écologique envisageable grâce aux extraordinaires propriétés de nos « tifs » et à un réseau de coiffeurs engagés.

Cheveux : leurs super pouvoirs pour sauver les océans

Nos cheveux possèdent des propriétés qui en font des « super nettoyeurs ». Ils sont lipophiles : ils ont la capacité de retenir les substances grasses, dont les hydrocarbures. Grâce à leurs écailles, ils adsorbent (et pas absorbent !) les polluants, c’est-à-dire que les hydrocarbures se collent à leur surface. Ce qui est rendu possible par la structure de la fibre capillaire. Selon les recherches réalisées par la NASA en 1998, 1 g de cheveux retient environ 5 g d’huile. En 2018, une étude publiée dans le Journal of Environmental Management conclut que les boudins de cheveux récupéraient plus efficacement le pétrole que les systèmes en cellulose recyclée ou à base de sous-produits du coton. Ils restent toutefois moins efficaces que les barrages en polypropylène synthétique.

Autre avantage pour nos boudins capillaires, ils sont réutilisables 6 à 8 fois après être lavés. À la fin de leur cycle d’utilisation, ils sont réemployés comme isolant. La première fois que de telles barrières ont été employées, ce fut lors de la catastrophe de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon en 2010. 800 000 litres de bitume liquide s’étaient échappés des puits de forage situés dans le golfe du Mexique. Les cheveux ont permis de nettoyer une partie de la contamination. Vous ne vous en doutiez peut-être pas, mais notre chevelure est une vraie alliée antipollution !

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Coiffeurs et citoyens : à vos marques, prêts, coupez !

Chaque jour, les coiffeurs jettent à la poubelle des tonnes de cheveux. L’idée de les valoriser pour dépolluer les océans ne date pas d’hier. C’est en 1989, année de la marée noire de l’Exxon Valdez, qu’un coiffeur de l’Alabama y a pensé : Phil Mc Crocy. En France, c’est Thierry Gras, conscient de son impact sur l’environnement, qui a créé l’association Coiffeurs justes : un réseau de professionnels de la coiffure engagés dans la filière de recyclage. La start-up Capillum a aussi rejoint le mouvement et propose de transformer nos cheveux coupés en véritable ressource.

En effet, c’est une matière facile à recueillir : suite à une coupe, ils sont déjà propres et triés, il n’y a plus qu’à les ramasser sur le sol. Ensuite, ils sont placés dans des sacs de collecte. Sachez qu’un salon de coiffure va mettre environ un mois pour remplir un sac de 2 kg. Bonne nouvelle, tous les types de cheveux peuvent être récoltés : naturels, colorés, décolorés, frisés, lisses… Cependant, si vous coupez une longueur de chevelure importante, pensez au don à une association qui réalise des perruques pour les personnes atteintes d’alopécie (Fake hair don’t care ou Solidhair, par exemple). Un rendez-vous pour entretenir votre crinière qui se transforme en acte écocitoyen, c’est un geste fort pour l’avenir des écosystèmes marins !

Une simple coupe peut avoir un impact écologique réel. Si votre coiffeur ne participe pas encore à cette bonne action, n’hésitez pas à lui parler de l’initiative de ses collègues engagés pour la planète !

Sources  :
Des cheveux pour lutter contre les déversements de pétrole? Vrai | Scientifique en chef
Coiffeurs Justes
Capillum

Koraline Joubert, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW.