Se vêtir à son goût et de façon respectueuse de la planète, est-ce possible ? La presse clame haut et fort les impacts négatifs de la mode à bas prix. Alors, quelles alternatives s’offrent à nous ? Découvrez pourquoi l’upcycling des vêtements, qui consiste à métamorphoser nos fripes usagées, est une solution concrète aux ravages de la fast fashion.
1- Comprendre ce qu’est l’upcycling des vêtements, un concept intemporel
S’habiller est un mode de vie – Yves Saint Laurent
Depuis que le tissage existe, les humains ont raccommodé leurs étoffes. Des techniques anciennes comme le boro, sorte de patchwork japonais, en attestent. Au milieu des années 90, Reiner Pilz, un architecte d’intérieur allemand, invente le terme upcycling (« surcyclage »). Il signifie « recycler par le haut ». On transforme un produit inutilisé en un nouvel article, ce qui augmente sa valeur. Rappelez-vous la scène culte du film Autant en emporte le vent, où Mama confectionne une robe à Scarlett à partir de rideaux en velours vert. Aujourd’hui, on sublime les manches d’un pull en cachemire troué en mitaines douces et chaudes. Des couturiers amateurs aux modélistes sortis des écoles de stylisme, surcycler s’intègre dans les habitudes.
À la différence du recyclage des tissus, upcycler ne détruit pas la matière. Quand on recycle, on récupère les fibres par des processus chimiques. C’est ce que Reiner Pilz nomme downcycling. De nouveaux matériaux sont alors construits : isolants, briques de construction…
Ces pratiques convergent vers le zéro déchet. Pourtant, elles ne concernent pas plus de 1 % des textiles usinés. Après tout, pourquoi ne pas nous satisfaire des possibilités d’achat à bas coûts, et changer notre garde-robe à volonté ? Vous l’aurez deviné, il s’agit avant tout d’une préoccupation écologique et économique.
2- Agir à contre-courant de la surconsommation vestimentaire, ça a du sens !
Au cours des années 80, le marché mondial de l’habillement s’est emballé. La consommation a doublé entre 2000 et 2014 : plus de 100 milliards d’unités sont vendues chaque année ! Nous sommes entrés dans l’ère de la fast fashion. Elle repose sur des ouvriers exploités, qui besognent dans des conditions indignes pour des salaires dérisoires, comme au Bangladesh.
Sans surprise, cette cadence effrénée nuit aux écosystèmes. La production textile épuise les ressources en eau, notamment à cause de la culture du coton. Elle pollue l’eau en raison des pesticides, des microparticules rejetées par le polyester, ou encore des produits de lavage. Elle génère 2 % des émissions de gaz à effet de serre et utilise de l’énergie à toutes les étapes. Enfin, l’hyperconsommation engendre un énorme gaspillage. En France, 62 % des vêtements sont mis au rebut. Cependant, les habits sont de trop mauvaise qualité et ne peuvent être ni revendus ni réutilisés : les fibres et les couleurs ne tiennent pas.
👉En savoir plus avec l’infographie éclairante de l’Ademe.
Face à une industrie irresponsable, devenue un des secteurs les plus polluants, de plus en plus de créateurs et de consommateurs souhaitent opérer d’autres choix, à faible empreinte écologique. Comment passer à l’action ?
3- Découvrir le surcyclage du jean, un exemple pour toute la filière textile
Pour quelles raisons le fameux denim est-il emblématique ? Vous allez vite comprendre :
- un seul jean nécessite entre 7 000 et 10 000 L d’eau (soit 285 douches) ;
- il peut parcourir jusqu’à 65 000 km avant d’atterrir dans nos armoires, car les composants sont fabriqués en de multiples endroits du globe.
Prenant acte de ces constats, des stylistes innovants changent les codes. Ils s’impliquent au sein de réseaux d’économie circulaire. Ils collaborent avec des producteurs de tissus locaux, ce qui favorise les circuits courts et limite les transports. Les friperies solidaires n’ont plus de secret pour eux !
Collectivo est ainsi un studio collectif de mode écologique, qui crée des collections sans matière neuve. Des Levi’s sortent surcyclés de leurs ateliers, sous forme de pantalons à double ceinture ou de jupes.
D’autres marques illustrent cette volonté, telles que Bobo Paris, Atelier Regain ou encore Venitz.
Par leur action, elles sèment des petits cailloux pour nous emmener vers une slow fashion.
👉 À voir aussi : la slow fashion : le mouvement à adopter d’urgence pour consommer moins et mieux
4- Donner une seconde vie à ses vieux habits : idées DIY
Tenter l’aventure du renouvellement de vos placards vous démange, mais vous ne savez pas par où commencer ? Voici quelques idées à portée de mains.
- Customisation : sortez vos vieux vêtements inutilisés et imaginez-les avec un patch à appliquer, une broderie pour couvrir une partie abîmée.
- Détournement créatif : votre jean se révèle idéal pour coudre un tote bag solide. Internet regorge de tutos accessibles et d’articles pour apprendre à coudre.
- Teinture végétale : votre denim d’amour est un peu passé, redonnez-lui éclat et modernité avec une teinture ou appliquez des motifs grâce à la sérigraphie.
Vous n’êtes pas du tout manuel ? Des boutiques proposent des objets artisanaux upcyclés. Si vous êtes parisien, rendez-vous chez Rue Rangoli. On y trouve des pièces uniques confectionnées avec soin par des artisans, et réalisées à partir de matières collectées en friperie ou dans des stocks dormants.
Et si vous vous lanciez ?
Le surcyclage constitue une solution durable qui s’oppose à la logique du tout jetable et à l’accumulation de déchets. Plus qu’une tendance, il est une véritable option face à la surconsommation. Il n’est pas réservé aux professionnels. Chacun peut, à son échelle, intégrer cette démarche dans son vestiaire.
♻ Prêt à upcycler ? Partagez vos idées et inspirations en commentaire !
Laureline, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW
Sources :
Ademe : Le revers de mon look : quels impacts ont mes vêtements sur la planète ?
Ademe et Refashion : Carnet de vie d’un jean
CCI : l’upcycling, c’est quoi ?
Oxfam France : L’impact de la mode : drame social, sanitaire et environnemental
The Goog Goods : Le denim : quel est l’impact social et environnemental de nos jeans ?
20 minutes : Jean : comment les marques comptent s’y prendre pour en faire un vêtement écoresponsable