≪ Les femmes ne savent pas lire une carte, les femmes n’ont pas l’esprit logique. ≫ Quel préjugé choisiriez-vous pour allonger la liste ? Ils ne manquent pas. Pourtant, les femmes ne sont pas nulles en maths et plusieurs expériences le prouvent. Déconstruire les stéréotypes semble urgent à l’heure où la France cherche comment maintenir son niveau d’excellence dans cette discipline. Et si les femmes étaient l’avenir des mathématiques ?
1. Les femmes ne sont pas nulles en maths : des instances prestigieuses approuvent
Maryna Viazovska récompensée par la médaille Fields
Maryna Viazovska, chercheuse ukrainienne et enseignante à l’école polytechnique de Lausanne a élucidé le problème dit du ≪ marchand d’oranges ≫. ≪ Un problème de fruits et de shopping : n’importe quelle femme peut le résoudre ! ≫, affirmeront les esprits fermés.
Et pourtant, depuis le XVIe siècle, aucun savant n’a réussi à démontrer la symétrie quasi parfaite d’un empilement aussi compact et optimal de sphères qu’une pyramide d’oranges. En combinant plusieurs concepts issus de domaines de recherches différents, Maryna a trouvé la solution à ce problème dans des espaces à plus de 3 dimensions. Pour cet exploit, elle a reçu la médaille Fields, récompense la plus prestigieuse en mathématiques, équivalente au prix Nobel. Elle est la deuxième femme primée, parmi plus de 60 hommes, après la mathématicienne syrienne Maryam Mirzakhani en 2014.
Nalini Anantharaman nommée au Collège de France
En 2022, Nalini Anantharaman entre au collège de France en tant qu’enseignante-chercheuse. Elle devient titulaire de la chaire de géométrie spectrale. ≪ Les femmes sont naturellement douées en dessin ≫ diront certains. Pourtant la géométrie spectrale est une discipline où physique et géométrie se croisent. Elle traite de propagation des ondes, il est peu question de tracés. Pour Nalini, récompensée par le prix Henri Poincaré, les mathématiques sont une discipline vivante avec un grand rôle à jouer dans l’avenir des sciences. Les capacités d’analyse des femmes s’y épanouissent très bien lorsqu’il s’agit de transformer une intuition en démonstration.
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2. La rationalité virile est un mythe : sa déconstruction commence
Un préjugé enraciné
Le stéréotype selon lequel les femmes sont nulles en mathématiques remonte à l’Antiquité. Tous les préjugés opposant les qualités supposées féminines (douceur, émotion, passivité, etc.) à celles supposées masculines (force, rationalité, courage, etc.) sont ancrés dans la mémoire collective.
Pourtant, ce n’est pas une inaptitude innée dans les disciplines scientifiques qui cause l’absence des femmes dans ces domaines. Elle est, au contraire, la conséquence de la croyance en la prétendue supériorité des hommes lorsqu’il est question de chiffres et d’abstraction.
La menace du stéréotype
Depuis la fin du XXe siècle, des groupes de chercheurs aux États-Unis et en France ont mis au point des tests et expériences pour avancer sur ce sujet. Ils ont démontré que c’est le stéréotype lui-même qui réduit les performances des femmes en mathématiques. Cette théorie appelée ≪ menace du stéréotype ≫ montre que les prestations d’individus à compétences égales sont moins réussies lorsqu’ils sont influencés par un stéréotype.
Par exemple, des hommes blancs, compétents en mathématiques, accomplissent moins bien leur évaluation si on leur précise au départ que celle-ci a été très facile pour des hommes asiatiques. Sous la menace du stéréotype ≪ Les Asiatiques sont bons en maths ≫, la pression est plus grande et les compétences difficiles à mobiliser. Il en est ainsi pour les femmes depuis toujours.
Maryna Viazovska a grandi entourée de femmes chimistes. La mère de Nalini Anantharaman était une mathématicienne-chercheuse épanouie. Ni l’une ni l’autre n’ont pu croire et se sentir menacées par le stéréotype ≪ les femmes sont nulles en maths ≫. Le portrait de Katherine Johnson, brillante mathématicienne afro-américaine, sur le blog ≪ Celles qui Osent ≫ finira de vous convaincre.
Sophie Vasseur pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus en formation rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW
Sources :
https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/les-assises-des-mathematiques-demontrent-lurgence-de-la-situation
Conférence de 13 minutes, d’Isabelle Régner, enseignante-chercheuse en cognition et neurosciences sociales sur la menace du stéréotype.
