Vous avez certainement déjà entendu les noms de Bill Gates, Steve Jobs ou Mark Zuckerberg. Ces hommes de science ont transformé notre société grâce à leurs inventions technologiques. Maintenant si je vous parle de Margaret Hamilton, Ada Lovelace, ou de Mary Keller, vous me suivez encore ? Ces scientifiques ont également révolutionné le monde du numérique, mais n’ont pas bénéficié de la même notoriété que leurs collègues masculins. Mais alors, quelle était la place de ces femmes en informatique ? Où sont-elles ? Alors que le genre masculin est rattaché aux technologies de l’information et de la communication en ce début du XXIème siècle, vous allez découvrir que ce secteur n’a pas toujours été réservé qu’aux hommes

L’inégalité homme-femme dans le milieu scientifique

D’après une étude de l’Insee en 2017, les hommes représentent 77 % des salariés du numérique, en France. Ce pourcentage grimpe à 83 % dans les fonctions de la programmation et du développement informatique. Il atteint même 91 % dans celles liées aux infrastructures, réseaux et télécommunications.

Pourtant, les lycéennes ne sont pas non plus désintéressées des filières scientifiques. En 2019, 56,9 % des élèves ayant choisi le trio mathématiques, SVT et physique en première générale sont des filles. En terminal, ce chiffre chute à 36 % pour le combo mathématiques et physique. Il dégringole à 10 % pour celui des mathématiques et des sciences de l’ingénieur.

La disparition progressive des femmes dans le numérique n’épargne pas les choix d’orientations post-bac. Alors qu’elles représentent la moitié des effectifs dans l’enseignement supérieur, elles ne sont que 10 à 15 % dans l’ensemble des formations liées à l’informatique. Enfin, 40 % d’entre elles quittent le domaine de la Tech, pendant les 10 premières années de leur carrière.

Les stéréotypes de genre des technologies de l’information et de la communication (TIC)

Face à ce constat, certaines personnes défendent l’argument de la différence biologique, une idée ancrée dans de nombreuses cultures. La femme serait liée à la nature, alors que l’homme chercherait à la dominer. La maîtrise des sciences est un moyen pour lui d’y parvenir.

En France, le domaine du numérique renvoie à des caractéristiques masculines : le pouvoir, la carrière ou encore la technique. Pourtant, en Malaisie, les femmes occupent la majorité des doctorats en informatique. Plus le métier est théorique, plus les Malaisiens le considèrent comme féminin. Une développeuse web pourra travailler depuis sa maison et donc être disponible pour prendre soin de son foyer.

Cet exemple montre qu’il n’est pas question de genre, mais de représentation de genre, à travers une même discipline. Puisque l’argument biologique n’explique pas la domination masculine dans le milieu scientifique, c’est que le système discrimine la moitié de la population.

Mais alors, les femmes sont-elles exclues de l’informatique ou bien ce sont les hommes qui sont invités à rejoindre ce secteur ? Malheureusement, ces deux pratiques sont justes !

La domination masculine dans le domaine des sciences

En 2006, une recherche menée auprès d’informaticiennes américaines montre que les adolescentes sont exposées à de nombreuses remarques sur leur inadaptabilité aux métiers informatiques. Souvent non intentionnels et non reconnus, ces discours genrés bloquent l’évolution des femmes dans le milieu de la Tech. Ces dernières finissent même par intérioriser ces discriminations.

À l’inverse, les hommes sont encouragés à rejoindre les bancs de l’université scientifique. Les enseignants de mathématiques et de physique ont effectivement tendance à stimuler davantage les garçons. Ils sont également plus attentifs à leurs résultats.

Ces jeunes personnes ont aussi la possibilité de construire leur masculinité, en s’identifiant à l’image du geek, du gamer, du nerd ou encore celle du hacker. Le genre masculin existe donc sous différentes formes dans le numérique et chaque homme peut y trouver sa place.

Dans cette même démarche, des classes préparatoires scientifiques proposent bien moins de places en internat pour les femmes que pour les hommes. Lors du concours d’entrée, le corps enseignant a utilisé l’argument du logement pour sélectionner les prochains élèves. Ainsi, des filles sont refusées, en raison de leurs futurs trajets quotidiens, qui multiplient leur risque d’échouer.

La place des femmes dans l’informatique avant les années 1980

« Si une femme code votre ordinateur, vous arriverez forcément à l’utiliser. »

La plupart des grandes innovations technologiques révolutionnaires ont été pensées par des hommes, car ces derniers étaient encouragés et favorisés pour les développer. À l’inverse, les femmes qui ont fait des recherches et des découvertes scientifiques majeures sont invisibilisées. C’est notamment le cas de celle qui a écrit le premier algorithme de l’histoire, en 1843 : Ada Lovelace. Passionnée par les mathématiques, elle a conceptualisé les bases d’une machine programmable. Un siècle plus tard, son travail inspira Alan Turing lors de la conception du premier ordinateur.

Contrairement à nos préjugés, le genre masculin n’était pas aussi omniprésent aux débuts de l’informatique. Des ouvrages historiques ont montré qu’entre 1940 et 1980, de nombreuses Américaines et Européennes ont travaillé dans ce domaine. La place des femmes en informatique était importante, avec 30 % de travailleuses, faisant de ce secteur le deuxième plus féminisé de la société.

Prenons l’exemple des six mathématiciennes autodidactes, nommées les ENIAC girls : considérées comme de simples ouvrières, elles ont programmé l’un des premiers ordinateurs pour l’armée américaine, à la fin des années 1940. On peut citer également Mary Keller qui a soutenu la première thèse d’informatique, en 1965. Ou encore Margaret Hamilton, la première personne à obtenir le titre d’ingénieure logiciel, en 1969.

Deux femmes, membres des ENIAC girls, manipulent des câbles sur une machine, qui correspond au premier ordinateur de l'histoire.

Membres des ENIAC girls programmant le premier ordinateur de l’histoire (source : Flickr)

À cette époque, la société percevait la science de l’information numérique comme une histoire de langage, donc réservée au genre féminin. Une campagne de communication attirait les femmes dans ce milieu, où le codage « c’est comme programmer un dîner ». Aucune formation n’existait pour ce type de métier, où les compétences étaient réduites à de simples calculs.

Dans les années 1980, l’informatique se popularise avec l’invention des micro-ordinateurs. Prenant de la valeur économique, ce domaine se masculinise immédiatement. Des discours politiques vont inviter les jeunes hommes à s’orienter vers des études informatiques, un nouveau secteur d’avenir. Désormais, cette discipline fait le lien quasi exclusif entre la masculinité et la technologie.

L’importance de la parité dans le secteur de la Tech

Pourtant, l’égalité homme-femme est un facteur indispensable dans le numérique, surtout quand on voit à quel point l’intelligence artificielle révolutionne notre quotidien. Le manque de parité dans les équipes informatiques forme des biais sexistes dans les algorithmes. Il reproduit aussi les discriminations de genre dans les logiciels.

La création des applications de santé en est un parfait exemple. Elles sont apparues très rapidement sur les téléphones, proposant de suivre le rythme cardiaque, le nombre de pas par jour ou encore le poids. En revanche, les utilisatrices auront attendu des années pour que ces applications incluent un suivi pour les cycles menstruels.

⏩ Plus récemment, des ingénieurs ont (enfin) développé un outil numérique pour aider au diagnostic précoce de l’endométriose. Révélée en 1860, cette pathologie touche 1 femme sur 10.

En outre, la diversité des profils des employés est un facteur de performance en entreprise, notamment dans le secteur des technologies de l’information. En 2018, une étude menée par Sodexo montre que les équipes mixtes obtiennent une amélioration des résultats financiers (+ 8 %), une meilleure fidélisation des clients (+ 9 %) ou encore un taux d’engagement des collaborateurs supérieur (+ 14 %).

Le mot de la fin ? Redonnons aux femmes leur place dans les sciences de l’information numérique

La parité dans le monde scientifique est donc un objectif indispensable. Le manque d’actions concrètes face aux inégalités de genre risque de venir reproduire, voire d’accentuer ces types de discriminations au sein du numérique. Les femmes ont déjà eu leur place dans le domaine de l’informatique et elles doivent pouvoir la retrouver.

Pour une technologie toujours plus inclusive, il est nécessaire d’utiliser le même raisonnement concernant les discriminations liées aux origines, aux accents ou encore à l’âge des personnes.

⏩ Découvrez notamment : des actions solidaires pour intégrer les seniors dans le monde du numérique.

Ada Rédaction, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

https://www.google.com/url?q=https://www.researchgate.net/publication/240978547_Masculinfeminin_Le_genre_des_technologies_de_l%27information&sa=D&source=docs&ust=1668163241593119&usg=AOvVaw2ZgUNRtFOfNWVUfQYyOZGk

https://www.google.com/url?q=https://archive-ouverte.unige.ch/unige:152092&sa=D&source=docs&ust=1668163261135170&usg=AOvVaw3BFPno_xX9q-x8PmLwGZFW

https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2017-1-page-183.htm

https://blog.adatechschool.fr/comment-rendre-linformatique-aux-femmes-selon-isabelle-collet/

https://www.insee.fr/fr/statistiques/4126588#graphique-figure8_radio1

https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/des-ordis-des-souris-et-des-hommes

https://femmes-numerique.fr/les-chiffres-cles/

https://blog.adatechschool.fr/ada-lovelace/

https://www.sodexo.com/fr/inspired-thinking/research-and-reports/gender-balance-study-2018.html