Le tatouage réparateur consiste à recouvrir une cicatrice. Celle-ci peut émaner d’un accident, d’une opération, ou d’une maladie. Dans tous les cas, notre état mental peut en être affecté. Nous pouvons alors décider de dissimuler les stigmates laissés sur notre peau. Le cancer du sein est particulièrement concerné par cette pratique curative : il touche au corps féminin et ses répercussions psychologiques sont importantes, notamment en cas de mastectomie. Tatoueurs et tatoueuses sont de plus en plus nombreux à se spécialiser dans cette forme d’art-thérapie. Cet article vous révèle ce qu’il faut savoir avant de vous lancer.
1- Le tatouage réparateur vecteur de guérison émotionnelle
Quelle que soit leur cause, les cicatrices présentes sur notre corps peuvent avoir un impact psychologique conséquent. Certaines personnes arborent leur blessure comme une victoire contre la douleur, mais d’autres y voient un rappel de la souffrance endurée. Elles préfèrent alors trouver un moyen de la camoufler ou la décorer. D’autre part, des patientes ayant été atteintes d’un cancer du sein choisissent le tatouage pour éviter une nouvelle chirurgie dans un parcours de soin déjà éprouvant. C’est donc un biais de guérison majeur. C’est là que le tatouage thérapeutique prend tout son sens : il permet de se réapproprier l’estime de soi.
2- Les techniques d’encrage sur peau lésée
Savoir quelle cicatrice tatouer
La plupart des cicatrices peuvent être tatouées si l’on respecte certaines précautions que nous détaillerons plus loin. Les lésions, plus ou moins visibles, proviennent :
- d’une opération ;
- des suites d’une maladie ;
- d’un accident ;
- d’une brûlure ;
- d’une césarienne ;
- d’alopécie ;
- d’un vitiligo ;
- de vergetures ;
- etc.
Distinguer tatouage réparateur et médical
Cette différenciation est fondamentale : le tattoo réparateur est pratiqué de manière classique. Quant au tatouage médical, il est effectué par un médecin-dermatologue ou un infirmier diplômé en dermopigmentation réparatrice. Il utilisera un dermographe et des pigments semblables à l’encre employée habituellement. Toutefois, le produit ne contiendra pas tous les additifs visant à fixer les pigments, le rendant moins tenace qu’un tatouage classique.
La technique médicale suit donc le même procédé que le maquillage permanent esthétique. Les praticiens y ont généralement recours pour redessiner l’aréole mamelonnaire avec un effet trompe-l’œil.
La différence majeure avec le tatouage réparateur réside ainsi dans la durabilité. Certaines personnes vont préférer un encrage indélébile, effectué hors du cadre hospitalier. D’autres voudront rester dans le parcours médical, même si cela implique de retoucher le dessin tous les 2 à 5 ans. Quant à la prise en charge financière, elle existe pour le tatouage médical, mais pas pour le tatouage réparateur, bien que la question ait été posée au Sénat.
Opter pour un motif réaliste ou décoratif
Le tatouage réparateur peut, à l’instar du tatouage médical, imiter une partie du corps, mais ravira surtout celles et ceux qui souhaitent recouvrir leur peau d’une œuvre artistique à part entière. L’emplacement de la cicatrice peut guider votre choix, ainsi que sa taille et son aspect. Quoi qu’il en soit, le champ des possibles est immense : les styles de tatouage sont innombrables. En découle un prix tout aussi variable. Le style ornemental et floral est particulièrement présent dans le cadre du tatouage réparateur, mais tous les goûts trouveront satisfaction. N’hésitez pas à prendre le temps d’explorer ces différentes tendances artistiques avant de faire votre choix.
Se lancer vers l’innovation du tatouage en 3D pour la reconstruction mammaire
Encore nouveau en Europe, le tatouage en 3D, lorsqu’il fait suite à une reconstruction mammaire, va chercher à reproduire l’unicité du corps de chaque femme, pour un rendu très réaliste. Recréer un mamelon est sûrement le tatouage thérapeutique qui réunit le plus grand nombre de femmes, mais aussi le plus intime. Accepter son corps après une mastectomie est délicat et très personnel. Le recours aux nouvelles technologies dans la santé des femmes se veut de plus en plus prégnant.
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3- Les précautions à respecter pour un tattoo thérapeutique réussi
Le bon moment pour se faire tatouer
Il est indispensable de demander l’avis de son médecin, son oncologue, ou son chirurgien, lequel doit s’assurer que la cicatrice est blanchie, plate, et ne présente aucun risque. En outre, certaines zones sont à éviter, particulièrement celles exposées à la radiothérapie.
Le choix crucial d’un tatoueur expérimenté
Les salons de tatouage sont nombreux, répondant à une demande croissante (comme le constate l’article sur l’évolution du tatouage en France), mais tous ne sont pas recommandables ! Mieux vaut ne pas vous diriger vers le premier tatoueur venu, ce qui est d’ailleurs valable pour n’importe quel tatouage. Celui sur cicatrice étant complexe, il est décisif de trouver un technicien expérimenté. Un tatoueur doté d’une véritable éthique dira s’il est apte ou non à effectuer ce type de tattoo.
Vous pouvez chercher des réalisations de l’artiste (son « book »), sur son site internet ou ses réseaux sociaux, pour vous assurer :
- que le style du tatoueur est à votre goût ;
- qu’il est coutumier de cette pratique thérapeutique.
4- Le processus de réalisation et le suivi d’un tatouage curatif
Les étapes de la conception à l’encrage
Les tatoueurs et tatoueuses ont leurs habitudes, mais la plupart ont le même processus. Vous aurez un premier échange, de préférence en présentiel, au cours duquel vous définirez les contours du projet. De plus, le professionnel pourra visualiser la cicatrice, la zone à tatouer, en direct ou sur une photo. Vient l’étape du dessin par le tatoueur, que vous découvrez généralement le jour J, ou plus en amont selon la complexité du motif. Après d’éventuelles retouches, c’est le moment tant attendu. Une ou plusieurs séances peuvent être nécessaires.
Les soins à appliquer sur le tattoo
Une fois le tatouage réalisé, vous effectuerez des soins basiques, mais indispensables à la cicatrisation, pour obtenir un beau tattoo. Cela consistera à appliquer un savon doux et une crème. L’article Prendre soin de son tatouage développe les étapes à suivre au fil des semaines. Dans le cadre du tatouage thérapeutique, l’épiderme étant fragile, médecin et tatoueur recommandent souvent des produits spécifiques, adaptés aux peaux les plus sensibles.
L’impact sur la prise en charge médicale
Les tatouages sont compatibles avec les techniques de radiologie et de chirurgie. Leur aspect peut cependant être altéré selon le traitement administré. Lorsque la cicatrisation du tattoo est terminée, il est nécessaire de consulter son médecin, qui évalue chaque situation au cas par cas.
5- Les tatoueurs et associations engagés auprès des patientes
Face à la demande croissante de cette technique et un prix souvent élevé, des associations ont créé des réseaux de professionnels pratiquant le tattoo réparateur. Les plus connues sont les Marie Rose ainsi que Sœurs d’encre, association bordelaise aux nombreux partenaires à travers toute la France. Outre sa mission de réseau, grâce à laquelle des patientes peuvent réaliser gratuitement leur tatouage, elle sensibilise au dépistage du cancer du sein. Au-delà du tatouage, les structures sociales en faveur des femmes atteintes d’un cancer se multiplient, notamment avec l’émergence de la socio-esthétique.
Le tatouage réparateur est une véritable voie vers le rétablissement. Il permet de se réconcilier avec son corps de manière unique. Allié de la rémission, il ne craint pas l’avancée des nouvelles technologies et en fait même un soutien avec l’arrivée du tatouage en 3d.
⏩ Pour aller plus loin sur la présence de l’IA dans le domaine du dépistage du cancer.
Sources :
Sœurs d’encre : https://www.soeursdencre.fr/
Marie Rose : https://lesmarierose.fr/tatouage-sur-cicatrice-est-possible/
Rose Up : https://www.rose-up.fr/rubrique/ma-situation/reconstruction-cancer/tatouage/
Syndicat National des Artistes Tatoueurs : https://syndicat-national-des-artistes-tatoueurs.assoconnect.com/page/86330-accueil
Zoé Crozet-Robin, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW