Face aux coupes rases de bois, à la monoculture d’arbres, à l’imperméabilisation des sols et à la hausse des températures, certains citoyens se mobilisent. Ils jugent les protections étatiques insuffisantes pour nos espaces boisés nationaux, notamment sur les propriétés privées. En effet, ces dernières représentent la grande majorité des surfaces forestières en France et les exploitants peuvent travailler leurs parcelles assez librement. Afin de préserver la biodiversité, des Françaises et des Français ont eu une idée : acheter une forêt pour la protéger.
S’engager contre la sylviculture conventionnelle destructrice d’écosystèmes
Les surfaces de forêt couvrent un tiers de la superficie de la France métropolitaine, soit environ 17 millions d’hectares (chiffre donné par l’Inventaire forestier national). Celles-ci augmentent en moyenne de 80 000 hectares chaque année, avec l’abandon de terres agricoles. Cela pourrait être une bonne nouvelle, mais malheureusement, certaines pratiques sur les espaces boisés laissent à désirer :
- plantation d’une seule essence d’arbre par parcelle ;
- coupe systématique quand le bois est âgé de 45 ans, alors qu’il commence tout juste à restituer à la Terre ce qu’il a pris ;
- déboisement pendant les périodes de nidification, avec des engins de plusieurs tonnes qui altèrent les sols fragiles.
Aujourd’hui, le cadre légal ne permet pas de protéger les forêts de ces pratiques. Résultat, la très grande majorité de celles-ci ont moins de 100 ans. Les propriétaires forestiers cherchent à générer des profits sur leurs parcelles, ce qui va parfois à l’encontre de la préservation de la biodiversité. Les paysages s’homogénéisent, avec des rangées d’arbres plantés à égale distance les uns des autres. C’est en réaction à ce phénomène que des particuliers ont acquis des parcelles forestières. Cette pratique se développe dans notre pays, mais également partout dans le monde, comme au Népal où la régénération des espaces boisés est à l’œuvre.
Acheter une forêt pour la protéger en respectant le rythme de la nature
Le but de ces nouveaux propriétaires pas comme les autres : protéger les espaces boisés, qui sont des réservoirs biologiques riches et fragiles. Ces groupements forestiers citoyens et écologiques se sont multipliés entre 2020 et 2022, passant d’une dizaine à une trentaine en France. Les membres investissent une certaine somme d’argent et le budget ainsi créé permet d’acheter une portion de forêt à un propriétaire privé.
Dans un premier temps, les associés effectuent un inventaire des espèces végétales et animales sur place. Ils identifient également toutes les essences de bois et déterminent quelles filières sylvicoles peuvent être intéressées. En effet, la plupart de ces groupements ne laissent pas la nature agir en toute autonomie. Plusieurs fois dans l’année, les particuliers décident des arbres à abattre. Sont désignés en priorité ceux qui sont morts, avec un bois qui ne soit pas abîmé. Une fois coupés, ils sont envoyés dans des scieries locales. L’espace libéré permet aux plantes vigoureuses voisines de mieux capter la lumière et ainsi, croître davantage.
Grâce à ces actions, des îlots de biodiversité se multiplient en France. Sur ces surfaces, la faune et la flore sont respectées et peuvent évoluer librement. La cohabitation entre les humains et l’environnement est harmonieuse. Ce ne sont pas des musées à ciel ouvert, des lieux interdits d’accès. Les citoyens et citoyennes peuvent s’y rendre pour profiter des bienfaits de la forêt.
🌳 Dites-nous en commentaire si vous seriez prêts à investir dans quelques hectares de bois, pour les protéger.
Pauline Delplanque pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas Lafarge-Debeaupuis, tuteur de formation chez FRW.
Sources :
https://kaizen-magazine.com/article/acheter-des-forets-pour-les-proteger/
