Le bien-être animal dans l’équitation fait couler beaucoup d’encre. Cela pousse à l’évolution, certes lente, des règlements de compétitions équestres. On interdit les protections postérieures sur certaines épreuves et on autorise le filet simple à haut niveau. Ce n’est pas anodin ! Les mentalités commencent à bouger pour le plus grand bonheur de nos amis à sabots. La question du cheval de sport au naturel est plus que jamais d’actualité dans le milieu équestre. En réalité, les besoins du cavalier et de sa monture ne sont pas forcément incompatibles. N’est-il pas temps de lui rendre sa vraie vie de cheval ? On interroge la détention en écurie pour se tourner vers un mode de vie plus naturel pour eux. Voici comment permettre à nos équidés d’exprimer librement leurs besoins physiologiques.
Les besoins fondamentaux : un cheval de compétition bien dans sa tête
La plupart des cavaliers rêvent de voir leurs chevaux gambader en prairie en ouvrant leurs volets le matin. Comme tout le monde ne peut pas réaliser ce souhait, le choix du lieu de vie de Pompon ne doit pas être pris à la légère. La mode des écuries actives ou du paddock paradise a permis de réaffirmer les besoins physiologiques essentiels de nos équidés. Voici nos petits conseils pour sélectionner LA pension idéale pour votre champion.
Une vie dehors en groupe
Les équidés sont des animaux grégaires et sociaux. Les interactions avec les autres individus sont essentielles. L’idéal est donc l’intégration dans un troupeau au pré. Contrairement aux idées reçues, la vie en groupe n’est pas réservée aux chevaux de loisir. Peu importe qu’il soit champion olympique ou sorti en balade une fois par semaine, votre compagnon est avant tout un cheval. Si tous ont besoin de voir leurs congénères, ils doivent aussi être en mesure de les toucher. Vous voulez un conseil ? Adieu le paddock individuel avec des clôtures de deux mètres de hauteur !
« Le meilleur cadeau que l’on peut faire à un cheval est probablement de ne pas oublier qu’il est précisément… un cheval. » — Marie-France Bouissou et Michel-Antoine Leblanc
Voici un autre aspect essentiel : la possibilité d’être libre de ses mouvements. Il n’y a pas de règle minimale de surface. Il faut faire appel à son bon sens et mettre à disposition un espace suffisant pour pouvoir trotter et galoper librement. Le plein air intégral n’est pas toujours possible. Mais le box 24 h/24 h ne doit pas être une option à envisager. Le temps passé en écurie sera à limiter au minimum.
Mettre son cheval au pré toute l’année ne veut pas dire le laisser être exposé aux intempéries et au soleil. Il doit avoir accès à :
- un espace propre et confortable où il pourra dormir, tout en se sentant en sécurité ;
- un abri naturel ou artificiel pour se protéger du vent, de la pluie (ou de la neige), de la chaleur et des insectes.
Votre cheval est tondu ? Pas d’inquiétude ! Le large choix de couvertures lui permettra d’être au chaud et confortable par tous les temps.
Back to basics sur l’alimentation
Le vétérinaire Éric Annelet nous dit que le cheval « marche pour manger, et mange pour marcher ». Que doit-on comprendre ? Le cheval au naturel utilise presque 3/4 de son budget temps pour se nourrir. Il mange donc tête baissée tout en se déplaçant lentement. Son régime de base doit absolument être le foin à volonté et/ou l’herbe ; autrement dit riche en fibres. L’avantage de la prairie est que le cheval va mastiquer tout en marchant. L’idée est de refléter au maximum les mécanismes naturels de prise alimentaire en continu.
Plusieurs solutions sont possibles pour reproduire le rythme d’ingestion au plus proche des fonctions naturelles :
- lorsque le fourrage n’est pas distribué parterre, installer des râteliers près du sol ;
- mettre en place la technique du slow feeding pour favoriser la prise par petites quantités ;
- ou encore, multiplier les espaces dédiés aux repas.
Attention aux concentrés et autres compléments alimentaires distribués sous forme de repas ! Un excès de consommation de ce type d’aliments peut provoquer l’apparition de problèmes sur le système digestif (ulcères gastriques par exemple). Leur utilisation en remplacement du foin réduit le temps de mastication, ce qui peut encourager l’ennui.
Ces petits conseils sont faciles à mettre en œuvre. Résultat ? Vous aurez un cheval bien dans sa tête. Son mental d’acier ne pourra être qu’au service de vos performances sportives !
Le cheval de concours pieds nus : quand le haut niveau déferre
Les habitudes ont la vie dure. Mettre des fers ? Quoi de plus normal, vous me direz ! Déferrer son cheval n’est pas un acte à prendre à la légère. Pourtant de plus en plus de cavaliers professionnels nous démontrent que c’est tout à fait faisable. Disclaimer : l’objet ici n’est pas de dire que le pied nu s’adapte à toutes les pratiques et toutes les conditions de vie.
Les bienfaits du sabot sans fers : ce que l’on sait
Maître-mot : patience. Le pied nu mène forcément à la remise en question. Il ne convient pas à tous les propriétaires. La phase de transition peut être plus ou moins longue. Elle se compte en mois ou en années en fonction de l’individu. Pardonnez-nous l’expression cavalière, mais il faudra oublier de galoper à fond la caisse dans les chemins caillouteux, au moins au début. Le célèbre dicton « pas de pied, pas de cheval » prendra tout son sens si la phase d’adaptation n’est pas respectée.
La ferrure a été largement utilisée pour limiter les pathologies locomotrices. Sauf que ces problématiques n’ont pas diminué, bien au contraire. C’est uniquement de la logique. Le sabot joue un rôle d’amortisseur. Quand il se pose, il s’élargit et s’écrase, puis se rétracte lorsqu’il se relève. Avec un fer compliqué de bouger, vous ne trouvez pas ?
Les sabots d’un cheval sans fers vont pouvoir retrouver toute leur proprioception. On évite les blessures de contact liées à un pied en perte de mobilité. Et aussi, on peut mettre au placard la plupart des protections de travail ! L’expérience de certains cavaliers de dressage montre que le déplacement en piste et le rebond sont meilleurs. Dans toutes les disciplines équestres et à tous les niveaux d’épreuves, on remarque des couples d’OVNI : CSO, CCE, endurance, amateurs, professionnels.
Nos conseils pour le quotidien : matériel et podologue équin
Tout est lié. L’entretien d’un cheval sans fers nécessite une approche globale : environnement, déplacement et alimentation. Par contre, il ne faut pas écouter un maréchal-ferrant vous conseiller de retirer les fers et de laisser le pied vivre sa vie. C’est là qu’intervient le professionnel du parage, communément appelé podologue équin. Il va réaliser un parage naturel dit physiologique respectant les structures internes. Le suivi n’est donc pas moins régulier qu’avec un cheval ferré.
Pour aider votre monture à savourer sa vie les sabots à l’air, vous pouvez l’équiper d’hipposandales. À utiliser en fonction des sols sur lesquels vous travaillez ensemble. Sympa d’enfiler des chaussures à son poney non ?
💡À vos claviers en commentaire ! Nous sommes curieux de savoir si vous connaissiez les hipposandales et si vous en avez déjà utilisé.
Le cheval de sport au naturel : mise en place d’un suivi de soins optimal
En matière de produits de soins, l’offre naturelle à base de plantes ne manque pas. Comme pour nous les humains, on est face à une véritable prise de conscience au niveau des gestes écologiques. Les petites marques de fabrication française utilisant des actifs naturels fleurissent. Les compositions avec huiles végétales ou essentielles sont de plus en plus présentes dans nos malles de pansage.
⏩ Afin de savoir déchiffrer la formulation des produits, vous pouvez lire notre article sur la composition des cosmétiques.
Le bien-être passe aussi par la création d’une équipe de thérapeutes autour de votre cheval. L’intervention des ostéopathes est désormais largement répandue. Pour la compléter, de nouvelles pratiques sont entrées en piste :
- balnéothérapie ;
- thérapie aux algues ;
- shiatsu ;
- massages ;
- saddle fitting ;
- bit et bridle fitting.
Voilà, vous savez tout sur le cheval de sport au naturel ! Toutes ces informations vont certainement vous pousser à réfléchir. La remise en question fait partie de la pratique même de l’équitation. Nul doute qu’en tant qu’amoureux des chevaux, vous suivrez le bon chemin. Être en charge d’un cheval est une grosse responsabilité. L’idée est de ne pas de se mettre la pression, mais de faire du mieux que l’on peut. Soufflez un bon coup, écoutez-le et lancez-vous !
Maud SENEGAS pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Élodie, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Équipédia IFCE. Alimentation et bien-être du cheval [en ligne]. (consulté le 21/06/2022).
Équipédia IFCE. Le budget temps [en ligne]. (consulté le 21/06/2022).
PASCAL DARTEVELLE, Amélie. Est-il possible de maintenir un cheval de sport ou de loisirs sans fer ? Thèse n°2015 – TOU 3 – 4035. École Nationale Vétérinaire, Université Paul-Sabatier de Toulouse. 2015.