Que sait-on vraiment des capacités du cerveau ? La pratique médicale progresse sans cesse dans la compréhension du lien étroit entre corps et esprit, entre troubles physiques et influence de l’inconscient. Les traitements ont pourtant longtemps négligé ce qu’on pouvait nommer les thérapies alternatives. Heureusement, l’accompagnement des malades a évolué et l’offre thérapeutique s’est diversifiée. Dans le souci de toujours mieux comprendre et guérir les souffrances, les médecins ne sont plus réfractaires à travailler main dans la main avec des psychologues, des ostéopathes, et… des hypnothérapeutes. Depuis quelques années, la pratique de l’hypnose a en effet trouvé sa place dans les protocoles de soin où elle a démontré son efficacité, sans les effets secondaires des produits chimiques. Alors comment se soigner par l’hypnose ? En existe-t-il différentes formes et certaines sont-elles plus efficaces que d’autres ? Qui peut la pratiquer ? Autant de questions sur lesquelles nous allons nous pencher ensemble.

1. Savoir comment fonctionne l’hypnose pour ne plus en avoir peur

Une pratique parfois spectaculaire

Il s’agit tout d’abord de se débarrasser des idées reçues. La littérature, les films, les dessins animés ont véhiculé l’image d’une hypnose dangereuse, grâce à laquelle un être sans scrupules peut manipuler ses victimes telles des pantins. Nous avons ainsi tous en tête le serpent Kaa qui veut qu’on « ait confiance » ou les récits qui imaginent la possibilité de « programmer » des gens pour les transformer en tueurs sur commande.

Sur un fond noir, une main manipule un pantin de bois

L’hypnose : une technique de manipulation ?

Fort heureusement, il est rigoureusement impossible d’hypnotiser quelqu’un qui ne le souhaite pas. Dans le cas où la personne est réceptive, elle ne pourra pas non plus exécuter des ordres qui iraient contre ses valeurs profondes.

Comment font alors les hypnotiseurs de spectacle pour endormir d’un claquement de doigts les personnes qui acceptent de tenter l’expérience ? Voire pour les faire agir ou parler comme elles ne le feraient jamais en état d’éveil ? Tout simplement par l’association d’un bon sens de l’observation et d’une technique d’hypnose fondée sur l’injonction !

Les premières minutes du spectacle sont en effet consacrées à des tests de suggestivité que l’hypnotiseur met en place afin de sélectionner progressivement les personnes les plus réceptives. C’est ce qu’on appelle la phase d’induction. Il ne reste plus ensuite qu’à neutraliser provisoirement leur mental conscient : leurs yeux se ferment, l’inconscient se désinhibe, ils entrent en transe et réagissent physiquement comme des somnambules. C’est spectaculaire, mais sans danger – du moins pas plus que pour tout autre divertissement.

👉🏻 Si aucun spectacle d’hypnose ne se produit à côté de chez vous, ce n’est pas grave : découvrez dans cet article d’autres activités originales pour se déconnecter du monde digital.

Un état pleinement consenti

Pour aller au bout de notre entreprise de démystification, penchons-nous sur les mécanismes de l’hypnose.
L’activité du cerveau émet des ondes, à des fréquences différentes, indiquées en Herz, en fonction de l’activité cérébrale. L’hypnose consiste donc tout simplement à faire basculer le patient d’un état de conscience, mesurable en ondes bêta, à un état d’inconscience relative, mesurable en ondes theta, à basse fréquence.

infographie sur les différents types d’ondes cérébrales pour comprendre les états modifiés de conscience

La mesure des ondes cérébrales en fonction des différents états de conscience (crédit : Anne David)

Ainsi, le retour à la conscience se fait aussi simplement que lorsqu’on s’éveille, sans effets secondaires ni torpeur. Mais pour basculer en état d’hypnose, il faut que la personne le veuille, l’accepte. C’est ce qui fait l’efficacité de cette méthode thérapeutique : dans ce cadre, le patient devient ainsi acteur de sa guérison.

2. Cerner ses attentes pour comprendre comment se soigner par l’hypnose

Depuis Freud et Jung, personne ne remet en doute la cohabitation en nous d’un mental conscient et d’un inconscient qui nous influence. À la fois origine et solution, notre inconscient peut en effet aussi bien déclencher chez nous des comportements malsains que nous permettre de les remplacer par d’autres, plus bénéfiques. C’est l’objectif de l’hypnose : aller dialoguer avec l’inconscient pour lui permettre, en quelque sorte, de faire correctement son travail, à savoir nous maintenir en bonne santé physique et psychique.

Une efficacité démontrée dans les domaines de l’analgésie, de la sédation et de la psychothérapie

Les bienfaits de ces trois pratiques de l’hypnose sont établis par différentes études. Selon un rapport de l’INSERM, datant de 2015, elles répondent à plusieurs besoins :

  • mieux supporter des douleurs chroniques, neuropathiques ou autres ;
  • traiter un problème de fond quand le souci de santé est récurrent et de nature psychosomatique, comme l’eczéma, les problèmes de sommeil, les désordres alimentaires ;
  • gérer un traumatisme : l’hypnose peut alors être combinée à d’autres méthodes, telles que l’EMDR, employée en victimologie dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique ;
  • venir en complément d’une thérapie traditionnelle, psychanalyse ou psychothérapie, pour faciliter le travail de résilience après un burn out, une dépression, un deuil ;
  • dépasser une phobie ;
  • gérer le stress ou diminuer l’anxiété

Elle peut même désormais être proposée dans les hôpitaux, comme alternative à une anesthésie générale. Son utilisation permet d’améliorer le temps de récupération post-opératoire et de diminuer la durée d’hospitalisation.

🤔 Se faire opérer sous hypnose… vraiment ? Vous en doutez ? Je vous invite à aller faire un tour sur la chaîne YouTube de l’INSERM…

Une médecine douce de plus en plus employée

Outre les domaines médicaux où elle a prouvé son intérêt, l’hypnose est également proposée par de nombreux praticiens comme un bon moyen de lutter contre une dépendance ou de résoudre certains problèmes qui peuvent empoisonner la vie.
Aucune étude à ce jour ne prouve l’efficacité absolue de cette méthode, mais peut-être suffit-il d’y croire ?

Elle permettrait ainsi de se débarrasser d’une mauvaise habitude comme :

  • se ronger les ongles ;
  • se sevrer d’une addiction au tabac, au jeu, au sucre, etc. ;
  • favoriser la perte de poids.

3. Choisir un hypnothérapeute de confiance pour être accompagné de manière efficace, grâce à la pratique qui vous convient

C’est en 1773 que Franz Anton Mesmer, un médecin allemand, tente de saisir et d’expliquer le phénomène hypnotique. Il est le précurseur de l’hypnose moderne, avec sa théorie sur le magnétisme animal, encore appelée « mesmérisme ». Depuis, de nombreux praticiens se sont penchés sur la question, fondant autant d’écoles. L’offre est donc vaste, et les pratiques variées. Il est bien difficile de s’y retrouver !

L’hypnose directive

L’hypnose la plus connue, celle qui est d’ailleurs utilisée en spectacle, est l’hypnose dite « directe ». Le thérapeute procède par injonctions et amène le patient réceptif en état de lâcher-prise. Elle sert pour l’hypnosédation lors des opérations, ou l’hypnoanalgésie dans le traitement de certaines douleurs.

L’hypnose eriksonnienne

Milton Erikson, psychiatre américain, découvre l’auto-hypnose en cherchant à échapper à la paralysie, lorsqu’il contracte la poliomyélite dans sa jeunesse.

🙏 Vous aimeriez vous-aussi pratiquer l’auto-hypnose mais vous doutez d’en être capable ? Abordez en douceur les états de conscience modifiés : après avoir lu l’article 4 façons de commencer très simplement la méditation, cela vous semblera tout simple !

Erikson développe ensuite en tant que médecin une forme d’hypnose, aussi appelée « conversationnelle ». Pour la lutte contre les dépendances – toxicomanie, tabac, jeu – c’est en général celle-ci qui est employée.

« L’inconscient est le plus grand réservoir de sagesse en comparaison avec l’esprit conscient.» Milton Erickson, L’hypnose thérapeutique

L’hypnose humaniste

À l’inverse des deux précédentes, cette forme d’hypnose ne vise pas à mettre la personne en état de dissociation. Au contraire, le patient est dans un état d’hyperconscience, ou de conscience augmentée. Cet état lui permet de plonger dans les strates les plus profondes de son inconscient et de trouver lui-même les ressources nécessaires à sa guérison.
Le choix du type de thérapie pratiquée dépend donc surtout des attentes du patient. Cependant, aucun cadre légal ne régit cette pratique en France. Alors, comment être sûr de la compétence de son hypnothérapeute ?

Peinture de Sven Richard Bergh montrant un homme vêtu de noir penchée sur une femme assise, en état d’hypnose, et entourés de spectateurs

Tableau de Sven Richard Bergh, « Hypnotic seance », 1887 [huile sur canevas, Nationalmuseum, Stockholm]

Le meilleur moyen d’éviter de tomber entre de mauvaises mains est de préférer un thérapeute issu du milieu médical. De nombreux anesthésistes, infirmiers, psychologues, médecins sont formés à l’hypnose, qu’ils pratiquent dans un cadre déontologique. Le site de l’Institut français d’hypnose propose un annuaire répertoriant certains de ces personnels de santé.

Vous en savez désormais un peu plus sur la manière de se soigner par l’hypnose. Il s’agit toutefois de garder à l’esprit que ce traitement n’a rien de miraculeux et doit, pour être bénéfique, répondre à un réel besoin.

Anne David, élève FRW Origami 10
Texte relu par Nicolas, formateur FRW

Références complémentaires :