Remémorez-vous une belle journée d’été sur la plage en famille. Le bonheur ! Bien sûr tout le monde est tartiné d’écran total de la tête aux pieds. Vient enfin le moment tant attendu de se jeter à l’eau. Vous avez alors du mal à chasser une question de votre esprit : « Ai-je bien choisi une crème solaire respectueuse des océans ? »
Jusque-là, protéger la peau de nos enfants des rayons ultraviolets (UV) tout en préservant la faune et la flore marine semblait incompatible. La start-up française Innov&Sea a relevé le défi avec un test d’écotoxicité inédit. Elle vient d’ailleurs de recevoir le prix national i-Lab 2024 pour son projet Cell4Sea. Quel est son secret ?
Des crèmes solaires pro-océan sans danger pour les animaux
Besoin de cobayes ?
Octocrylène, oxybenzone, octinoxate… Ces molécules sont des filtres UV. De plus en plus de marques de cosmétiques prennent conscience de leur impact sur les océans. Et quel progrès quand on sait que, chaque année, des milliers de tonnes de produits solaires s’y diluent ! Soucieuses de réduire leur empreinte environnementale, elles soumettent les différents composants à des tests croisés in vivo. Les expérimentations mesurent le degré de toxicité pour des algues unicellulaires symbiotiques mais aussi pour des invertébrés aquatiques. Elles portent sur des oursins, anémones, coraux, mollusques ou zooplanctons vivants.
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Une autre solution
Or Pauline Cotinat, cofondatrice et présidente d’Innov&Sea à Nice, a validé un procédé alternatif qui ne sacrifie pas les animaux. Les examens sont réalisés sur les cultures de cellules d’anémone de mer verte (Anemonia Viridis), jamais sur les créatures. Une technique innovante qui a un autre avantage : le matériel étudié se multiplie rapidement et se cryoconserve plusieurs mois. Le test est ainsi renouvelable à volonté, ce qui renforce sa fiabilité. La vocation du projet Cell4Sea est maintenant d’étendre cette technique au contrôle encore lacunaire des taux de nanoplastiques, pesticides, hydrocarbures et autres rejets dans les eaux littorales.
Un invertébré marin sous le feu des projecteurs
L’anémone commune ?
Ainsi, la vedette du labo, c’est une espèce marine pas si commune que ça. L’histoire commence à Nice, au sein de l’Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement (IRCAN) où naîtra bientôt la jeune entreprise. Les chercheurs s’intéressent depuis quelques années aux effets du stress sur l’altération des cellules. L’impact des rayons UVB sur la peau en est un. Une équipe se concentre notamment sur l’anémone de mer verte dont elle réussit à cultiver des cellules provenant de son système digestif. Pourquoi cette espèce ? Car elle est dotée de deux pouvoirs : une longévité importante et la faculté de reconstituer ses organes. L’observation des mécanismes de cette résilience sert alors à mettre au point des traitements dans la lutte contre le cancer.
Une espèce sentinelle
Il se trouve que ce cnidaire est aussi un bio-indicateur de la santé des écosystèmes côtiers méditerranéens. Il constitue ainsi un sujet de test idéal pour mesurer les taux de nocivité de certaines substances sur la faune et la flore des mers tempérées. Pour quelle raison ? Car, comme les coraux, il vit en symbiose avec une micro-algue essentielle à sa nutrition. Il la protège des prédateurs en l’hébergeant dans ses cellules gastriques. Mais, lorsqu’elle est perturbée par des bactéries, une pollution ou le réchauffement, il l’expulse et blanchit.
Reste à découvrir d’autres stars sentinelles des littoraux afin de développer cette nouvelle technique de contrôle. La voie s’ouvre pour des tests in vitro similaires. Un petit pas en avant pour que les générations futures continuent de s’émerveiller devant les splendides abris de biodiversité que sont les récifs coralliens !
Sources :
La carte d’identité d’Anemonia Viridis.
La thèse de Pauline Cotinat sur les capacités de réponse au stress de cette anémone de mer.
Stéphanie Hémery, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW.