En 1989, l’acteur Harrison Ford incarne un professeur d’archéologie avide d’aventure dans le film de Steven Spielberg Indiana Jones et la dernière croisade. Dans la scène finale, il emmène des milliers de spectateurs découvrir la cité de Pétra en Jordanie à dos de cheval, s’arrêtant ébahi devant la façade du temple El-Khazneh. Ce site historique vous émerveille et vous rêvez de le cocher dans votre liste des destinations à explorer ? Voyagez au travers des origines de la cité rose de Pétra vieille de 2 000 ans, classée depuis 1985 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le peuple nabatéen intimement lié à Pétra
La ville rose se situe dans la péninsule arabique qui s’étend sur nos mappemondes actuelles à deux tiers en Arabie saoudite et à un tiers dans les pays du Golfe (Koweït, Bahreïn, Qatar, Émirats arabes unis, Oman et Yémen). Elle fut dévoilée par un peuple de nomades caravaniers appelé les Nabatéens, à la fin du IIIe siècle av. J.-C., ancêtres des Bédouins.
Ces grands voyageurs du désert délestaient de leurs richesses les populations qu’ils croisaient. Les trésors amassés devenant encombrants, leurs arrivées hasardeuses à Pétra furent une aubaine. Ils décidèrent de s’y sédentariser avec l’ambition d’en faire un carrefour du commerce mondial. L’ethnie se servait des nombreuses cavités du canyon façonnées par l’érosion du vent et de la pluie, pour dissimuler leurs butins.
Cette tribu parlait une forme antique de la langue arabe à l’origine de celles employées de nos jours, par des centaines de millions de personnes dans le monde. Laïla Nehmé, directrice de recherche au CNRS, notifie dans l’article Le royaume oublié des Nabatéens :
« […] l’écriture nabatéenne est l’ancêtre de l’écriture arabe. La postérité des Nabatéens est donc assurée pour longtemps. » — Laïla Nehmé — Site CNRS Le Journal.
Des édifices vertigineux et inoubliables : découvrir la cité de Pétra en Jordanie vue d’en bas
Le Sîq et le temple El-Khazneh
Au cœur du désert, la célèbre vallée se situe à environ 250 km au sud de la capitale Amman en Jordanie. Les montagnes culminent à une altitude moyenne de 1 000 mètres. Son surnom de cité rose lui a été donné par les locaux, en référence aux couleurs des parois rocheuses de grès rose qui la composent. La plus connue de toutes, haute de 140 mètres, se nomme le Sîq. Cette gorge naturelle débouche sur la mythique façade du temple El-Khazneh s’élevant à 43 mètres, et aperçue dans le 3e volet de la saga cinématographique Indiana Jones. Ce nom donné par les Bédouins signifie « le trésor de pharaon ».
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Une méthode de construction peu commune
Les Nabatéens ont été poussés par les conditions climatiques de cette région désertique à façonner la roche, appelée Pétra en grec, pour y construire des édifices culturels et religieux. De fait, ils confièrent une grande partie de cette mission aux experts incontestables du domaine qu’étaient les Grecs et les Égyptiens, à cette période historique. Ils commençaient les chantiers par le haut en creusant une corniche dans la paroi, servant de plateforme pour se maintenir au plus près de la roche afin de la sculpter. Une fois les travaux réalisés à ce niveau, une nouvelle corniche était excavée plus bas, et ainsi de suite.
Les monuments y sont nombreux. Ainsi, dès la visite d’El-Khazneh terminée, les millions de touristes annuels partent, pour la plupart, en quête du temple El-Deir bâti à l’opposé de la cité rose. L’ouvrage de 46 mètres de haut était dédié au culte du roi divin Obodas I. Son surnom « le monastère » lui vient des chrétiens qui utilisaient la seule pièce la composant, en tant que telle. Le site qui s’étend sur une surface supérieure à 260 000 m² compte également le sanctuaire Qasr al-Bint consacré au culte des dieux nabatéens. C’est l’une des rares structures construites au milieu de ce désert, qui n’est pas creusée dans la roche.
La vie sédentaire d’un ancien peuple nomade
Un centre-ville pas comme les autres
Au centre de la cité, la vie s’organisait sur un vaste plateau ensablé. Les quatre massifs montagneux qui l’entourent accueillaient les défunts inhumés, dans plus de 600 tombes. Les nécropoles abritées au pied des montagnes, les tombeaux minutieusement sculptés de la royauté nabatéenne, ainsi que les mausolées du peuple moins soignés.
À l’aube du IVe siècle, les civilisations construisaient un centre-ville unique desservi par de grandes avenues. La configuration de Pétra donna du fil à retordre aux archéologues pour en comprendre l’aménagement. En effet, les Nabatéens ont conçu plusieurs petits quartiers sur le plateau de Pétra, regroupant des familles et des clans entiers. Un réseau de ruelles étroites débouchait le plus souvent sur des voies sans issue, traversant la cité de part et d’autre. La vallée hébergea à son apogée plus de 25 000 habitants.
L’ingéniosité hydraulique des Nabatéens
L’eau étant une ressource vitale, ce peuple a développé des systèmes d’irrigation à travers la cité de Pétra, démontrant au monde entier leur parfaite maîtrise de la survie dans les zones arides. Lors des saisons de pluie, la ville est inondée en quelques minutes, d’une part du fait de sa configuration en cuvette, et d’autre part à cause des sols qui ne parviennent pas à absorber rapidement les importantes quantités d’eau. À l’origine, le Sîq est une faille tectonique étroite. L’érosion naturelle causée par les pluies diluviennes l’a élargie au fil du temps.
Afin de protéger leur ville, les Nabatéens ont érigé un barrage et percé un tunnel de 90 mètres de long, en vue de détourner la rivière de son lit. Elle ne passait ainsi plus dans la cité, mais la contournait. De plus, ils ont mis en place un système de canalisations. Ainsi, l’eau ruisselante du sommet des montagnes se déversait dans les citernes et les fontaines publiques, en contrebas de la vallée. Elle était utilisée pour alimenter les habitants et servait également à l’arrosage des jardins.
Un sens du commerce redoutable
Les Nabatéens devinrent des intermédiaires incontournables sur le marché des plantes aromatiques, des épices et du sel venant d’Inde. Ils détenaient notamment la distribution exclusive de l’encens, une résine provenant d’une vingtaine d’arbres de la famille des Burseraceae. À cette époque, les Grecs, les Égyptiens ainsi que les Romains l’utilisaient lors des cérémonies religieuses et des momifications, ainsi que pour la conception de certains médicaments ou parfums. Les Nabatéens négociaient cette précieuse denrée auprès des producteurs résidents dans l’actuel pays du Yémen. L’acheminement vers Pétra était effectué via la mythique route des caravanes qu’ils contrôlent alors, et sur laquelle ils instaurèrent des taxes de passage.
L’abandon soudain de la cité rose de Pétra
L’encens transporté jusqu’aux ports de Gaza et d’Alexandrie, y était revendu à prix d’or en Grèce et à Rome. En 106 après Jésus-Christ, les Romains décidèrent d’annexer le royaume des Nabatéens pour étendre leur empire. Ils créèrent une province nommée Arabie dont la capitale Bosra devient Pétra. De nouvelles routes commerciales furent construites pour éviter la cité rose, afin de dépourvoir ses habitants du monopole des produits de luxe qu’ils détenaient.
Au fil des années, les Nabatéens changèrent de croyances religieuses et beaucoup reprirent les routes du désert, vidant peu à peu Pétra de ses habitants. En 1747, un tremblement de terre mit définitivement fin à toute forme de vie dans la cité rose, tombant ainsi dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte en 1812 par l’explorateur suisse, Jean Louis Burckhardt. Les fouilles de la vallée commencèrent en 1929. Elles débutèrent 57 ans plus tard dans la ville d’Hégra, située à plus de 500 km, également habitée par les Nabatéens.
La cité rose de Pétra renferme à ce jour de nombreux secrets sur le mode de vie de ce peuple nomade. Des vestiges y sont encore ensevelis, augmentant un peu plus la curiosité des archéologues ainsi que la vôtre. Alors, partez découvrir la cité de Pétra en Jordanie, devenue en 2007 l’une des 7 nouvelles merveilles du monde, et prenez-en plein les yeux. Les lieux touristiques à visiter en Jordanie sont nombreux comme les gorges du Sîq, le temple El-Khazneh, le monastère El-Deir, le sanctuaire Qasr al-Bint, des musées et des châteaux. Le site JORDAN PASS vous offre des informations pratiques afin de préparer votre visite sereinement.
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Déborah V., pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Élodie, tutrice de formation chez FRW.
Sources :