Comment préparer des vacances éthiques à Madagascar en commençant par un voyage en avion ? Comment appréhender une biodiversité unique et réduire son empreinte écologique sur le pays ? Quelles solutions d’hébergement et de transport doux choisir pour un circuit authentique ? Pour organiser un voyage écoresponsable à Madagascar, emportez dans vos bagages vos principes de consommation favorisant l’économie locale. Le tourisme constitue un vecteur de développement à condition d’être pratiqué dans le respect de l’environnement et des populations. L’endémisme malgache est menacé d’extinction. Des réponses existent pour pratiquer un tourisme solidaire, durable et découvrir la Grande Île et ses merveilles naturelles. Prêts ? Embarquez !

1— Privilégier des modes de transport doux pour se déplacer dans la Grande Île

Se déplacer en bateau

Avec ses 5 000 kilomètres de côtes, parfois inaccessibles par la route, découvrez Madagascar en bateau pour des vacances inoubliables. À l’extrême nord, les pêcheurs Sakalava organisent des excursions vers la mer d’Émeraude. Quel sera votre meilleur souvenir ? Le turquoise irréel de l’eau ou la blancheur du sable fin ?

Embarquez pour une croisière en boutre au large de Nosy Be et explorez l’archipel des Radama. Vos journées seront rythmées par la lenteur de la navigation à voile, la cuisine savoureuse de l’équipage et l’observation des fonds marins.

Pirogue à voile mer d’Emeraude Madagascar

Naviguer à la voile le long des côtes malgaches est plus écologique. Crédit photo : Sophie Vasseur

Marcher

Pour les amateurs de marche, vous pourrez parcourir des kilomètres au milieu de paysages majestueux. Au sud, chaque randonnée sur la péninsule de Lokaro vous mènera de village de pêcheurs en collines verdoyantes avec une vue saisissante sur la baie de Fort-Dauphin.

Dans toutes les villes, déplacez-vous à pied comme les Malgaches. Quelle meilleure façon de percevoir l’ambiance d’un lieu que d’y déambuler ? Imprégnez-vous des bruits, et activités de la rue, emplissez vos yeux de couleurs… ces sensations vous échapperaient dans un 4×4 climatisé.

Marcheur malgache sur les hauts-plateaux.

Découvrir Madagascar à pied permet de prendre le temps de mieux connaître le pays. Crédit photo : Dragan Petrovic

🥾Vous aimez marcher ? Et si vous organisiez un trek dans le Rif du Maroc ?

Utiliser des vélos

Ambanja et ses environs se prêtent très bien au vélo. Plusieurs prestataires proposent des itinéraires touristiques pour découvrir les plantations de cacao à bicyclette. Pour s’assurer des revenus réguliers, les exploitants locaux diversifient les cultures : poivre vert, baies roses, cannelle, curcuma et la précieuse vanille.

Si vous n’aimez pas pédaler, le vélo reste une possibilité de transport. Visiter Antsirabe ou Tamatave à bord d’un cyclo-pousse vous promet un dépaysement sans effort. Assis sur la banquette deux places de ce petit véhicule tricycle, vous contribuez à rémunérer le conducteur qui pédale à l’avant.

Cyclo-pousse Moramanga Madagascar

Le cyclo-pousse : moyen de transport doux et soutien économique. Crédit photo : Sophie Vasseur

Emprunter les transports collectifs

Si votre circuit touristique traverse plusieurs régions, utiliser les transports en commun présente plusieurs avantages :

  • des prix variables, mais toujours raisonnables ;
  • la création de souvenirs inoubliables ;
  • l’immersion dans le mode de vie malgache ;
  • l’assurance de faire de belles rencontres.

Quelque soit le mode de déplacement choisi, prévoyez un séjour long. Lorsque vous serez en route à bord d’un taxi-brousse, faites de ce proverbe malgache un mantra :

« Mieux vaut lentement et bien, que vite et mal. »

2— Pratiquer un tourisme durable pour organiser un voyage écoresponsable à Madagascar

Choisir des hébergements engagés dans le développement durable

À Madagascar, des prestataires touristiques s’investissent dans une démarche de développement durable. Hébergements confortables ou insolites, les écolodges privilégient les matériaux de construction et les caractéristiques de l’habitat régional. Le personnel recruté localement est formé à la gestion des déchets et sensibilisé à la préservation des ressources naturelles.

L’avantage pour le voyageur est de se loger dans des lieux respectueux de l’environnement et de la population au cœur d’une nature sauvegardée, dans toutes les gammes de l’hôtellerie conventionnelle :

  • Au nord, réservez un bungalow rond avec toiture en satrana sur la plage de la baie de Sakalava et profitez-en pour pratiquer le kitesurf.
  • À l’ouest, offrez-vous une vue sur le lagon et le chantier traditionnel des boutres de Belo s/Mer dans une habitation en bois et palmier.
  • À Nosy Iranja, vivez une robinsonnade agréable avec de vrais lits dans une hutte en palme.
  • Au cœur de la forêt d’Andasibe, dans un chalet au toit pentu, réveillez-vous au chant des lémuriens indris.
Bungalow baie de sakalava spot de kitesurf Diego Suarez

Choisir un hébergement en écolodge participe au développement durable. Crédit photo : Sophie Vasseur

Manger local et de saison

L’île rouge est un jardin luxuriant. Ananas, litchis ou avocats ? Consommez les fruits exotiques, c’est un régal ! Goûtez les dizaines de variétés de mangues juteuses et sucrées qui emplissent les marchés, d’octobre à janvier. Avec des spécialités culinaires savoureuses, manger local n’aura jamais été aussi simple qu’à Madagascar.

Pilier de l’agriculture et de la cuisine malgache, le riz accompagne le ravitoto et le romazava, les deux plats traditionnels. Porc, zébu, poulet, poisson ou végétarien, la recette change selon la région et la richesse de la maison.

Vendeuse de mangues marché Mahajanga Madagascar

La saison des mangues commence en octobre. Crédit photo : Sophie Vasseur

Dînez comme les habitants, dans une gargote de rue. Ce nom n’a rien de péjoratif. Une cuisinière s’installe dehors et s’affaire devant vous. Asseyez-vous et passez commande : beignets de patate douce ou de manioc, sambos ou masikita (brochette de zébu)… votre odorat vous guidera. Si l’hygiène n’est pas conforme aux normes européennes, ne vous formalisez pas, une belle expérience vous attend.

Sur les côtes, vous dégusterez de délicieux poissons grillés, des crevettes ou du crabe. Soyez attentifs aux critères de la pêche durable et abstenez-vous de consommer de la langouste entre octobre et avril, période de reproduction.

Manger local un repas typique dans une gargote malgache

Les cuisinières malgaches préparent dans les gargotes des repas savoureux. Crédit photo : Dragan Petrovic

3— Vivre l’expérience de l’immersion culturelle et du tourisme solidaire sur l’île Rouge

S’engager dans le volontariat

La qualité du lien social est un fondement de la culture malgache, donc le voyageur se sent toujours bien accueilli. Pour bien comprendre le pays, inscrivez-vous dans un programme de volontariat et partagez des moments de vie. De nombreuses ONG sont implantées à Madagascar avec des objectifs précis. Choisissez ce qui vous correspond, investissez-vous et faites des rencontres enrichissantes.

🤝A lire aussi : les 3 bonnes raisons de faire du volontariat à l’étranger 🤝

Akamasoa, organisation humanitaire fondée par le Père Pedro en 1989, est la plus médiatique. Son action s’étend dans le pays dans des domaines diversifiés comme la santé, l’enseignement, la construction ou le reboisement. Le but d’Akamasoa est d’aider sans assister. Vous avez sans doute des compétences à partager. Que vous passiez une semaine ou un mois aux côtés de leurs équipes, soyez sûr de vivre une expérience relationnelle riche.

Entrée de la maternité Akamasoa à Antananarivo

S’engager dans le volontariat permet de donner du sens à un voyage. Crédit photo : Sophie Vasseur

💡Pour trouver des missions répondant vraiment aux besoins de la population sans tomber dans les dérives du tourisme humanitaire, rendez-vous sur le site France Volontaire.

Soutenir le savoir-faire local

L’artisanat est une illustration du génie du recyclage malgache. Visitez des ateliers en prenant le temps de vous intéresser aux matières premières, aux outils et aux procédés de fabrication et vous découvrirez des artisan·e·s de talent. À Sainte-Marie ou Mahajanga, ne manquez pas de rencontrer les femmes des coopératives de vannerie « Rouge Beauté ». Ces microécoles d’arts appliqués mettent en valeur le savoir-faire des artisanes et leur assurent une autonomie financière.

Modèle d’entrepreneuriat solidaire, la ferronnerie « Violette et Dieudonné » à Antananarivo n’emploie que des individus en marge de la société. Personnes en situation de handicap, mères isolées, sans-abris expriment ici leur créativité et travaillent à leur insertion.

Bidons d’huile et tôles de récupération servent de base à la réalisation d’objets d’art ou de décoration auxquels le métal vieilli donne tout son charme. Baobabs géants, appliques ou statuettes de zébus, chaque pièce est unique et fabriquée à la main. Rien ne se perd, tout se transforme et vous trouverez sans mal des cadeaux souvenirs insolites et esthétiques à rapporter :

  • paniers en raphia ou satrana tissé ;
  • ustensiles en aluminium fondu issu de l’automobile ;
  • véhicules miniatures en canettes de soda recyclées ;
  • sculpture sur bois.

Gare à l’excédent de bagages !

 

4— Découvrir les richesses naturelles malgaches au cours d’un voyage éthique

Explorer la biodiversité unique

La faune et la flore présentent une telle variété que l’île Rouge est un terrain de jeu fantastique pour les amoureux de nature.

Madagascar a perdu 44 % de sa couverture forestière depuis les années 50, mais ces écosystèmes renferment des trésors naturels. Explorez les forêts primaires humides de la montagne d’Ambre ou partez en trek dans le mystérieux massif du Makay pour les découvrir.

Forêt humide et luxuriante de l’Est de Madagascar

Les aires protégées de l’Atsinanana abritent une flore variée et de multiples espèces de lémuriens, d’amphibiens, d’oiseaux et de reptiles. Crédit photo : Dragan Petrovic

7 des 8 espèces de baobabs recensées sur la planète poussent sur le sol malgache. Parmi elles, 6 sont endémiques. Les baobabs se trouvent en majorité dans les forêts sèches de l’ouest et du sud.

Présents partout, les lémuriens se divisent en plusieurs dizaines d’espèces. Grands ou petits, diurnes ou nocturnes, faciles à observer ou presque invisibles, ils séduisent tous les voyageurs par leur physique charmant et leur agilité. Veillez au respect de la nature sauvage de l’animal en ne participant pas à la modification de son alimentation au prétexte de l’attirer plus près.

Des lémuriens, espèce menacée, dans le parc national des tsingys de l’Ankarana

Maki couronné et maki brun, deux espèces présentes dans le parc national de l’Ankarana Crédit photo : Sophie Vasseur

🌍Je m’informe sur les menaces d’extinction qui pèsent sur les lémuriens avec le WWF.

Participer à la préservation de l’environnement

L’État malgache a entrepris des actions concrètes pour ralentir la dégradation des écosystèmes naturels et préserver sa biodiversité de la déforestation. Dans le but de lier le développement économique du pays et la protection de l’environnement, une cinquantaine d’aires protégées existent, gérées par Madagascar National Parks entre autres.

Lorsque vous réglez votre droit d’accès au site, vous participez aux retombées économiques du tourisme sur les populations. Directs ou indirects, ces revenus sont indispensables pour convaincre de l’atout touristique représenté par la conservation de l’environnement. Parmi les 9 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, choisirez-vous le site des Tsingys de Bemaraha à la géologie si spectaculaire ou les forêts humides réparties sur la côte est ?

Tsingys de Bemahara classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco

Les tsingys de Bemahara sont nés de la sédimentation, des plissements de terrain, de l’érosion et des pluies acides. Crédit photo : Sophie Vasseur

Si un voyage pour agir, réfléchir et s’émerveiller vous tente alors, prenez des vacances conscientes et partez visiter Madagascar.

🏞️Pour approfondir le sujet, lisez notre article sur le slow tourisme.

Sources : https://madagascar-tourisme.com/fr/

https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2019/science/deforestation-a-madagascar-concilier-developpement-et-biodiversite#:~:text=L’%C3%AEle%20a%20perdu%2044,la%20lutte%20contre%20la%20pauvret%C3%A9.

Lonely Planet : “Madagascar 8e édition” – 2016

Sophie Vasseur pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW

Article relu par Océane, tutrice de la formation FRW