De nos jours, le numérique fait partie de notre quotidien. Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’on ne consulte un site internet. L’impact écologique du digital sur l’environnement est important, car de plus en plus de ressources énergétiques sont nécessaires pour faire fonctionner Internet. Malgré tout, il existe des solutions pour adopter une démarche écoresponsable sur la toile. Quelles sont les techniques à disposition des acteurs du Web ? Vous avez peut-être déjà entendu parler d’écoconception web sans vraiment savoir ce qui se cache derrière ce terme. On vous explique tout sur la création de sites web moins énergivores, l’évaluation de son empreinte carbone et les actions à mettre en place pour créer un site web respectueux de l’environnement !

Définition de l’écoconception web

Pour comprendre l’écoconception web, vous devez d’abord comprendre le fonctionnement de l’écosystème du Web. On peut avoir tendance à penser qu’Internet forme un monde virtuel et inoffensif pour notre planète, mais cette perception ne reflète pas la réalité. Sans pour autant développer de l’éco-anxiété, prenons conscience que derrière un site web se cachent beaucoup de ressources. En effet, celui-ci est hébergé dans un centre de données. Pour y accéder, nous avons besoin d’un terminal (ordinateur, smartphone…) et le tout est connecté grâce à un réseau informatique. Tous ces éléments nécessitent des matériaux pour être construits et consomment de l’énergie pour fonctionner. Par exemple, pour fabriquer une puce électronique de 2 g, on exploite 32 kg de ressources naturelles.

L’écoconception web vise donc à réduire les impacts environnementaux des services numériques en améliorant leur conception et leur réalisation. Il ne s’agit pas seulement de rendre les sites web plus performants et plus efficaces, mais plutôt de les rendre plus efficients. Cela signifie qu’ils doivent consommer le moins de ressources physiques possible (mémoire vive, bande passante, carte graphique, etc.). Ainsi, un site respectueux de l’environnement :

  • requiert une configuration minimale pour l’internaute ;
  • monopolise le moins longtemps possible le réseau et les serveurs ;
  • limite le nombre de serveurs utilisés pour fabriquer ses pages.

L’écoconception web, définie en France par le GreenIT.fr en 2009, s’appuie notamment sur le standard ISO 14 062 Intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produits. En se basant sur cette norme internationale, cinq grands principes se dégagent. Pour créer un site web responsable, nous devons prendre en compte :

  1. Les fonctionnalités à intégrer sur le site.
  2. Tous les équipements physiques associés à son fonctionnement.
  3. Toutes les étapes de son cycle de vie (fabrication, utilisation, fin de vie).
  4. Une démarche d’amélioration continue (technique, ergonomie, expérience utilisateur, etc.).
  5. Les transferts de pollution à éviter. C’est par exemple le cas, si une réduction des émissions de gaz à effet de serre entraîne une augmentation de la consommation d’eau.

Certains de ces principes sont difficiles à maîtriser, mais en réalisant, chacun à notre niveau, des gestes écologiques nous pourrons faire avancer les choses.

Évaluation de l’empreinte carbone d’un site internet

Un site web produit en moyenne 0,8 g de CO2 par page consultée. Pour un site à 10 000 pages vues par mois, cela représente 102 kg de CO2 par an, soit l’équivalent d’un vol Paris-Berlin. Pour calculer l’empreinte carbone des sites internet, vous pouvez vous servir de plusieurs outils en ligne. Vous indiquez généralement l’adresse URL de la page que vous souhaitez tester pour obtenir une estimation de son impact environnemental.

Le site websitecarbon.com analyse la page web renseignée pour lui attribuer une note et la positionne par rapport à une moyenne globale. Il indique également si l’hébergeur du site l’alimente grâce aux énergies renouvelables ou non. La particularité ludique de cet outil ? Il fournit un équivalent de la production de CO2 annuelle de la page avec des usages du quotidien (nombre de tasses de thé, de charges complètes de smartphone, de kilomètres parcourus avec une voiture électrique, etc.).

Le site ecograder.com s’appuie sur trois éléments pour mesurer l’impact écologique d’une page web : le poids de celle-ci, l’UX design (l’expérience utilisateur) et l’hébergement. Une note sur 100 est attribuée pour différents critères dans chaque catégorie. Des conseils sont aussi apportés pour optimiser le site web.

Frédéric Bordage, l’un des principaux experts de l’écoconception web en France, met à disposition ecoindex.fr pour une analyse en français des pages web. De plus, une extension Chrome et Firefox de l’outil existe. Accessible via le panneau développeur du navigateur, elle s’adresse plutôt à un public de webmasters. Frédéric Bordage, dans son livre Écoconception web : les 115 bonnes pratiques (et sur le collectif.greenit.fr), offre une check-list de l’écoconception web pour évaluer l’empreinte carbone des pages web.

La France se met au « green », le gouvernement lance NumEcoDiag pour estimer si un site web est écoconçu. Cet outil se base sur les 79 critères du Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques (RGESN) répartis en 8 familles :

  1. Stratégie : pertinence du projet.
  2. Spécifications : éléments de cadrage du projet, moyens mis en œuvre, objectifs et contraintes sur toute sa durée de vie.
  3. Architecture : articulation entre le frontend (interface utilisateur visible) et le backend (partie serveur invisible).
  4. UX/UI : meilleures solutions d’interactions avec l’utilisateur.
  5. Contenus : documents et médias disponibles.
  6. Frontend : éléments permettant le fonctionnement du site sur le terminal de l’internaute (ordinateur, smartphone…).
  7. Backend : composants assurant l’activité du site côté serveur.
  8. Hébergement : moyens mis en œuvre côté serveur pour rendre possible l’utilisation du site.

➡️ Lisez l’article de Yasen Vasilev (développeur de solutions numériques durables) pour découvrir d’autres outils de mesures des émissions de carbone des sites web.

Actions à mettre en place pour un site web respectueux de l’environnement

En s’appuyant sur les différents référentiels (collectif.greenit.fr, RGESN…) beaucoup d’actions peuvent être instaurées pour réduire l’impact environnemental des sites web. Voici quelques solutions, parmi les plus simples à appliquer.

Choisir un hébergeur web vert

Les serveurs sur lesquels sont hébergés les sites web sont les premiers maillons responsables de la consommation d’énergie sur Internet. Il est important de bien choisir son hébergeur web. Outre les spécificités techniques et les tarifs proposés par ces derniers, il convient de s’intéresser à d’autres critères pour engager une démarche écoresponsable. Certains datacenters peuvent être plus « verts » que d’autres. Leurs serveurs sont alimentés par des énergies renouvelables. Ils établissent parfois une politique de compensation carbone de sorte à réduire leur impact environnemental. Comme l’on conseille de consommer plus local, il est aussi préférable de choisir un hébergeur local pour notre site web.

Définir l’utilité des fonctionnalités du site

Déjà évoqué précédemment, le choix des fonctionnalités à intégrer sur le site web est à prendre en compte dans la conception d’un site internet écologique. Les différentes fonctions ajoutées sur un site alourdissent le code des pages et augmentent leur vitesse de chargement. Cela impacte l’expérience utilisateur, mais accroît aussi la quantité de CO2 émise en raison du temps de chargement prolongé.

Avoir une bonne connaissance des utilisateurs du site permet de proposer des fonctionnalités répondant à leurs besoins, ce qui améliore leur expérience utilisateur. Avec les CMS (Content Management System) tels que WordPress, il vaut mieux éviter d’installer trop d’extensions. D’autant plus lorsqu’elles ne sont pas, ou très peu, utilisées.

Concevoir un design de site web épuré

De la même façon que l’on s’attache à limiter les fonctionnalités du site à l’essentiel, on conçoit des pages web avec un design sobre et épuré. Tout en respectant la charte graphique de l’entreprise, adaptez le graphisme et l’ergonomie de sorte à réduire la consommation d’énergie sur Internet. Par exemple, on va éviter les effets et animations qui ne sont pas nécessaires. Par ailleurs, servez-vous de deux polices d’écriture maximum pour alléger le projet web.

Utiliser des contenus numériques légers

Un design épuré ne signifie pas forcément qu’il n’y a pas de contenu sur le site internet. Les images et vidéos doivent être employées avec parcimonie. Elles apportent un intérêt à l’utilisateur, comme pour les fonctionnalités. De plus, les visuels sont optimisés pour le Web en adoptant le bon format et en réduisant leur poids. Une image servant de miniature à un article web n’a pas besoin de faire 7 Mo, une centaine de kilo-octets suffirait. Comme le dit Frédéric Bordage dans son livre « chaque octet a un impact dans le monde réel ».

« Réduire un seul kilo-octet dans un fichier chargé sur 2 millions de sites web réduit les émissions de CO2 d’environ 2 950 kg par mois. » Danny Van Kooten (développeur ayant œuvré à réduire l’empreinte carbone de sites web)

D’autres actions peuvent encore être entreprises pour créer un site web respectueux de l’environnement. Chaque pas vers une démarche écoresponsable est positif pour la planète. Les consciences changent, de plus en plus de personnes souhaitent calculer l’empreinte carbone de leur site internet et appliquer les principes de l’écoconception web. À l’aide des outils fournis dans cet article, mesurez l’impact écologique de vos pages. Faites votre check-list d’écoconception web pour avoir un site web responsable !

Amélie REVEL, pour e-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

Sources :