Au retour de l’école, votre enfant de petite section vous parle d’un camarade qui ne joue pas dans la cour de récréation et qui a du mal à communiquer. Vous le savez, c’est un enfant autiste. À votre tour, vous vous posez des questions. Comment expliquer l’autisme en maternelle ? Comment aborder sereinement le sujet du handicap et de la différence ? Voici nos précieux conseils pour parler de l’autisme à un enfant de 3 ans.

Se renseigner pour mieux expliquer l’autisme en maternelle

Avant de répondre aux différentes questions de votre enfant, il est important de se renseigner sur l’autisme. Les sources sont nombreuses et savoir expliquer un handicap à un tout-petit n’est pas forcément évident. C’est pour cela qu’il est indispensable de bien comprendre le sujet pour pouvoir en parler avec des mots simples.

L’autisme, c’est quoi ?

L’autisme, c’est un fonctionnement du cerveau différent de celui des personnes dites « neurotypiques » (c’est-à-dire des personnes sans trouble). Cela signifie qu’un enfant autiste ne perçoit pas le monde qui l’entoure de la même manière que ses camarades. Ce n’est pas une maladie mentale, mais un trouble neurologique qui se traduit par :

  • des difficultés de communication (troubles du langage, obstacles à la compréhension, contact visuel compliqué) ;
  • des interactions sociales limitées (perception et compréhension différentes des émotions) ;
  • des comportements spécifiques (développement de gestes répétitifs appelés « stéréotypies », intérêt restreint à un sujet particulier).

Une diversité d’autismes

« Il existe autant de formes d’autisme que de personnes autistes ».

Cette citation de Julie Dachez, dans La différence invisible, vient parfaitement illustrer ce que l’on nomme « les troubles du spectre autistique » (TSA). Les TSA ont d’ailleurs remplacé le terme « autisme » afin de mieux pointer la diversité des symptômes individuels. Selon l’association Autistes sans frontières, « 8 000 enfants autistes naissent chaque année, soit 1 enfant sur 100 ». Ce sont donc 8 000 nouvelles formes de TSA tous les ans. Si la définition est globale, les cas rencontrés sont quant à eux multiples.

L’inclusion, une richesse pour tout le monde

Depuis le 11 février 2005, la loi n° 2005-105 permet l’accueil de tous les enfants en milieu scolaire ordinaire. Dans la plupart des cas, les enfants en situation de handicap qui font leur rentrée à l’école sont accompagnés par un AESH (Accompagnant d’Élève en Situation de Handicap), anciennement appelé AVS. Cette avancée dans le processus d’inclusion des enfants porteurs de handicap est un réel bénéfice pour ces derniers, mais également pour leurs camarades. En effet, accueillir un élève à besoins spécifiques, c’est permettre aux autres écoliers de se sensibiliser à la différence en développant leur bienveillance et leur empathie. C’est aussi un excellent moyen de les responsabiliser et de leur inculquer la culture du respect.

⏩ Pour aller plus loin : Inclusion : quels bénéfices pour les autres ?

Accueillir les questions spontanées de l’enfant

S’interroger sur son propre rapport au handicap

Avant même de pouvoir répondre aux interrogations d’un enfant, il semble indispensable de se questionner soi-même sur son propre rapport au handicap :

  • Qu’est-ce que cela me renvoie ?
  • M’arrive-t-il de détourner le regard face à une personne en situation de handicap ?
  • Suis-je à l’aise avec les parents de cet enfant différent ? Si non, pourquoi ?

« Voir une personne handicapée, c’est souvent voir seulement un handicap, et c’est se dire, avant même de la connaître : je ne voudrais pas être comme elle. », Georges Tisseron dans Désinsulariser le handicap.

C’est en effet ce qui se passe souvent lorsque l’on voit une personne uniquement sous le prisme de son handicap. D’ailleurs, préférez l’expression « enfant en situation (ou porteur) de handicap » à « enfant handicapé ». Dans la première proposition, l’enfant est placé en tant que sujet principal ayant une particularité, alors que dans la deuxième, il est réduit à son trouble ou à sa maladie. Cette nuance peut sembler minime, mais elle a toute son importance dans le respect de ces personnes à besoins spécifiques.

Avoir un enfant autiste, ou porteur de handicap, est un réel chamboulement dans la vie des parents qui peuvent souffrir du regard des autres, et même d’isolement. Au même titre qu’on évitera de voir un enfant uniquement à travers son handicap, il est important de considérer ses parents en tant que tels. Lorsque l’on parle d’inclusion en milieu scolaire ordinaire, il ne faut pas oublier les parents, pour qui l’entrée de leur petit à l’école est un réel pas en avant.

Parler du handicap d’une manière positive

Les enfants sont très curieux. Ils débordent de questions qui peuvent parfois dérouter leurs parents avec des mots souvent sans filtre. Comme beaucoup d’autres sujets, le handicap n’est pas tabou. Parler de l’autisme à un enfant de 3 ans peut sembler difficile. Pourtant, le faire dès le plus jeune âge permet de dédramatiser des comportements que votre enfant pourrait qualifier de « bizarres ». Après tout, c’est humain : l’inconnu fait peur et dérange. En utilisant des mots simples et positifs, des termes appropriés et respectueux, vous pourrez alors essayer de répondre à ses interrogations. Ce n’est pas grave si vous n’avez pas toujours la réponse.

Si le handicap peut impressionner certains enfants (et certains adultes aussi), il est important de leur rappeler que ce n’est ni mal ni contagieux. Au contraire, côtoyer un élève en situation de handicap permet d’apprendre de nouvelles choses sur l’autre et sur soi-même.

Mettre en garde contre le harcèlement scolaire

Les problèmes de harcèlement scolaire existent dès l’école maternelle. Les enfants ayant des TSA, et plus généralement ceux porteurs de handicap, sont des proies faciles. Vulnérables, ils sont souvent victimes de moqueries, d’intimidation ou de violence. Dans les réponses aux questions de votre enfant, vous pourrez alors l’inciter à prendre la défense de son camarade atteint de troubles autistiques. Bien évidemment, il ne s’agit pas de lui demander de se bagarrer, mais d’aller prévenir un adulte.

⏩ Pour en savoir plus : Le harcèlement scolaire sous le prisme du handicap

illustration c'est quoi l'autisme Élise Gravel

Cette illustration d’Élise Gravel peut vous aider à trouver les bons mots pour expliquer l’autisme en maternelle. Source : Élise Gravel

⏩ À lire aussi : Il y a un autiste dans ma classe ! 10 astuces pour les copains 

Utiliser des supports pour parler de l’autisme à un enfant de 3 ans

Il existe de nombreux supports pour vous aider à communiquer avec votre enfant au sujet de l’autisme ou du handicap. Cette liste non exhaustive vous permettra d’appuyer les réponses que vous lui apporterez. C’est aussi un excellent moyen de lui faire passer des messages et d’améliorer sa compréhension. Voici nos 4 coups de cœur pour parler de l’autisme à un enfant de 3 ans.

1. La petite casserole d’Anatole, un livre référence sur le handicap

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La petite casserole d’Anatole, d’Isabelle Carrier, Éditions Bilboquet. Source : Éditions Bilboquet

Cet ouvrage est une référence pour parler du handicap aux enfants. Il ne traite pas spécifiquement de l’autisme et permet donc de discuter de tous les handicaps. On y retrouve Anatole qui traîne une petite casserole. On comprend bien en quoi cet objet qui le suit lui complique la vie. Les difficultés du personnage sont nommées, ce qui permet de développer l’empathie des jeunes lecteurs. Arrive alors une personne « extraordinaire » qui va l’aider à vivre plus sereinement avec sa petite casserole. À la lecture du livre, il est aisé de faire le lien avec l’AESH qui intervient auprès d’un enfant en situation de handicap dans la classe. L’enfant-lecteur pourra facilement l’identifier et comprendre son rôle.

2. Mon petit frère de la lune, l’autisme expliqué par une grande sœur

Ce court film d’animation est raconté par la grande sœur d’un petit garçon autiste. Avec ses mots d’enfants, elle explique pourquoi son frère est différent des autres. Ce témoignage très touchant permet aux tout-petits de comprendre le quotidien d’un enfant autiste, ses difficultés, ses goûts, ses peurs, etc. Avec beaucoup de tendresse, elle exprime son ressenti en tant qu’aînée.

« Moi, j’aimerais être une fée parce que je pourrais lui envoyer un sort pour qu’il préfère être ici que sur la lune ».

3. Mon ami Tom, des enfants qui parlent aux enfants

Cette vidéo, proposée par l’association Tous En Bleu Solidarité Autisme, explique très bien l’accueil d’un enfant autiste à l’école. Ses camarades décrivent avec humour et bienveillance les journées qu’ils partagent avec Tom. Plusieurs aspects du handicap y sont développés : le comportement de l’enfant autiste, ses intérêts spécifiques, mais également le bénéfice de l’accueil de Tom pour des élèves neurotypiques. En fin de vidéo, des conseils sont donnés pour permettre aux petits spectateurs de s’adapter aux besoins d’un enfant porteur de troubles du spectre autistique.

4. Mon ami, un livre sur la différence

livre mon ami astrid desbordes

Mon ami, d’Astrid Desbordes, Éditions Albin Michel Jeunesse. Albin Michel

Avec sa série Archibald, Astrid Desbordes développe des sujets variés mettant en scène son petit personnage. Dans Mon ami, Archibald expose sa rencontre avec ce garçon différent qui ne fait rien comme les autres et qui ne joue pas dans la cour de récréation. Au fil de l’histoire, il apprend à le connaître et à l’apprécier. Ce livre montre qu’un enfant peut créer du lien avec un camarade autiste. Cela permet de dédramatiser la différence pour en faire une richesse.

Le handicap n’a rien de tabou et il est important d’en discuter avec votre enfant dès son entrée à l’école maternelle. Accueillir ses émotions et y répondre de manière adaptée, c’est lui ouvrir la porte de l’empathie, nécessaire à l’inclusion des enfants en situation de handicap.

Coline LAULHÉ pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.

Sources :