Pour la majorité d’entre nous, une bibliothèque est destinée au prêt de livres. En extrapolant un peu, on pourrait la définir comme un lieu de culture, un jardin des savoirs. Il n’en fallait pas plus pour voir une drôle d’idée germer : la création de grainothèques dans les bibliothèques ! Concept loufoque ou innovation de génie ? À vous de décider en découvrant comment le phénomène a vu le jour et pourquoi il est en plein essor.

À l’origine des grainothèques : l’envie de faire cohabiter deux cultures

La première grainothèque est sortie de terre en 2012, dans une bibliothèque publique d’Oakland, aux États-Unis. Son mode de fonctionnement ? Mettre les graines de différents fruits et légumes à disposition de ses visiteurs et abonnés. Ses objectifs ? Apporter de la variété dans les assiettes, et cultiver la notion de biodiversité. Le principe est clair sur le papier.

En revanche, le choix du lieu peut paraître surprenant. Grammaticalement parlant, coller le même suffixe à deux mots ne leur donnera pas une racine commune. Pourtant, une certitude demeure : à l’époque, une partie de la population restait étrangère aux espaces dédiés aux livres. On y expliquera donc l’implantation des grainothèques par une envie d’ouvrir leur champ des possibles.

Si on ne peut être sûrs que les moineaux attirés sont devenus rats de bibliothèque, force est de constater que la mayonnaise a pris. En moins d’une décennie, des grainothèques se sont mises à pousser aux quatre coins des États-Unis. Mais qu’en est-il du reste du monde ?

Aujourd’hui, le phénomène écoresponsable n’en finit plus de pousser !

Comme pour tout concept innovant et fédérateur, les grainothèques ont vite fait de franchir les frontières de leur territoire d’origine. D’ailleurs, dès 2013, les premiers espaces dédiés aux semences ont vu le jour en France. Vous n’en avez jamais entendu parler ? Il faut dire que le phénomène est resté plutôt discret jusqu’ici. Mais, entre la crise COVID qui a suscité l’envie de revenir aux fondamentaux et la prise de conscience écologique de ces dernières années, le terrain est devenu fertile. Depuis 2020, les grainothèques s’étendent dans les bibliothèques de l’hexagone.

Cependant, on a pu identifier plusieurs types d’organisation :

  • le don de graines, dont l’objectif est purement éducatif ;
  • l’échange, qui apporte un côté écoresponsable au dispositif ;
  • les graines en prêt, qui respectent le principe fondateur des bibliothèques.

Pour cette dernière catégorie, les usagers s’engagent à restituer leur emprunt dans un laps de temps imparti. De leur côté, les bibliothécaires s’investissent dans une véritable démarche pédagogique. Certains mettent en place des ateliers pour apprendre à faire son jardin, d’autres rédigent des fiches tuto sur les techniques de récoltes.

Enfin, certains se réapproprient totalement l’idée, en créant des concepts hybrides. Ainsi, des bouturothèques – dont vous saisirez aisément le sens – ont fleuri ici et là. Mieux encore, des évènements conviviaux s’installent dans le sillage des grainothèques. On prendra pour exemple ces bibliothèques qui permettent à leurs adhérents d’échanger graines et bons mots autour d’un café, quand vient le temps des récoltes.

Vous l’aurez compris, les bibliothèques se réinventent pour élargir leur public. Et s’il est concevable de rester sceptique devant l’introduction de grainothèques dans le milieu du livre, on conviendra que l’objectif est louable. Et puis, il existe bien des écrivains jardiniers. Quoi de plus normal que de voir leurs lecteurs en prendre de la graine !

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Laëtitia Lorenzon, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW.

Sources :
actuallite.com
partageonslesjardins.fr