Saviez-vous que l’agriculture utilise 70 % de la consommation mondiale d’eau ? Face à l’épuisement du modèle agricole actuel et à la raréfaction de l’or bleu à l’échelle mondiale, des nouvelles techniques agricoles plus adaptées émergent. C’est le cas de l’aquaponie, symbiose entre l’aquaculture et l’hydroponie. Cette méthode de production durable combine innovation et savoir-faire ancestraux pour élever des poissons en association avec la culture de plantes. Et tout ça grâce à des bactéries ! Dans cet article, découvrez les principes de ce système agro-écologique, ses avantages, et comment se lancer chez vous.

« L’agriculture, c’est la base de la culture. » Maurice Béjart

Qu’est-ce que l’aquaponie ?

L’aquaponie est une méthode de production qui associe l’aquaculture conventionnelle avec l’hydroponie, c’est-à-dire la production de végétaux dans l’eau. Le mot lui-même est une contraction (un mot-valise) des mots « aquaculture » et « hydroponie ».

Dans cet écosystème en cycle fermé, les plantes et animaux aquatiques (poissons ou crustacés) évoluent en symbiose. Les déjections des poissons, une fois rejetées dans l’eau, sont transformées en nutriments grâce à des bactéries naturelles. Les plantes se nourrissent des éléments nutritifs contenus dans l’eau et la filtrent en retour. C’est une sorte d’économie circulaire appliquée à l’agriculture.

Poissons, bactéries, plantes : le cycle vertueux de l’aquaponie

Le cercle vertueux de l’aquaponie. Crédit : Aquaponia l’aquaponie by Echologia

À l’heure actuelle, la majorité des animaux aquatiques élevés en aquaponie sont des poissons d’eau douce comme la truite ou la perche. La maîtrise de ce système en milieu salé est beaucoup plus complexe. Il existe cependant des entreprises qui expérimentent l’élevage de crevettes ou de gambas. Il est également possible d’élever des espèces ornementales, non comestibles, comme le traditionnel poisson rouge ou la carpe Koï.

Au niveau du compartiment végétal, les possibilités sont beaucoup plus nombreuses. Les légumes à feuilles vertes (salades, épinards, choux, poireaux) et les plantes aromatiques (basilic, ciboulette, menthe, coriandre, persil) sont les plus adaptés à la culture aquaponique, car les besoins nutritifs sont relativement faibles. Dans les systèmes plus complexes, il est également possible de cultiver des tomates, concombres ou poivrons.

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Aquaponie ancestrale : quelle est l’origine de cette pratique vertueuse ?

D’apparence moderne, l’aquaponie est en réalité une technique très ancienne. Cette méthode est utilisée depuis le IVe siècle en Chine, où la pisciculture (l’élevage de poissons) est associée à la riziculture (culture du riz).

Rizière en terrasse

Ancêtre de l’aquaponie : la rizipisciculture, qui combine la riziculture et la pisciculture. Crédit photo : Steve Douglas sur Unsplash.

En Amérique du Sud, les Aztèques ont également pratiqué l’aquaponie jusqu’au XVIe siècle, en inventant les chinampas, îles artificielles flottantes sur lesquelles ils cultivaient du maïs ou des haricots. Les plantes étaient fixées sur ces îlots, construits à l’aide de joncs et de boue, et leurs racines trempaient dans l’eau. Les végétaux étaient donc alimentés par les rejets organiques des poissons.

L’aquaponie est donc un mode de production alimentaire vertueux, économe en eau et en espace. De ce fait, la culture aquaponique est particulièrement adaptée aux zones urbaines et périurbaines. Elle peut se pratiquer à l’intérieur, sur les toits d’immeubles ou même sur des terrains inutilisables en agriculture classique. C’est aujourd’hui l’une des tendances en vogue dans l’agriculture urbaine.

Ce système profite de l’essor des circuits courts, et favorise le développement d’une économie locale et de vente directe. Il s’inscrit dans une démarche de développement durable, à l’image de la permaculture, limitant de fait les coûts et émissions de CO liés au transport. L’aquaponie promet ainsi des produits sains, frais, de saison, locaux et sans produits chimiques.

Quels sont les avantages et les enjeux de la culture aquaponique moderne ?

Aujourd’hui, la technologie moderne a permis de perfectionner l’aquaponie, pour en faire un système efficace. En 2017, le Parlement européen l’a classée dans l’une des « dix technologies qui pourraient changer nos vies ». En effet, les avantages de cette méthode de production sont multiples :

  • De nombreuses études ont établi que l’aquaponie permet de consommer 90 % d’eau de moins qu’une culture en pleine terre, car elle fonctionne en circuit recirculé. Ce système permet donc de réduire drastiquement la consommation d’eau.
  • Il n’est pas nécessaire d’ajouter de l’engrais aux plantes, car il est apporté directement, et naturellement, par les poissons. Il n’y a pas non plus d’ajout de pesticides ou d’herbicides, d’une part car ce n’est pas nécessaire, et d’autre part, car cela pourrait nuire aux poissons. Les aliments produits en aquaponie sont donc sains et biologiques.
  • L’aquaponie apporte une solution pour une agriculture moins intensive et plus respectueuse des animaux. C’est une alternative éthique à l’agriculture traditionnelle.
  • Ce système s’adapte à toutes les surfaces et peut se développer dans nos villes. Grâce à ses faibles besoins en eau, elle permet aussi la production de végétaux et poissons dans des régions où l’accès à cette ressource naturelle est limité. C’est un moyen d’utiliser efficacement les terres non cultivables ou les espaces urbains.
Champ victime de la sécheresse

L’aquaponie peut améliorer la sécurité alimentaire des pays victimes de la sécheresse. Crédit photo : Md. Hasanuzzaman Himel sur Unsplash.

On estime que la production alimentaire globale doit augmenter de 50 % pour répondre aux besoins de la population mondiale. L’agriculture traditionnelle ne pourra pas répondre à cette demande croissante tout en faisant face au changement climatique, à la diminution des terres fertiles et à la raréfaction de l’eau douce. Des alternatives de production alimentaires comme l’aquaponie sont donc indispensables pour l’alimentation de demain.

Comment se lancer avec un système aquaponique à la maison ?

Conscients des enjeux environnementaux ou simplement désireux de maîtriser la qualité de leur alimentation, de nombreux particuliers développent déjà des systèmes aquaponiques à domicile.

Potager hors-sol

L’aquaponie marie le potager et l’aquarium. Crédit photo : Jonathan Hanna sur Unsplash.

Il est tout à fait possible d’aménager dans son jardin, ou sur son balcon, un espace dédié à l’aquaponie. Dans la pratique, cela revient à combiner son potager avec son aquarium ! Pour vous guider, de nombreux livres existent ainsi qu’un grand nombre de sites dédiés à l’aquaponie. Et pourquoi ne pas vous offrir une formation ? Plusieurs organismes proposent des ateliers accessibles aux particuliers.

Enfin, il existe également des kits clés en main, pour produire facilement de la nourriture saine sur votre balcon, dans votre jardin ou même dans votre bureau Feng Shui ! Faciles à installer, ces kits comprennent généralement tout le nécessaire pour configurer votre système aquaponique : bassin à poissons, lit de culture, billes d’argiles pour les plantes, et même les bactéries !

La capacité de production d’un système aquaponique est supérieure à celle d’un potager classique. Son entretien demande moins de travail, car il n’y a pas besoin de bêcher la terre, de désherber ou d’arroser. L’économie d’eau est aussi un atout considérable, surtout dans les régions où la pluie se fait rare. Installer un système aquaponique chez soi, c’est rendre sa maison plus écologique.

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Finalement, se lancer dans l’aquaponie peut être une activité ludique et enrichissante, à faire en couple ou en famille ! Créer son système aquaponique est aujourd’hui à la portée de tout le monde. Il vous permettra de manger sainement tout en faisant un geste écologique pour la planète. Alors, prêt à vous lancer ?

Doriane Stagnol, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Carine, tuteur de formation chez FRW.

Sources :

Aquaponia

Projet APIVA

FAO