Vous vous sentez submergés par un trop plein d’actualité ? Vous ne savez plus où donner de la tête ? Ce sentiment résulte de l’infobésité. Elle se définit comme un excès d’information face aux outils numériques. Ce phénomène gagne de l’ampleur, accéléré par notre hyperconnexion. Nous subissons quotidiennement de nombreuses sollicitations diverses et variées. Ce déluge informationnel crée une surcharge cognitive qui impacte notre santé. Pour lutter contre l’infobésité, des réponses existent. Gérer le surplus d’informations ne s’improvise pas : il n’y a pas de méthode miracle. Améliorer son bien-être passe par le tri de ce flux incessant. Découvrez les prémices d’une organisation pour retrouver sérénité et efficacité.
La maîtrise du FOMO : gérer le surplus d’informations
L’accès à l’information n’a jamais été aussi facile. Toutefois, nous sommes souvent perdus par cette masse en constante évolution. L’accroissement des données numériques disponibles nous impose une cadence effrénée : la quantité produite sur la dernière décennie a été multipliée par 30. Les prévisions estiment même qu’elle augmentera de 20 % par an. N’en jetez plus !
Le volume est tel que nous devenons inquiets de louper l’essentiel. Cette crainte de manquer une information importante se désigne sous l’acronyme anglais FOMO (Fear Of Missing Out). Il se relie très souvent au phénomène de la nomophobie, terme issu de la contraction anglaise no-mobile phobia. Elle se manifeste par une peur panique d’être séparé de son smartphone.
Ces deux phénomènes reflètent la dépendance à laquelle nous sommes confrontés au quotidien face à :
- la multitude d’outils numériques à votre disposition ;
- la masse d’informations reçues par des médias de plus en plus nombreux (radio, podcast, Internet, télévision, forum…) ;
- l’instantanéité des interactions sur les réseaux sociaux.
« L’humanité moderne est malade de FOMO, et bien que nous ayons plus de choix que jamais auparavant, nous avons perdu la capacité de vraiment prêter attention à tout ce que nous choisissons. » – Yuval Noah Harari, Homo Deus : Une brève histoire du futur
Les solutions pour maîtriser le FOMO :
- Abandonnez l’idée de l’exhaustivité. Votre cerveau n’est pas dimensionné pour pouvoir emmagasiner l’intégralité des informations.
- Autorisez-vous le droit à la déconnexion. Tout ne se joue pas en ligne. Profitez de la vie réelle : rencontrez du monde (sorties entre amis, repas de famille) et aménagez-vous des instants de détente pour jouir du moment présent (activités physiques, méditation, respiration).
- Désactivez les notifications sur votre téléphone (et tout autre outil). Reprenez le contrôle de votre quotidien. C’est à vous de décider à quelle période vous souhaitez consulter vos messages. Vous ne devez pas être l’esclave de votre smartphone tout au long de la journée.
⏩ Pour en savoir plus, découvrez les bienfaits de la méditation sur la productivité.
Le tri des informations : échapper à la surcharge cognitive
Les causes de l’infobésité sont connues. Daniel Bell les décrit déjà dans son ouvrage Vers la société post-industrielle (1976). Selon le sociologue, trois phénomènes cadencent la société moderne : l’information, les flux à l’origine de sa circulation et les technologies qui relayent ces flux. Aujourd’hui, la numérisation intensifie la diffusion, et avec, sa quantité et sa facilité d’accès.
Notre hyperconnexion nous abreuve d’un déluge informationnel. Les chiffres sont parlants :
- Un internaute surfe en moyenne 2 h 26 par jour sur Internet (3 h 53 pour les 15-24 ans), principalement sur un mobile.
- Il passe 45 minutes sur les réseaux sociaux et messageries.
- 7 Français sur 10 visitent des sites d’actualité chaque mois.
Cette quantité ne délivre pas pour autant de la qualité. Entre anxiété et culpabilité, les conséquences sont sans commune mesure. Cette surcharge cognitive nous pousse parfois à l’épuisement émotionnel, au détriment de notre santé.
Notre attention rivalise tout au long de la journée avec des sollicitations toujours plus nombreuses :
- Le multitasking (multitâches, pratique de plusieurs activités numériques en même temps) impacte notre productivité et notre efficacité.
- Le blurring (floutage des frontières entre la vie privée et professionnelle) s’est également intensifié avec la crise sanitaire et l’hybridation du travail.
Le temps est une ressource limitée. Il est impératif de gérer le surplus d’information, pour éviter l’excès. S’organiser devient alors une priorité pour résister.
Les bonnes pratiques pour filtrer les informations :
- Réduisez le nombre d’applications. Moins vous en aurez, moins vous serez exposés à un flot de sollicitations trop denses. Privilégiez la qualité à la quantité. Cela contribue également à la protection de notre planète.
- Faites le tri régulièrement pour ne pas vous laisser submerger. Sélectionnez vos sources pour ne pas les accumuler. Avez-vous toujours besoin d’être abonné à ce magasin sur Instagram ? Pourquoi ne pas vous désinscrire de cette newsletter ?
- Agrégez vos flux d’informations (via des agrégateurs de « flux RSS »). Des outils (Inoreader, Feedly) existent pour les réunir au même endroit (Facebook, Instagram, YouTube, blog…). Ils affichent uniquement celles que vous avez choisies sans vous exposer aux publicités ou autres sollicitations non souhaitées.
⏩ Pour aller plus loin, vous pouvez aussi aménager votre bureau pour être plus productif et concentré.
L’organisation pérenne : lutter contre l’infobésité
Maîtriser le FOMO et trier ses informations sont les 2 piliers. Ils participent à définir les premières actions que nous devons mettre en place. En complément, les clés pour combattre l’infobésité résident dans une stratégie personnelle et professionnelle, sous 2 aspects : la prise de notes et l’organisation de votre agenda.
Écrivez et prenez des notes
La société actuelle pousse à la consommation plus qu’elle nous invite à la réflexion. Cela ne concerne pas uniquement les biens matériels : l’information est également touchée. La première des solutions réside dans notre capacité à nous libérer l’esprit. Pour cela, le premier remède est simple : écrire.
Pour alléger votre charge mentale, prenez des notes :
- Dès qu’une idée émerge et pour éviter de détourner votre attention de votre occupation du moment, consignez-la sur un carnet ou une application dédiée.
- Si vous pensez à une action à réaliser (courses, rendez-vous à fixer…), créez une liste de tâches. Elle soulage votre cerveau de cette contrainte. Vous pourrez y revenir lorsque vous le souhaiterez.
- Il sera ensuite plus simple de reprendre vos notes, de les prioriser et d’éliminer celles qui vous semblent inutiles.
Organisez votre agenda
Le multitâche reste un mythe. Si vous souhaitez réaliser correctement un travail ou une obligation, vous devez vous y vouer pleinement.
- Structurez votre calendrier hebdomadaire en définissant les objectifs de chaque plage horaire. En focalisant votre attention sur vos missions de la semaine et des créneaux dédiés, votre esprit se libère de cette charge.
- Effectuez des tâches similaires ensemble pour maximiser votre efficacité. Besoin de traiter des documents administratifs ? Consacrez une heure sur le sujet plutôt que de le répartir sur 4 sessions de 15 minutes.
- Commencez vos journées par les obligations plus compliquées. Rappelez-vous la métaphore de Mark Twain : « mangez une grenouille vivante la première heure le matin et rien de pire ne vous arrivera le reste de la journée ». En résumé, en accomplissant vos actions les plus ennuyeuses en premier, la suite n’en sera que plus agréable.
- Enfin, prenez des pauses régulières, pour aller marcher par exemple. En vous accordant 15 minutes environ toutes les 2 heures, votre productivité et votre motivation n’en seront que décuplées.
« Si quelqu’un passait 80 années de sa vie sans dormir à visionner Instagram uniquement, il ne pourrait voir que l’équivalent de ce qui est diffusé sur la plateforme en 7 minutes. » – Annie Le Brun, essayiste et critique d’art
Vertigineux !
Tout concourt à accroître la création et la propagation d’informations : le déploiement du très haut débit (5G, fibre…), les travaux d’accès à Internet pour tous ainsi que le déploiement des objets connectés. L’infobésité n’est pas une fatalité. Nous devons mettre en pratique dès aujourd’hui une méthodologie pour protéger notre cerveau et notre santé.
Le monde numérique n’est ni bon ni mauvais. C’est l’utilisation que l’on en fait qui détermine sa pertinence. Faites des choix, sélectionnez vos contenus, automatisez vos tâches, limitez votre exposition aux réseaux sociaux… Vous n’êtes pas tenus de vous soumettre au dictat des outils digitaux. Ils doivent rester des assistants au service de votre bien-être ! Vous avez les cartes en main.
Sébastien HAMEON, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Élodie, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
- Nouveaux comportements et addictions au travail à l’ère de l’hyperconnexion, The Conversation ;
- Mobile-déprime et e-anxiété, quand les réseaux sociaux nous rendent malades, The Conversation ;
- Pratique et usages numériques, Samy Ben Amor, Lucia Grange.
Bonjour,
Merci pour cet article sur l’infobésité! Problème de plus en plus important !
Pourtant pas nouveau, comme le faisait comprendre Sénèque il y a bientôt 2000 ans “Que me font ces milliers de livres, ces bibliothèques innombrables, dont, pour lire les titres, toute la vie de leurs propriétaires suffirait à peine ? Cette multiplicité des livres est plutôt une surcharge qu’un aliment pour l’esprit; et il vaut mieux s’attacher à peu d’auteurs que d’égarer, sur cent ouvrages, son attention capricieuse”.
Concernant le logiciel, j’utilise Workflowy, il permet de centraliser une sacré quantité d’infos au même endroit.
À très vite.
Julien