Nos rues seront-elles bientôt plus vertes ? Visibuilt, une jeune start-up danoise, développe le premier liant d’asphalte au monde à base de mycélium, la structure racinaire du champignon. Son objectif ? Produire des enrobés écoresponsables, et réduire la dépendance de toute une industrie aux matières fossiles. Allez, on vous en dit plus dans cet article.
Quand la nature offre ses vertus à la chaussée
Cette trentenaire en est convaincue. L’avenir est au mycélium ! En 2023, Line Kloster Pedersen a fondé l’entreprise Visibuilt avec la ferme intention de le faire sortir de terre. C’est d’ailleurs au cours d’une marche en forêt qu’elle a eu l’idée… Sa société développe un procédé innovant à partir de cet organisme vivant pour remplacer le traditionnel bitume, un liant polluant issu du pétrole. Ce dernier représente 4 à 7 % de la composition totale de l’asphalte. Et il est aussi le plus couramment utilisé pour sa production. Alors qu’il revêt toutes nos routes, trottoirs ou parkings, le potentiel est immense !
« Lorsque j’ai réalisé qu’il y avait un besoin non satisfait dans l’industrie de l’asphalte, je me suis dit que j’avais trouvé mon créneau et que je pouvais vraiment contribuer à créer un impact dans le monde », Line Kloster Pedersen, présidente de Visibuilt.
Le mycélium, la partie végétative des champignons composée de filaments, est durable et biodégradable. Il fait son chemin dans différents domaines. Il possède en effet des propriétés qui le rendent intéressant pour de multiples applications : médicaments, textile, secteur alimentaire, construction, etc. C’est une matière légère, imperméable et résistante au feu. Il est aussi un bon isolant thermique et acoustique. On peut ainsi l’utiliser dans le bâtiment pour la fabrication de briques ou de panneaux insonorisants. Et désormais, les enrobés !
Des économies d’énergie à la clé
Tout d’abord, un petit rappel sur la constitution de l’asphalte :
- Il est composé en moyenne de 95 % de granulats : gravier, sable, cailloux ou fines pierres concassées, qui lui donnent sa structure et sa solidité.
- Le liant permet d’obtenir les qualités adhésives et la résistance à l’eau. On incorpore éventuellement des additifs pour renforcer certaines propriétés.
Un mélange à base de bitume doit être chauffé entre 140 °C et 180 °C environ pour être mis en œuvre. La solution écologique, issue d’un procédé de fermentation, est quant à elle produite à température ambiante. Résultat : on réduit de 90 % la consommation d’énergie et on divise par deux les émissions de CO2 !
En revanche, la durée de séchage est plus longue. Par la méthode conventionnelle, un enrobé refroidit et durcit en un jour. Deux semaines sont nécessaires avec le mycélium. La raison : il a besoin de temps pour former un réseau stable.
Le défi de la commercialisation
Avec l’appui de quatre nouveaux partenaires, dont des pionniers dans les biotechnologies, Visibuilt cherche désormais à passer à la vitesse supérieure. La start-up vient ainsi d’achever une levée de fonds de 1,1 million d’euros afin de poursuivre ses efforts en recherche et développement, et de recruter des forces vives. Cela devrait lui permettre de finaliser son tout premier produit.
Elle l’a d’ailleurs récemment testé auprès d’un grand chantier de construction en Europe du Nord. L’expérimentation s’est révélée concluante en première instance. Il convient désormais de s’assurer que l’enrobé conserve ses propriétés dans la durée tout en étant soumis aux conditions réelles de trafic. D’autres essais en extérieur sont prévus à cet effet.
L’entreprise a encore du chemin à parcourir pour convertir une industrie aux pratiques bien ancrées. Mais la demande existe et les perspectives sont prometteuses ! D’ici là, pourquoi pas un petit tour à pied en forêt ? Et prenez garde aux champignons…
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Joël Bertin, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
https://www.deutschlandfunknova.de/nachrichten/start-up-idee-oeko-asphalt-aus-pilzen
