Le shinrin-yoku, traduction japonaise du bain de forêt, consiste à se balader dans la forêt en découvrant cette nature généreuse à travers notre dimension sensorielle. Le docteur Qing Li, expert en sylvothérapie, a mené plusieurs études sur le sujet. Il affirme qu’entrer en contact avec les arbres a un effet positif sur notre santé, tant physique que mentale. Tester son premier bain de forêt, c’est accepter un instant de dire non au rythme frénétique de la vie. Je vous propose 7 étapes pour vivre l’expérience de la forêt de manière plus profonde et plus intense, bien au-delà du câlin aux arbres !

1. Bien s’équiper pour tester son premier bain de forêt

Jeter un œil sur la météo

Avant même d’expérimenter votre première balade dans les sous-bois, vérifiez la météo ! En cas d’orage ou de vent fort, choisissez de reporter votre sortie. Si le temps est clément, équipez-vous et partez en forêt !

Porter des vêtements couvrants

Qui dit tester son premier bain de forêt, dit marcher au milieu de la nature, des arbres et de leurs branches qui risquent de chuter. Pensez donc à vous munir de bottes, de baskets ou de chaussures de marche et de vêtements couvrants qui protègent également des tiques.

Prévoir son matériel

Prévoyez un sac à dos contenant une bouteille d’eau, un petit casse-croûte, un vêtement chaud et/ou imperméable et une carte du lieu, au cas où le réseau téléphonique ne passerait pas. Vous pouvez également vous munir d’une loupe pour observer la forêt dans ses détails les plus insoupçonnés. Pensez au sac poubelle pour collecter les déchets de votre pique-nique, un geste éco-responsable simple.

Programmer une balade d’au moins une heure

Prévoyez au moins une heure d’immersion en forêt pour optimiser les bénéfices de cette purification sylvatique. Le temps nécessaire pour entrer en contact approfondi avec l’énergie de la forêt et de votre propre nature. Pour apaiser votre corps, votre mental et vos émotions.

2. Choisir la forêt idéale

Consulter les offices de tourisme

Chênes, hêtres, épicéas, une multitude d’arbres vous accueillent les branches grandes ouvertes pour une balade à votre rythme et selon vos besoins. Entrer dans cette cathédrale verdoyante, c’est plonger dans une aventure sylvatique oxygénante. Peu importe que vous soyez novice ou aguerri, seul, en famille ou entre amis, l’essentiel est avant tout de bien vous renseigner. Pour choisir la forêt qui pourrait convenir à vos critères, pensez tout d’abord à consulter les sites internet des offices de tourisme ou à les contacter directement pour obtenir des conseils adaptés.

Choisir des feuillus ou des conifères

Selon l’énergie dont vous avez besoin dans l’instant, vous pouvez choisir des forêts de feuillus ou de conifères. Se balader dans une forêt de chênes n’aura pas les mêmes effets que marcher parmi les sapins. Les arbres feuillus, avec leur silhouette tout en rondeurs, s’ornent d’une ramure aux camaïeux vert plus clair qui laisse passer le soleil. Tandis que les sapins arborent une stature plus droite et des aiguilles au vert plus foncé. Lesquels engendrent un environnement plus sombre. Les forêts de feuillus possèdent donc des vertus relaxantes. Tandis que les futaies de conifères provoquent plutôt un effet tonifiant, voire excitant. Quoi qu’il en soit, suivez votre instinct !

Suivre son intuition

À vous de choisir la forêt qui vibre à la fréquence de votre énergie du moment, pour optimiser le processus de ressourcement naturel. Laissez votre intuition vous guider, selon le contexte, la saison. Vous pouvez ensuite suivre les chemins aménagés, ou emprunter vos propres sentiers, en restant à proximité du circuit principal et en veillant à votre sécurité. Vous pouvez décider de marcher en conscience tranquillement sur le chemin balisé, puis vous en écarter pour accéder à un point d’eau, un bosquet d’arbres ou encore une clairière qui vous appellent.

3. Prendre un temps de recentrage avec soi-même à l’orée des bois

Le mental en mode avion pour son premier bain de forêt

Prenez un temps de connexion avec vous-même, avant de pénétrer dans cette cathédrale boisée. Ayez ce premier réflexe d’activer le mode avion de votre téléphone et de votre mental. Objectif : vous envoler en légèreté vers la canopée ! Débranchez le pilotage automatique. Si vous avez une montre à votre poignet, rangez-la dans votre sac à dos. Autorisez-vous à déposer vos pensées quotidiennes à la lisière de la forêt pour plonger dans votre bain verdoyant. Il est temps de vous ancrer dans l’instant présent pour vous octroyer une parenthèse avec vous-même et offrir à la forêt votre regard neuf.

Ancrage

Pour commencer, vous allez vous recentrer sur vous-même. Vous êtes debout, les pieds bien à plat sur le sol, les jambes écartées sur la largeur du bassin. Vos chevilles, genoux, hanches sont relâchés, juste ce qu’il est nécessaire pour vous ancrer dans votre verticalité. La tête est alignée dans l’axe de la colonne vertébrale, les épaules se relâchent en direction de la terre, le regard porte au loin, la mâchoire et les joues sont détendues.

Respiration en conscience

Dans cette atmosphère de lâcher-prise, autorisez-vous à fermer les yeux. Idéal pour explorer intérieurement toutes les sensations corporelles, lentement, en conscience, de la tête aux pieds, des pieds à la tête. Portez votre attention sur votre souffle, sentez l’air qui entre dans vos narines, un peu plus frais, sur l’inspiration et qui ressort un peu plus tiède sur l’expiration. Inspirez 5 secondes et expirez profondément 5 secondes, le tout pendant 3 à 5 minutes. Cette respiration appelée cohérence cardiaque ralentit le rythme du cœur et réduit la pression vasculaire.

Pensez également à tout ce dont les végétaux vous font bénéficier, à travers l’oxygène qu’ils expulsent et que nous inhalons, le gaz carbonique que nous expirons et qu’ils absorbent. Là où certains penseront échange anthropomorphique, d’autres y verront tout simplement de la poésie, de la gratitude.

Circulation de l’énergie

Observez les tensions éventuelles de votre corps, de vos émotions. Le but n’est pas de rester rigide, mais présent.e au balancement respiratoire permanent, au jeu des tensions/relâchements, aux micro mouvements du corps, à l’énergie qui circule en vous.

4. Se laisser guider par ses perceptions sensorielles

Marche lente et consciente

Maintenant que le calme s’est installé en vous, prenez le temps de ressentir si votre corps est prêt à se mettre dans le mouvement de la marche. Éprouvez cette mobilisation lente et douce, à l’écoute de toutes vos sensations. Tester son premier bain de forêt, c’est renouer avec la nature, pas à pas, prendre conscience du contact des pieds avec les différents reliefs du sol. Restez le plus souvent possible attentif à votre respiration. De temps en temps, inspirez et expirez profondément pour remplir vos poumons de cet air pur et des parfums qui vous entourent.

Espace sensoriel

S’immerger dans les bois c’est regarder, écouter, respirer, toucher, goûter cet environnement autrement, pour ouvrir l’espace de détente qui se crée en vous. Prenez le temps de rencontrer, de découvrir, de vous laisser surprendre par la nature qui vous entoure, présente, vivante. Écoutez le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles les unes contre les autres. Ressentez le balancement des branches avec le vent, le déplacement furtif d’un lézard sur votre passage. Sortez la loupe de votre sac à dos. Et amusez-vous à observer une fleur de très près, les nervures d’une feuille, les ailes d’un papillon, le détail d’un tronc. Caressez la mousse humide, prenez une poignée de terre et humez son odeur. Imprégnez-vous de la forêt dans toute sa richesse sensorielle. Pensez à ce que chaque parfum vous évoque, un souvenir peut-être ?

Câlin aux arbres

Difficile de vous parler de bain de forêt sans évoquer le sempiternel câlin aux arbres, finalement assez réducteur des infinies possibilités de prise de contact avec la forêt. Vous pouvez faire le choix d’une connexion tactile avec la forêt dans sa globalité. Laissez la place à votre imagination, à vos émotions. Approchez-vous d’un buisson, d’une plante, d’un bosquet fleuri ou d’un arbre qui vous inspire. Faites-vous confiance et ressentez si le végétal accepte le contact. Tenez délicatement une feuille, une branche, un tronc, comme si c’était sa main, son bras, son buste. Imaginez, ressentez comment cet élément de la nature accueille ce contact si subtil.

Les phytoncides

La futaie offre l’énergie des arbres grâce à la présence de toutes les essences végétales qui se diffusent dans l’air et des bienfaits des phytoncides libérés par les arbres. Des molécules que nous captons par les pores de la peau et par notre respiration. Lesquelles sont réputées pour leur capacité à réduire le stress, la tension artérielle, ou à renforcer le système immunitaire.

5. S’autoriser à se connecter à son enfant intérieur

Hormones du bonheur

Dans la nature, la posture idéale est celle de l’enfant curieux, joueur, joyeux, prêt à partir pour une nouvelle aventure remplie de surprises et de découvertes. Tester son premier bain de forêt est l’occasion de retrouver l’enfant qui dort en soi, les souvenirs des moments insouciants à courir dans les chemins, à grimper aux arbres, sur les rochers, à rire, se réjouir, s’émerveiller. Instants délicieux hors du temps qui nous transportent dans cet espace de liberté où tout est possible. Le plaisir de jouer, de partager ces moments ludiques active les hormones du bonheur : la dopamine, l’ocytocine ou l’endorphine.

L’ange gardien et l’aveugle

Voici un exemple de partage ludique que vous pouvez expérimenter à deux : l’ange gardien et l’aveugle. Le premier bande les yeux du second et lui propose une balade guidée de la forêt. L’aveugle touche les éléments de la nature, les sent, sur l’invitation de son ange gardien. L’aveugle choisit la façon dont il entre en contact avec son guide, soit en lui tenant la main, soit en posant sa main sur son bras, son épaule, soit en se reliant à lui par un bâton. Tout se joue dans le lien de confiance qui s’instaure entre les deux protagonistes. Chacun peut rester silencieux, ou commenter, s’égosiller. Il s’agit de vivre son immersion forestière sans le sens de la vue. Des émotions sensorielles et fous rires en perspective !

6. Créer avec les éléments de la forêt

Le land art

Le land art est une tendance artistique qui se base sur l’utilisation de matériaux trouvés dans la nature, comme les roches, le sable ou le bois par exemple. Nul besoin d’être un artiste aguerri pour vous lancer dans la création naturelle ! Formes géométriques abstraites ou figuratives installées au sol, suspensions aux arbres, empilages, tout est possible. Vous pouvez même prévoir une paire de ciseaux, de la ficelle en chanvre, de la colle naturelle, pour accompagner vos créations.

Un exemple de création : le mandala

Mandala nature

Land art : le mandala offre une expression créative de son intériorité © Sylvie Pallot

Terme emprunté au sanskrit, le mot mandala signifie « cercle ». Représentant symboliquement le monde intérieur, il est donc personnel à chacun. En prévision de votre création, prenez un sac pour récolter, tout au long de votre balade, des éléments de la nature qui vous plaisent (mousse, feuilles, fleurs, cailloux, brindilles, plumes, etc.) Choisissez de réaliser un mandala individuel, ou collectif.

Approchez-vous d’un arbre qui vous inspire, saluez-le et commencez votre œuvre en silence, auprès de lui. Tracez un cercle sur le sol à l’aide d’un bâton pour délimiter le contour. Disposez ensuite les éléments de même nature ensemble, pour dessiner une œuvre homogène, ou pas ! Laissez-vous guider par votre plaisir. Prenez votre temps, c’est votre moment.

Si vous êtes plusieurs, une fois le mandala terminé, vous pouvez raconter l’histoire de votre œuvre, la partager, échanger. Vous serez surpris de tout ce que peut dévoiler une telle activité. Laissez ensuite la nature s’emparer du mandala et s’en nourrir.

7. Prendre le temps de remercier la nature et les arbres

Vous pouvez remercier la forêt pour son accueil. Si vous avez envie d’exprimer votre gratitude de façon plus tactile, posez une main ou deux sur la terre du chemin forestier où vous vous trouvez. Une manière physique d’affirmer votre mise en lien avec la planète Terre et la forêt qui vous reçoit.

Comme un invité qui remercie son hôte pour son accueil, remerciez les plantes, les arbres, les animaux qui vous ont enveloppé.e de leur beauté, de leur sagesse, et les bienfaits qu’ils vous ont apportés. Appréciez votre présence parmi eux et donnez rendez-vous au bois pour une nouvelle balade.

Vous pouvez aussi décider de vivre cette immersion forestière en vous faisant accompagner par un guide en bain de forêt, De nombreux praticiens exercent dans toutes les régions de France.

Sylvie Pallot pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Océane, tutrice de formation chez FRW

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Sources :