Le terme OGM, ou organisme génétiquement modifié, désigne les êtres vivants à qui l’Homme a modifié, ajouté ou supprimé des gènes. Ces actions sont accomplies dans un but vertueux, mais elles suscitent depuis leur apparition un vif débat. Des optimistes et des progressistes, qui sont pour, s’opposent en effet à ceux qui sont contre, les prudents. Sur un terrain aussi prometteur et dangereux que celui des OGM, les avantages et les inconvénients doivent être soigneusement pesés. Et si la polémique semble s’être éteinte, est-ce à dire que la possibilité d’améliorer des plantes pour mieux nourrir ou soigner la population fait maintenant l’unanimité ? Un tour d’horizon s‘impose pour y voir plus clair, et nous vous révèlerons enfin ce qui apparaît être la source du consensus nouveau sur cette technologie si controversée.

Quels sont les bénéfices des OGM ?

Des espoirs pour la santé

Si les applications des OGM sont nombreuses, une des plus importantes concerne le secteur médical. En premier lieu, les scientifiques pensent avoir théoriquement résolu un des plus grands défis de l’humanité du XXIe siècle : éradiquer les famines dans un monde où la population est en croissance. La malnutrition handicape encore de nombreuses régions de la Terre, et les OGM semblent un bon moyen pour y remédier. Le principe ? Enrichir des aliments de première nécessité (maïs, soja, riz) pour améliorer leur qualité nutritionnelle et leur teneur en vitamine. D’autre part, les OGM pourraient également nous aider à mieux nous soigner. Aucun atout n’est à négliger pour lutter contre les maladies, les allergies, le diabète, ou encore l’arthrose. Des chercheurs explorent chaque jour les potentiels avantages des OGM pour notre santé. Nous pourrions ainsi produire des vaccins ou des médicaments (comme l’insuline, par exemple) à l’aide de micro-organismes OGM. Ces derniers seraient également d’avantageux vecteurs pour des thérapies géniques, donc de précieux alliés contre les maladies héréditaires, le cancer, ou de multiples autres pathologies. Enfin, la possibilité d’enrichir des aliments avec des vaccins est elle aussi une piste à étudier.

Le développement de l’agriculture

La production des aliments repose sur notre capacité à les cultiver. Or, les OGM peuvent aider l’agriculture à relever ce nouveau challenge. Les pays où la nutrition est mal assurée sont souvent des endroits où la culture est gênée par des facteurs climatiques, géologiques, ou géographiques. Pour la faciliter dans ces milieux difficiles, il semble pertinent de modifier des plantes ou des animaux en améliorant leurs résistances aux maladies ou aux aléas météorologiques. Des variétés aux rendements accrus pourraient simplifier le travail des cultivateurs. Des scientifiques comptent enfin sur les OGM pour développer la protection de notre environnement : en rendant la flore plus résistante aux parasites, par exemple, l’humanité serait en position de réduire drastiquement l’utilisation des pesticides.  Rappelons que ces derniers comptent parmi les principaux facteurs de la réduction de la diversité botanique.

Des objectifs scientifiques

Enfin, la recherche autour des OGM se poursuit dans les domaines de la chimie et de la biologie. Elle nous donne l’opportunité d’approfondir notre connaissance de la génétique des plantes et des animaux. Elle nous permet de mieux comprendre certains processus biologiques. En cela, les organismes génétiquement modifiés peuvent apporter une réelle plus-value à la recherche fondamentale (la science désintéressée, indépendante de l’industrie). Et en étudiant la nature de près, on peut copier ce qu’elle produit de plus utile pour nous, ce qu’on appelle la bio-inspiration. Dans le domaine de l’industrie, ils sont essentiellement mis au service de la génération de nouveaux matériaux, rendue possible par la fabrication de molécules à haut intérêt. Les opportunités n’ont de limite que notre imagination :

  • des graminées cultivées pour l’élaboration de biocarburants ;
  • du bois sans lignine, moins polluant ;
  • la pomme de terre Amflora, utilisée pour la fabrication d’adhésif ou même de béton.

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Si ces objectifs sont de nature à donner de l’espoir à toute l’humanité, il convient néanmoins de rester prudent quant à leur réalisabilité, et à leurs possibles effets secondaires. Observons ensemble les risques de ces pratiques.

Quels dangers potentiels les OGM peuvent-ils provoquer ?

Des craintes écologiques et environnementales

Rappelons-nous que les espèces végétales et animales sont en constante évolution depuis des milliers d’années, mais que la sélection naturelle est un processus long et performant. Quand l’Homme s’est attelé à la domestication, à la sélection et parfois à la modification des espèces, il l’a fait artisanalement : à une échelle infime, et sans bouleverser les équilibres de l’environnement. Or l’utilisation d’OGM vient donner une vitesse et une efficience sans précédent aux actions humaines visant à faire évoluer la faune ou la flore. La préservation de l’écosystème terrestre est donc plus difficile à garantir. Les plantes OGM dites résistantes aux parasites constituent encore une sorte de mirage. En libérant en permanence des toxines dans l’environnement, elles produisent un traitement peu ciblé et possiblement délétère. De plus, si les expérimentations sont faites en milieu clos, que se passe-t-il si ces espèces disséminent leurs gènes dans la nature ? Quels effets sont à craindre sur les variétés proches ou pour les micro-organismes souterrains ? Des OGM anti-ravageurs ont favorisé l’apparition d’insectes résistants, avec des conséquences néfastes sur d’autres races animales. Enfin, la généralisation de l’utilisation de semences modifiées pourrait aggraver l’appauvrissement de la biodiversité.

Les risques sanitaires

Au-delà de ces problèmes d’ordre éthique, il est à craindre des impacts tout à fait contre-productifs sur la santé humaine. On peut ainsi légitimement se demander si les OGM n’auront pas, à long terme, des effets indésirables sur notre constitution physique. On constate déjà que se multiplient les témoignages de gens souffrant d’éco-anxiété. Pour l’instant, les autorités gouvernementales sont très rassurantes concernant les OGM commercialisés. Ces derniers font l’objet de contrôles très poussés pour vérifier leur innocuité sur la santé et l’environnement. À ce jour, leur consommation n’a provoqué aucun effet négatif.

Les problèmes socio-économiques

Deux problèmes importants se posent concernant les OGM :

  • D’abord, les organismes génétiquement modifiés montrent leurs limites s’ils sont mal utilisés : des plants très performants dans les pays développés se sont parfois révélés tout à fait inadaptés quand on a voulu les cultiver sous d’autres latitudes. Touchés par des maladies, des champignons, ou des insectes, ils étaient souvent beaucoup moins productifs que les espèces locales traditionnelles.
  • Ensuite, les semences OGM sont souvent stériles, et vendues par de grands groupes industriels. Cela crée une dépendance des paysans vis-à-vis de ces firmes occidentales. Forcés d’utiliser des graines importées chaque année, les petits cultivateurs seraient de plus en plus précaires.

OGM : au-delà des avantages et des inconvénients, que dit la loi ?

La position ferme de l’État français

Une directive européenne de 2001 a fixé les règles d’utilisation des organismes génétiquement modifiés. C’était un cadre strict, certes, mais qui a rendu leur usage légal. L’attitude des gouvernements français successifs depuis s’est caractérisée par une remarquable constance. Aucun politique n’a jamais remis en cause le principe de précaution qui protège les citoyens des conséquences malheureuses potentielles de l’exploitation de ces organismes sur le sol national. C’est dans le respect de ce principe que la culture d’OGM à des fins commerciales est interdite depuis 2008 en France. Et quand en 2018 la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a suggéré à la France d’assouplir sa position, le Conseil d’État français a maintenu sa volonté de soumettre les OGM à des règles rigoureuses. Voir notre pays prendre ainsi l’écologie au sérieux est rassurant, et encourageant. En témoigne aussi la loi AGEC contre le gaspillage.

La conclusion de la Cour de justice de l’Union européenne

En février 2023, la CJUE a décrété « l’exclusion du règlement sur les OGM » pour les « organismes obtenus par mutagenèse in vitro ». Évidemment, la plupart d’entre nous manquent probablement d’informations pour valider le bien-fondé de cette décision. Plusieurs acteurs du secteur, dont des semenciers et des chercheurs, s’en sont félicités ; précisons qu’ils se présentent eux-mêmes comme des pro-OGM. À l’inverse, un des fondateurs de la Confédération paysanne, Guy Kastler, craint que :

« la Cour de justice ouvre un boulevard énorme à la fois pour la commercialisation et la culture d’OGM non réglementés ».

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Les OGM, grâce à leurs avantages et malgré leurs inconvénients, continuent leur essor dans le monde. Face aux États-Unis, au Brésil, à l’Argentine, au Canada et à l’Inde, qui représentent 91 % des cultures d’organismes génétiquement modifiés, la France résiste. Le bras de fer avec l’Union européenne ne fait que commencer, car qu’on soit pour ou contre le développement des OGM en France, la décision finale viendra … de Bruxelles.

Fabien Pusset, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Cécile, tutrice de formation chez FRW.

Sources :
https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapC_p4_d1&zoom_id=zoom_d1_8
https://www.ecologie.gouv.fr/organismes-genetiquement-modifies-ogm-0#:~:text=Risques%20sanitaires,la%20sant%C3%A9%20et%20l’environnement
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/la-justice-europeenne-herisse-les-anti-ogm-314deea4-a702-11ed-9512-c1edba2ba438

Illustration : création Fabien Pusset