Quel drôle de zèbre ! Qui n’a pas, un jour, entendu l’expression mettant à l’honneur le fameux équidé de la savane ? Ce terme désigne aussi les personnes qui possèdent un fonctionnement neurologique atypique. Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne et auteure, a introduit la dénomination zèbre en psychologie. Ce dernier, difficilement apprivoisable, se fond dans le décor tout en se distinguant avec des caractéristiques propres (les rayures). HPI, QI, WAIS4, arborescence, divergence, hypersensibilité : vous allez tout comprendre.
Expliquer les différentes appellations de la surdouance
Comment classer les nombreuses désignations ?
Un même constat
Beaucoup de terminologies sont utilisées pour qualifier la personne haut-potentiel : surdoué, précoce, HPI, zèbre. Toutes font référence au même phénomène : le constat d’un quotient intellectuel supérieur à 130. Celui-ci est calculé chez un psychologue assermenté et habitué à analyser ce type de données. Les tests officiels en vigueur sont : le WPPSI-IV pour les enfants de 2,5 ans à 7 ans, le WISC-V pour ceux de 6 ans à 17 ans, le WAIS-IV pour les adultes. Les faux sondages en ligne sur internet divertissent, mais ne constituent pas une mesure sérieuse. Pire : ils profitent aux marchands d’illusions qui prolifèrent sur le web en vendant des coachings et formations en tous genres. Les spécialistes s’accordent à dire que seulement 2,3 % de la population mondiale possède un QI plus élevé que 130. La moyenne se situe vers 100.
Si on veut véritablement trouver une différence entre les termes, c’est dans l’angle d’observation qu’on la découvre.
Des nuances selon les intitulés
Le mot surdoué caractérise le constat d’une douance chez un individu tandis que l’adjectif précoce place plus l’accent sur les symptômes que sur les causes. L’enfant peut paraître en avance, lire, parler ou compter mieux que les autres. Il s’intéresse « précocement » à certains domaines. La dénomination « haut potentiel », quant à elle, introduit une nuance : on détecte un potentiel, qui doit être accompagné pour être pleinement révélé. Cette facilité, sinon, risque de s’atrophier et de disparaître. Au sujet du qualificatif « zèbre », Jeanne Siaud-Facchin aime à en préciser la naissance. Lorsqu’elle travaillait, en début de carrière, avec des enseignants d’école élémentaire, ce fameux terme a surgi au détour d’une conversation. Elle trouvait pénible d’entendre en permanence EIP (élève intellectuellement précoce) pour évoquer ces « drôles de zèbres ». Depuis, ce mot lui a complètement échappé, jusqu’à devenir le symbole d’une communauté formée autour du haut potentiel. La définition du zèbre en psychologie est même apparue dans le dictionnaire Larousse en 2021.
Définir la personne haut-potentiel à travers ses caractéristiques
Plusieurs points communs l’identifient.
Intensité et puissance de la pensée
Les psychologues cliniciens, appuyés maintenant par les neurosciences, constatent chez les surefficients des spécificités générales communes. Une puissance et une intensité de raisonnement, associées à une extrême rapidité dans le traitement des données, identifient ces personnalités. L’observation de leur cerveau en fonctionnement montre une hyper connectivité au niveau du corps calleux. Celui-ci fait transiter le flux d’un hémisphère à l’autre. En comparaison, une personne normopensante mobilisera plutôt l’un ou l’autre. Jeanne Siaud-Facchin, utilise l’image d’un câble à très haut débit qui alimente tout le cortex. En effet, leur cerveau peut se focaliser sur une tâche tout en gardant à disposition beaucoup d’informations stockées. L’arborescence de pensées ne cesse jamais.
La sphère émotionnelle est également très engagée.
Des sens extrêmement développés
Une hyper mobilisation des cinq sens caractérise aussi les gifted. La réciproque n’est pas vraie, car tous les hyperesthésiques ne sont pas des zèbres. Malheureusement, la sensibilité est souvent confondue avec la sensiblerie. L’odorat, le toucher, la vue, l’ouïe, le goût fonctionnent à plein régime. Pour exemple, nombreux sont ceux qui coupent toutes les étiquettes de leurs vêtements. Ils n’en supportent pas le contact. D’autres ne tolèrent pas le bruit strident de la craie sur le tableau, le brouhaha, telle ou telle odeur. Combien de zèbres chez les « nez » des parfumeurs ? Les statistiques n’ont pas encore établi la corrélation. La personne surefficiente qui entre dans une pièce est immédiatement assaillie par une foule de détails. Le zèbre vibre au moindre bruissement du monde.
Identifier les forces et les faiblesses du zèbre en psychologie
Avoir une grande intelligence est plutôt un sérieux atout dans la vie.
Les forces
L’intelligence protège, brille, séduit. Elle favorise une belle adaptabilité, une forte résilience face aux évènements. Le zèbre, bien diagnostiqué et bien entouré, peut ainsi devenir une personnalité charismatique, leader dans son domaine, empathique. Son énergie vitale débordante lui confère une capacité à transmettre ses passions. De plus, sa pugnacité, associée à une très grande exigence envers lui-même et les autres, ne lui fait jamais abandonner avant d’avoir atteint l’objectif qu’il s’est fixé. Des études statistiques montrent qu’on retrouve beaucoup de zèbres dans les domaines artistiques, politiques, sportifs, chez les créateurs d’entreprises. On en compte aussi chez les écrivains et les ecclésiastiques. Le haut potentiel vit, en effet, en quête de sens. Il a à cœur de placer les valeurs qui le pétrissent au sein de ses occupations professionnelles ou personnelles. Il aspire à la liberté de création, d’opinion et ne peut que difficilement s’épanouir dans des milieux très rigides sans marge de manœuvre.
Cette très grande exigence peut malheureusement conduire à l’épuisement.
Les faiblesses
Le gifted, qui veut aller toujours plus loin et plus vite, doit apprendre à se ménager, à se relaxer. La méditation agit alors positivement sur les adultes comme sur les enfants. Elle permet au cerveau de se reconnecter aux sensations du corps, de se centrer sur le souffle. Par contre, cette très grande lucidité mène aussi, parfois, à une sorte de désenchantement et d’amertume à l’égard du monde. Tout remettre en question, en permanence, peut se révéler épuisant.
La lucidité est la blessure la plus proche du soleil – René Char, poète.
Une personne haut-potentiel n’ayant pas été détectée ou reconnue s’étiole au cours de sa vie. Saborder son intelligence permet de mieux se fondre dans l’anonymat. D’autres choisissent de se couper de leur puits émotionnel après un événement traumatique. Elles peuvent, alors, apparaître froides et sans empathie. Leur mécanisme de protection les éloigne d’un afflux affectif incontrôlable. C’est pourquoi il est important de connaître sa propre carte de territoire intérieur. Si quelqu’un pousse la porte d’un cabinet de psychologues dans le but de passer le test WAIS, c’est surtout par quête de développement personnel. Un décalage est depuis toujours ressenti, pas forcément une souffrance. Elle vient chercher des réponses à son questionnement. Dans ce cas, seulement 1 sur 5 se voit confirmer un quotient intellectuel supérieur à 130.
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Sources
Jeanne-Siaud-Facchin/Trop intelligent pour être heureux chez Odile Jacob .
Monique de Kermadec/L’adulte surdoué chez Albin Michel .
Nadia Vincent pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Anne le Tarnec, tutrice de formation chez FRW