Allaiter est souvent un moment privilégié pour la mère et l’enfant. Lorsque sonne la fin du congé maternité et le retour à une vie professionnelle, la situation peut s’avérer délicate, surtout en plein post-partum. Comment continuer les tétées et reprendre son emploi, sans s’épuiser ou culpabiliser ? La plus grande crainte pour les femmes allaitantes est celle de devoir arrêter précocement la mise au sein. Pourtant, l’Organisation Mondiale de la Santé préconise le lait maternel jusqu’aux six mois du bébé et un maintien, si possible, jusqu’à l’âge de deux ans ou plus. Dès lors, comment concilier allaitement et reprise du travail ? Découvrez nos conseils pour préparer cette transition en douceur.
Se renseigner sur le droit du travail en matière d’allaitement
S’informer sur les congés possibles pour continuer de donner le sein
Le redémarrage en entreprise est parfois une source d’angoisse pour les mères. Elles y voient ainsi le sevrage hâtif de leur progéniture. Or, des alternatives existent, notamment un prolongement du congé maternité. L’idée est de le prendre plus tard et de le prolonger au moment du post-partum. Vous avez aussi le choix entre le congé parental d’éducation ou celui sans solde.
Et le congé d’allaitement ? Mis en place en 1950, il a été supprimé en 1975. Dans de rares conventions collectives – Croix-Rouge et audiovisuel – il est sous-entendu que les femmes qui allaitent peuvent bénéficier de quatre semaines supplémentaires rémunérées. Cette mention fait référence à un arrêt pour suite de couches pathologiques, soumis aux mêmes règles que celui pour maladie. Prudence donc sur les motifs et les contrôles !
N’oubliez pas non plus le télé-travail ou le temps partiel. À vous de peser le pour et le contre et de vous renseigner auprès des administrations.
Allaiter sur son lieu d’activité, c’est permis
L’allaitement au travail est un droit et les employeurs ont des obligations légales, sous peine de poursuites pénales. Alors, que dit la loi ?
- La salariée dispose, pendant une année à compter de la naissance, d’une heure dans la journée pour allaiter sur place. Elle a trente minutes le matin et l’après-midi ou deux fois vingt minutes, si elle reste sur son lieu d’activité. Les deux parties déterminent, ensemble, cette disposition. Tirer son lait est également faisable.
- Si l’établissement compte plus de 100 personnes, il doit établir un local, séparé du bureau, avec différents équipements. En dessous, il n’a aucun impératif sur ces fournitures. Enfin, une structure qui dépasse les 100 femmes peut aménager des chambres spécifiques.
Un conseil ? Discutez-en ! Si vous pensez que vos droits ne sont pas respectés et que vous êtes, en plus, victime de harcèlement moral, parlez-en rapidement.
Choisir la manière d’allaiter pour un meilleur retour professionnel
Faire le choix de nourrir bébé avec son lait exclusivement
Alimenter de manière exclusive son enfant, c’est donner le lait maternel, soit par le biais du sein, soit par d’autres contenants : biberon cuillère, tasse, Dispositif d’Aide à la Lactation (DAL)… Comment combiner ce choix avec une reprise du travail ?
- Le tire-allaitement. Le principe est de continuer les tétées dès que c’est possible et d’utiliser la production maternelle, issue du tirage, en cas d’absence. Cette méthode fait appel à du matériel.
- L’expression manuelle. Grâce à des pressions au niveau de la poitrine, le lait sort naturellement. C’est un procédé accessible, puisque gratuit. L’Initiative Hôpital Ami des Bébés en recommande d’ailleurs l’enseignement.
Pour pallier les inquiétudes provoquées par ces deux techniques, sachez que le corps s’adapte, comme l’enfant. En termes de quantités, il est conseillé, en moyenne, de prévoir 30 ml par heure de garde.
Adopter l’allaitement mixte ou partiel
Pour différentes raisons qui lui appartiennent, la maman privilégie l’alternance sein et lait en poudre. C’est l’allaitement mixte ou partiel.
Sur le principe, démarrez progressivement. Vous remplacez une mise au sein par un biberon d’une préparation infantile, puis deux… Augmentez le rythme, lorsque votre poitrine est habituée. Dans le cadre d’une reprise du travail, cette méthode peut être introduite quelques jours avant.
Mais, quelles tétées retirer ? À vous de voir ! Celles de l’après-midi sont normalement moins abondantes contrairement à celles du matin, du soir et de la nuit qu’il est opportun de maintenir.
Les professionnels de la santé suggèrent d’attendre six semaines pour adopter ce procédé. La lactation a le temps de se mettre en place et le bébé maîtrise mieux la succion.
Se préparer à l’allaitement et la reprise du travail
Avoir à l’esprit les bienfaits de poursuivre l’allaitement et de travailler
Continuer d’allaiter et travailler a des effets bénéfiques sur la mère et l’enfant. Pour preuve, La Leche League explique que la séparation est souvent plus douce. Aussi, les retrouvailles autour d’une tétée ne sont que du bonheur. Le lien d’attachement se renforce et la confiance est alors au rendez-vous.
Il y a également des bénéfices physiologiques avec, par exemple, une meilleure récupération de l’utérus post-accouchement.
Quant aux bébés allaités, le lait maternel leur apporte toutes les qualités nutritionnelles dont ils ont besoin pour renforcer leurs défenses immunitaires. En plus de nourrir, il protège. Une étude, réalisée en 2005 sur plus de 1 800 enfants canadiens, montre « que l’allaitement avait un impact positif qui se poursuivait pendant toute la seconde année, même lorsque l’enfant était placé dans un système de garde, et qu’il réduisait la fréquence des antibiothérapies pendant les 2,5 premières années de vie ».
S’appuyer sur son entourage et les professionnels
Allaitement et reprise du travail sont souvent synonymes de difficultés telles que fatigue ou stress. Pour ne pas conduire à des situations de burn-out familial, le soutien est requis. Une mère qui allaite a besoin de se détendre et d’alléger la charge mentale parentale. La présence du père est très importante pour prendre le relais. C’est, en effet, un projet à deux.
Qui dit activité professionnelle, dit dispositif de garde. Lors de l’adaptation chez la nourrice ou en structure d’accueil, prenez le temps d’échanger avec le personnel pour assurer la continuité de votre démarche. Il faut savoir que la crèche n’est pas obligée d’accepter le lait maternel, mais il existe des solutions.
Orientez-vous aussi vers :
- les services de protection maternelle et infantile (PMI) ;
- les médecins, sages-femmes ;
- les consultantes en lactation de la Leche League.
Être soutenue facilite le retour en poste et assure une rentrée sereine.
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Continuer de donner le lait maternel à son enfant et travailler
S’équiper d’un bon matériel et de vêtements conforts
Après la valise de maternité, voyons ensemble les indispensables pour celles qui allaitent !
- Le tire-lait manuel ou électrique. Si le premier est accessible et silencieux, il nécessite de tirer un sein après l’autre. Le second est avantageux au travail : gain de temps et stimulation maximale, si vous optez pour le double pompage. La location est possible sur présentation d’une ordonnance.
- Les téterelles. Vous devez faire attention à ce qu’elles soient adaptées à vos mamelons et bien centrées pour assurer un bon tirage. Demandez l’avis d’un médecin ou pharmacien !
- Les vêtements. Vous trouverez des habits – stylés – avec des ouvertures latérales. Veillez aussi à ce que votre brassière ou soutien-gorge disposent d’ouvertures renforcées. Vous pouvez en fabriquer un avec un haut de collant que vous découpez de la largeur de l’entonnoir.
En cas de fuite, les coussinets d’allaitement sont utiles. N’oubliez pas non plus les sachets de conservation pour le lait.
Tirer son lait sur son lieu professionnel
Il est temps de passer à l’action ! Lors de votre pause, il est nécessaire de vous sentir bien afin de sécréter de l’ocytocine. Cette hormone du bonheur favorise le réflexe d’éjection. Pensez à vous munir d’une photo ou de vidéos de votre petit bout. Songez à pratiquer des exercices de respiration pour la détente.
Conserver le lait maternel est un point essentiel, notamment au travail. Stockez-le dans des bocaux ou sachets que vous mettez au réfrigérateur ou dans une glacière avec des pains de glace. Il est important de respecter les mesures d’hygiène, tout comme les règles de conservation : jusqu’à 8 jours dans le frigo et maximum 24 h dans le sac réfrigéré.
Un dernier point : réalisez la séance jusqu’au bout pour stimuler la lactation.
Le retour à l’emploi est une des raisons principales du sevrage précoce de l’enfant. Pour preuve, plus de 23 % des mères disaient avoir arrêté de donner le sein à cause du travail, selon le sondage fait par l’Institut des mamans, en 2002. Pourtant, continuer un allaitement et reprendre une activité professionnelle n’est pas antinomique, mais nécessite d’anticiper, de se préparer et de s’organiser. Le meilleur conseil que l’on puisse donner aux femmes qui allaitent leur progéniture est de se faire confiance et d’y croire !
➡️ Pour les questions d’organisation, retrouvez l’article 7 conseils pour trouver une méthode d’organisation
Anne-Sophie Loudiyi, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Périne, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
LA LECHE LEAGUE, Travail et allaitement [en ligne]. Disponible sur : https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1137-53-ce-que-dit-la-loi#:~:text=Le%20temps%20d%27allaitement%20pendant,L.
LA LECHE LEAGUE, Allaiter et travailler, c’est possible [en ligne]. Disponible sur : https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1760-aa-101-allaiter-et-travailler-c-est-possible
SANTÉ PUBLIQUE FRANCE, Le Guide de l’allaitement maternel [en ligne]. Disponible sur https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/documents/brochure/le-guide-de-l-allaitement-maternel
OMS, L’allaitement maternel, [en ligne]. Disponible sur : https://www.who.int/fr/health-topics/breastfeeding#tab=tab_2