Connaissez vous Outa et ses robes en denim ? Cette marque tunisienne éco-responsable réutilise le plastique marin dans ses créations. À première vue, les vêtements sont ordinaires. Et pourtant, leur composition est innovante et écologique. Découvrez les organisations qui se cachent derrière Outa et suivez la transformation de la bouteille en plastique en jolie robe en denim.
Comment est née Outa ?
Fondée par Anis Montacer, la marque suit le mouvement du programme « Kerkennah Plastic Free », une convention de partenariats pilotée par le WWF et l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (CIHEAM Montpellier). L’objectif de ce projet : nettoyer l’archipel tunisien Kerkennah de ses déchets plastiques.
Chaque année, près de 7 000 tonnes de déchets marins s’accumulent dans les rivières, les lacs et les plages de Tunisie. « Kerkennah Plastic Free » a permis de déployer des « barbeshas », des agents de collecte, pour nettoyer ces zones insulaires. Leurs récoltes donneront vie à la première collection haute couture de Outa.
Pour concevoir ces vêtements uniques, Anis Montacer a choisi de collaborer avec une célèbre créatrice française : Maud Beneteau. Luttant contre la surconsommation, cette dernière rachète et recycle des invendus pour certaines de ses créations. Mais travailler avec un fil issu du plastique recyclé, c’est une grande première ! Touchée par l’enjeu écologique du projet, elle a décidé de rejoindre l’équipe et de relever le défi. Même si ce tissu plutôt épais et rigide ne se prête pas, à l’initial, à la haute couture mais davantage au sportswear, Maud Beneteau a su troquer ses fines soieries pour cette nouvelle fibre écologique.
Outa : un processus de création 99 % Made in Tunisia
La collecte des « barbeshas » est envoyée à l’entreprise Kerkennah Plast qui trie, compacte et broie les déchets. Les granulés de plastique obtenus sont ensuite rachetés par Seaqual Initiative, communauté internationale collaborative agissant pour la valorisation des déchets marins. Le même groupe se charge ensuite de transformer le plastique en fibre de nylon « Seaqual Yarn ». Pour se faire, direction le Portugal où se trouve l’une des quatre seules usines au monde à être équipée de cette technologie.
Seaqual Yarn est un fil de polyester contenant 10 % de déchets plastiques marins et 90 % de déchets terrestres. Ses propriétés physiques sont presque identiques au polyester vierge, il peut donc s’utiliser sans contraintes pour la création de textiles.
De retour en Tunisie, l’immense usine Sitex crée du denim à partir de la fibre Seaqual Yarn. Sitex et Outa ont imaginé la meilleure qualité de denim possible. Ensemble, ils ont travaillé sur la résistance du fil et cherché à créer la bonne teinture indigo. Le textile passe ensuite entre les mains des couturiers et la collection Outa peut enfin prendre forme. Dernière étape : révéler la collection au grand jour ! En juin 2023, Outa a fait ses premiers pas à la Fashion Week de Tunis. Six modèles de couture en denim ont été présentés au public.
Il y a quelques années, recycler les déchets marins était mission impossible, à cause de leur longue exposition à l’eau salée et au soleil. Les nouvelles technologies ont contribué à cette évolution. Outa nous prouve aujourd’hui la faisabilité de créer des textiles de qualité à base de plastique marin. Après tout, presque tout se réutilise et se transforme !
Et vous ? Connaissez vous toutes les possibilités pour recycler vos déchets ? Si vous avez l’âme d’un(e) couturier(e), pourquoi ne pas retoucher vos anciens vêtements au lieu de les jeter ? Faîtes votre place pour la prochaine Fashion Week !
Léa Gruel, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Le Journal des Bonnes Nouvelles
Réalités Online
WWF
Seaqual Initiative