Recycleur débutant ou aguerri ? Comme vous, des femmes et des hommes aux quatre coins du monde nourrissent l’espoir d’une Terre plus saine. Grâce à eux, de beaux projets naissent chaque jour pour moins l’encombrer et les poubelles se transforment en un gisement de ressources pour recréer de nouveaux objets. Mais pouvons-nous tout recycler ? Qui en assume les coûts ? Cela nous permet-il de réduire nos rebuts et de prendre soin de notre environnement ? Voici les différentes facettes du recyclage des déchets.

Ces objets jetés et encore valorisés

27 bouteilles PET pour un pull polaire, 670 canettes d’aluminium pour un vélo, 19 000 boîtes de conserve pour la carrosserie d’une voiture, etc. (Turlan 2018). Presque tout est recyclable !

Les choix économiques favorisent l’émergence des entreprises de recyclage de déchets dans les secteurs privilégiés. Un déchet considéré comme difficile à recycler ou comme un déchet ultime dans une collectivité donnée peut être valorisable dans une autre. Plus une filière prend de l’ampleur, plus la valorisation devient accessible. Cela encourage le développement de secteur de niche comme :

–     la récupération des cheveux pour le paillage naturel au jardin ;

–     l’extraction des mégots de cigarettes comme matériaux d’isolation dans le bâtiment ou de rembourrage de blousons.

Certains objets, comme le verre ou les métaux (acier, aluminium, zinc, cuivre, etc.) se recyclent indéfiniment. Par exemple, nous utilisons encore aujourd’hui 75 % de l’aluminium produit depuis 1880. D’autres détritus sont réemployés plusieurs fois, tels que le papier ou le plastique. Au fur et à mesure où ils sont retraités, ces derniers se dégradent et finissent par être enfouis ou incinérés. Au cours du processus de recyclage, des matériaux non recyclables persistent et atterrissent aussi finalement dans les installations de stockage des déchets (ISD).

En France, ce que nous jetons est, par ordre de priorité, traité en vue de/du :

  1. la réutilisation ;
  2. du recyclage ;
  3. la valorisation ;
  4. l’élimination.

Depuis le 1er juillet 2002, seuls les déchets ultimes doivent être éliminés.

🖼️ Avec les déchets, il y a aussi une place pour l’art et la créativité !

Les contributeurs aux coûts du recyclage des déchets

Nous participons aux coûts induits par la gestion de nos déchets de trois façons :

  1. la taxe ou la redevance d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM ou REOM) ;
  2. l’éco-contribution dans le cadre des filières à Responsabilité Élargie du Producteur (REP) ;
  3. les programmes de recyclage gratuits et payants proposés par des entreprises pour les résidus non pris en charge par nos collectivités.

La contribution des ménages

La TEOM et la REOM sont perçues par les communes et leurs groupements pour la collecte séparée, la valorisation et l’élimination des déchets ménagers. La TEOM constitue une taxe annexe à la taxe foncière. La REOM est due en contrepartie du service d’enlèvement des ordures.

L’éco-contribution des consommateurs et des metteurs de produits sur le marché

Quand nous achetons un nouveau produit, nous payons une sorte de taxe qui est directement incluse dans le prix total de notre achat. Cette éco-contribution permet d’assurer ou de faire assurer la prise en charge des déchets créés. Les producteurs ou distributeurs financent et organisent leur collecte, tri, valorisation ou élimination. Grâce à la REP, ils sont incités à fabriquer et à commercialiser des produits plus durables.

La REP peut être assumée de manière individuelle ou collective par le biais d’un éco-organisme agréé par l’État. Elle s’applique à une douzaine de filières et est étendue depuis 2021 à onze produits supplémentaires. À titre d’exemple, les éco-organismes Ecologic, Ecosystem et Soren sont chargés de l’enlèvement et du traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE ou D3E). Un système individuel a été agréé en 2021.

La hiérarchie des modes de traitement de nos détritus doit être respectée. Cela implique que même si l’élimination représente une solution plus économique et plus facile, la réutilisation et le recyclage doivent être priorisés. Autrement, l’éco-contribution ne servirait pas à offrir une seconde vie à nos déchets. En 2020, 49 % des DEEE ménagers, sur un objectif de 65 %, ont été collectés.

➡️ Rejoignez les programmes solidaires de recyclage des déchets comme le réseau ENVIE ou Emmaüs.

La valorisation des déchets pour moins de rebuts

L’obsolescence, la mode, l’évolution technologique, l’envie de changer ou de combler un vide… nous incitent à surconsommer puis à jeter. 65 % des téléphones remplacés fonctionnent encore. Ils sont changés en moyenne tous les deux ans. En 2025, leur nombre pourrait être deux fois plus important que nous, les êtres humains.

Grâce au recyclage des déchets, un objet jeté n’est tout simplement pas perdu dans les décharges ou dispersé dans la nature. En tant que citoyen, notre contribution se matérialise par nos tris minutieux à la source ou nos apports volontaires aux lieux dédiés. Nous pouvons également nous proposer en tant que point de collecte public des résidus à valoriser.

Recycler n’est toutefois pas la solution magique à la propagation de nos détritus. En 2020, la France a été le 2e pays européen producteur de déchets après l’Allemagne (Eurostat 2022). Finalement, ce sera chaque petit effort pour posséder moins et se limiter à l’essentiel qui allégera le poids de nos poubelles.

🏬 Grâce au Smicval Market, c’est possible de « donner, prendre et recycler ». C’est le supermarché inversé qui vise le zéro déchet.

🪚  Les objethèques rendent aussi accessible l’emprunt d’objet que nous n’utilisons pas souvent et qui coûte pourtant cher à l’achat.

Les ordures recyclées pour un environnement préservé

Cette année, le Jour du dépassement est prévu pour le 2 août 2023. Cette date est déterminée annuellement par le Global Footprint Network. Elle est calculée sur la base de notre empreinte écologique et de la capacité de notre Terre à se régénérer et à absorber nos déchets.

Valoriser nos rebuts ne présente pas un bilan environnemental 100 % positif. Recycler engendre une consommation d’eau et d’énergie et une empreinte carbone liée à l’expédition, au tri et à la transformation des résidus collectés. Le papier recyclé est, par exemple, un gros émetteur, avec près d’un million de tonnes équivalent de CO2 en 2014 (ADEME).

Le recyclage permet, quand même, de consommer moins de ressources et moins d’énergie :

–        1 tonne de plastique recyclé contribue à économiser 1 à 1,2 tonnes de pétrole.

–        En 2019, en recyclant le papier, nous avons économisé 23 milliards de litres d’eau.

–        Près de 95 % de l’énergie nécessaire à la production primaire de l’aluminium est économisée.

–        En 2021, le recyclage a empêché l’émission de 22 millions de tonnes de CO2 résultant de l’extraction des matières premières et de leur acheminement (FEDEREC).

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Les résidus voyageurs dans les pays moins développés

Les transferts de déchets en vue de leur traitement

Nos déchets peuvent aussi faire l’objet d’échange avec les autres pays. L’Union européenne représente 83 % des exportations de la France. L’Asie est la destination secondaire pour les métaux non-ferreux (plomb, zinc, nickel, aluminium, etc.), les papiers-cartons et les plastiques. Les déchets de caoutchouc (pneus, semelles de chaussures) et textiles ménagers ont été expédiés dans les pays de l’OCDE, en Afrique et en Asie (CGEDD 2022).

La problématique des déchets dangereux

Lorsque les filières de reprise sont inexistantes ou peu développées, les objets mis au rebut ne sont pas recyclés sur leurs lieux effectifs de production. La Convention de Bâle interdit l’exportation de déchets dangereux vers les pays en voie de développement sans leur consentement. Des déchets peuvent néanmoins passer les frontières d’un État sur la base de fausses déclarations (produits d’occasion, dons, etc.).

En 2019, 53,6 millions de tonnes de DEEE ont été produits dans le monde et seulement 17,4 % ont été collectés et recyclés convenablement. Les 82,6 % restants ont été gérés en dehors du système de collecte formel et exportés, pour une partie, vers les pays en développement (The Global E-waste Monitor).

Les DEEE contiennent des composés polluants qui constituent à la fois une mine urbaine de matières premières comme les métaux et terres rares. Les pays pauvres qui les importent disposent rarement de réglementations et d’infrastructures adaptées pour pouvoir les traiter ou les éliminer d’une manière écologiquement rationnelle. Ils peuvent finir dans des décharges non sécurisées ou être récupérés par des travailleurs informels.

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📱 Clic Vert est un projet de recyclage des e-déchets en Afrique francophone en partenariat avec Orange et Emmaüs International.

Avec l’évolution de la recherche et des besoins du marché, tout se recycle peu à peu. Des entreprises régénèrent notre planète grâce à leurs produits éco-conçus. Ils sont facilement recyclables ou réparables et créent des emplois non délocalisables. Recycler ce n’est pas réduire nos déchets. Ça n’évite pas l’épuisement de nos ressources. Alors tant que c’est possible, achetons moins et réutilisons plus !

👘 Découvrez également comment s’y prendre avec le recyclage des textiles usagés.

Irina Andriambolatiana, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Charlotte, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

Le cadre général des filières à responsabilité élargie des producteurs

Les chiffres clés sur les déchets, édition 2023

La première École Nationale du Recyclage et de la Ressource

Le cycle de vie de l’aluminium

La gestion des déchets par l’industrie des smartphones

Suivi des déchets d’équipements électroniques à l’échelle mondiale pour 2020

Le commerce des déchets

Tristan Turlan, 2018. Les déchets : Collecte, Traitement, Tri, Recyclage, 2e édition, DUNOD