C’est un véritable coup de tonnerre dans la communauté scientifique ! En décembre 2023, une équipe d’archéologues a déclaré, par le biais d’un rapport de fouille, avoir mis au jour ce qui pourrait être le plus ancien site fortifié au monde à Amnya en Sibérie. Cette découverte est d’autant plus exceptionnelle qu’elle pourrait remettre en question nos certitudes quant au mode de vie des premières sociétés humaines dans la taïga sibérienne.
Un site fortifié plus ancien qu’il n’y paraît
Amnya, situé dans la Sibérie occidentale, est bien connu des scientifiques. Considéré comme étant l’ensemble de fortifications le plus septentrional d’Eurasie de l’âge de pierre, il est fouillé à plusieurs reprises depuis les années 80. Formant une sorte de « citadelle » fortifiée, il se compose de palissades en bois, de talus et de maisons entourées de fossés.
En 2019, les archéologues ont lancé un nouveau programme de recherche dont les conclusions sont saisissantes. Les datations au radiocarbone, couplées à l’étude des strates géologiques et des végétaux fossilisés, révèlent que certaines zones du site remonteraient à 8 000 ans, dépassant largement les estimations antérieures. Grâce aux technologies employées, il y a fort à parier qu’Amnya possède les plus anciennes fortifications de l’humanité !
⏩ Bon à savoir : l’âge de pierre regroupe trois périodes (le paléolithique, le mésolithique et le néolithique).
Vous vous demandez peut-être quelle est la fonction d’une telle installation dans des temps si reculés de l’histoire. Sachez que l’étude topographique entreprise par les scientifiques a révélé la vocation défensive de la colonie. Les conflits, récurrents dans cette région isolée, devaient être particulièrement violents, en témoignent les nombreuses traces de destruction par le feu et les multiples phases de reconstruction trouvées sur place. Les habitants, résilients et capables de produire un arsenal défensif complexe, sont ainsi loin de la vision traditionnelle des chasseurs-cueilleurs du mésolithique, nomades et désorganisés. Bien que cela ne soit pas confirmé, les archéologues pensent que le site aurait été occupé tout au long de l’année.
Une colonie de chasseurs-cueilleurs complexe et organisée
La découverte d’un ensemble de 45 poteries, dont certaines décorées avec soin, indique un souci particulier apporté à la conservation et au stockage des denrées alimentaires. Les nombreux restes d’ossements d’animaux exhumés, ainsi que l’étude des sols, suggèrent une biodiversité importante dans la taïga sibérienne à cette époque (rennes, castors, wapitis, poissons, baies…). Les chasseurs-cueilleurs vivaient de ces ressources et devaient très certainement vouloir les protéger des pillages. Les objets en silex, armes et outils en ardoise retrouvés témoignent de l’intensité de cette activité dans le quotidien de ces populations.
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Mais alors, pourquoi, au mésolithique, des sociétés organisées en colonie fortifiée sont-elles apparues ? Plusieurs scénarios sont envisagés par les scientifiques :
- la montée des conflits entre groupes de chasseurs-cueilleurs ;
- l’appropriation territoriale de zones abondantes en richesses naturelles ;
- l’avènement des notions de communauté et de propriété ;
- les innovations techniques en matière de stockage des denrées (poteries) et de chasse ;
- un changement climatique poussant les peuplades à la sédentarité ;
- une augmentation démographique incitant les populations au regroupement.
Quoi qu’il en soit, les récentes découvertes réfutent totalement la vision évolutionniste de l’histoire voulant que l’émergence de l’agriculture soit indissociable de la création d’établissements permanents. Ainsi, nous savons désormais que des sociétés humaines préhistoriques pouvaient faire acte d’organisation et de complexité sociale.
L’archéologie est une discipline pleine de surprises ! S’attachant aux traces laissées par les hommes et les civilisations, elle nous offre un formidable éclairage sur des temps révolus, et nous permet, parfois, de réviser notre vision de l’histoire de l’humanité.
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Caroline Saletzky, pour e-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
La découverte d’un fort vieux de 8 000 ans en Sibérie pourrait bouleverser l’histoire de l’humanité, recherchespolaires.inist.fr
The world’s oldest-known promontory fort: Amnya and the acceleration of hunter-gatherer diversity in Siberia 8000 years ago, cambridge.org
Des archéologues pensent avoir identifié en Sibérie le plus ancien site fortifié du monde, geo.fr