Souffrir d’hyperphagie n’est pas une mince affaire. Ce trouble alimentaire n’étant encore que trop peu connu, il vous isole, créant ainsi un cercle vicieux entraînant de nouvelles crises compulsives. Pourtant, une guérison est possible ! Comme l’anorexie ou la boulimie, l’hyperphagie est une maladie psychique qui peut se traiter. Dans cet article, nous vous donnons six étapes clés qui vous ouvriront la porte de la guérison. Connaître les symptômes de ce trouble alimentaire compulsif, désamorcer les crises, changer ses habitudes, avoir un regard bienveillant sur soi-même, pratiquer un sport et bien s’entourer, voici la recette pour vaincre l’hyperphagie définitivement. Nos conseils concernent également vos proches, la compréhension de la maladie par votre entourage ne peut permettre qu’un meilleur accompagnement. Découvrez comment vous libérer enfin de ce poids !

1 – Apprendre à reconnaître les symptômes de l’hyperphagie pour mieux les combattre

« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. » Sun Tzu, L’Art de la Guerre

Longtemps considéré comme secondaire, ce trouble alimentaire compulsif (TCA) n’est apparu dans le DMS-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques, qu’en 2012.

Pourtant, d’après une étude de la Haute Autorité de Santé menée en 2015, 1,9 % des femmes et 0,3 % des hommes seraient atteints d’hyperphagie en Europe, ainsi que 3,5 % des femmes et 2 % des hommes aux États-Unis.

Les symptômes de l’hyperphagie

Les accès hyperphagiques se caractérisent par l’absorption d’une quantité importante de nourriture dans un court laps de temps associée à une perte de contrôle.

D’après le DSM-5, le diagnostic de l’hyperphagie (appelée parfois boulimie non vomitive) se confirme avec au moins trois des critères suivants :

  • la récurrence des accès hyperphagiques ;
  • une absorption des aliments plus rapide que la normale ;
  • une prise alimentaire jusqu’à une distension abdominale douloureuse ;
  • une ingestion de nourriture frénétique sans sensation physique de faim ;
  • un isolement au moment de manger, par honte des quantités ingérées ;
  • une sensation de dégoût de soi-même et de culpabilité.
hyperphagie surpoids

Le saviez-vous ? Les donuts ne sont pas caloriques. Si vous ne mangez que le centre ! © Andres Ayrton | Pexels

Il est essentiel de distinguer l’hyperphagie de la boulimie, car la prise en charge et le traitement de ces deux pathologies seront différents.

La boulimie, comportant les caractéristiques de l’hyperphagie, entraîne cependant des comportements compensatoires inappropriés : vomissements provoqués, recours abusif de laxatifs ou diurétiques, jeûne, exercice physique excessif.

Les causes multifactorielles de l’hyperphagie

Cette pathologie alimentaire est complexe et tire ses origines de plusieurs facteurs : psychologiques, physiologiques, sociaux et environnementaux. Des causes génétiques et neurobiologiques rentreraient également en jeu.

La majorité des patients présente au moins une des caractéristiques suivantes :

  • un niveau de sérotonine bas ;
  • des traits de personnalité particuliers comme le perfectionnisme ou le besoin de contrôle ;
  • des traumatismes provoqués durant l’enfance ;
  • un lien nourriture/mère altéré durant les premiers mois d’existence ;
  • l’influence des diktats de minceur de la culture occidentale ;
  • une association à d’autres troubles mentaux tels que la dépression, l’addiction ou l’hypersensibilité.

Cibler son problème est déjà un premier pas vers la guérison. Maintenant que vous comprenez contre quoi vous luttez, mettez en place des stratégies faciles pour arrêter avec l’hyperphagie !

2 – Anticiper les crises compulsives pour les désamorcer plus facilement

Vos crises arrivent à n’importe quel moment ? Vous ne parvenez pas à les voir venir ? Pas de panique ! Si de nombreux hyperphages témoignent de la survenue des compulsions alimentaires dans des moments de dépression, ou de stress, ce n’est pas une règle générale.

Laisser venir les crises pour les analyser

Cela peut paraître contradictoire. Vous cherchez à vous libérer de cette maladie, pas à y succomber. Cependant, tant que vous ne la maîtrisez pas totalement, il est bon d’observer la venue des accès hyperphagiques.

Tenez un carnet de bord de votre alimentation : notez-y les quantités ingérées, mais également votre humeur, vos activités, votre motivation du jour. Ainsi, vous allez commencer à apercevoir un schéma. Vous devez analyser :

  • la fréquence des crises ;
  • la qualité et quantité des aliments mangés pendant et hors des crises ;
  • le déclencheur (pensées négatives, personnes côtoyées, etc.).

Désamorcer en douceur la venue des pulsions alimentaires

Buvez beaucoup d’eau. Outre ses bienfaits sur votre corps, elle va permettre de remplir votre estomac. Ainsi, lors d’une crise, vous serez incapable de manger les quantités habituelles. La distension abdominale se fera ressentir bien plus rapidement.

Faites les courses le ventre plein. Vous céderez moins à la tentation, car votre taux de sérotonine et de leptine sera au plus haut, et votre taux de ghréline au plus bas.

Sortez quand une crise s’annonce. Aérez-vous l’esprit, allez au cinéma ou faites une activité qui vous plaise. Obligez la pulsion à repartir aussi vite qu’elle est venue.

Désinstallez les applications de livraison de repas à domicile. Les crises hyperphagiques arrivent souvent le soir (hyperphagie nocturne), il est donc aisé de succomber à la facilité qu’apportent ces applications.

3 – Changer ses habitudes quotidiennes pour vaincre l’hyperphagie

Lors de votre analyse, vous avez peut-être remarqué que les crises se manifestaient lors de journées stressantes. S’il est parfois impossible de se soustraire aux deadlines professionnelles, au surmenage familial, à la charge mentale, il existe heureusement des moyens de prendre du recul sur ces situations. Vous pouvez par exemple faire des exercices de sophrologie, ou bien débuter la méditation. Lâchez prise, recentrez-vous sur vous-même et refaites corps avec votre esprit. Enfin, éloignez les personnes toxiques de votre vie. Les amis qui se plaignent à longueur de journée, un compagnon qui vous critique, des collègues toujours sur votre dos : libérez-vous de ce climat anxiogène !

crises hyperphagie ennui

Il est facile de céder à ses pulsions quand l’ennui vous guette ! © Koolshoot | Pexels

Les crises peuvent également survenir à la fin d’une journée ennuyante. Rien de tel que la routine ou l’oisiveté pour succomber à ses pulsions ! Expérimentez donc des activités manuelles encore inconnues pour vous. Pourquoi ne pas essayer le tricot ? Nombre de loisirs créatifs ont de réels avantages sur le psychisme : augmentation de la concentration, détente, déconnexion, estime de soi reboostée.

🧶 Prêt à sauter le pas ? Découvrez les activités créatives et leur effet anti-stress !

4 – Être indulgent avec soi-même et se libérer d’un poids

Un regard positif peut changer bien des choses. Vous devez modifier la perception que vous avez de vous-même. Vous avez encore craqué pour la énième fois ? Et bien soit. Mais rappelez-vous toutes les fois précédentes où vous avez tenu bon ! Avoir une pensée positive, un mindset optimiste, vous aidera à gagner en bienveillance, en confiance. Vous apprendrez à ne plus vouloir tout contrôler, à lâcher du lest. L’hyperphagie répond à un principe qui veut que plus le contrôle est fort, plus la perte de contrôle l’est. Alors le mieux, c’est encore de ne pas en faire tout un plat !

Quelques astuces pour appliquer la pensée positive au quotidien :

  • Appréciez les aliments sans culpabiliser et laissez venir les crises s’il est impossible de les désamorcer. Pour le cerveau, moins de restrictions = moins d’envies = moins de craquages !
  • Souriez devant le miroir, portez un regard bienveillant sur votre corps. Si les médias sociaux peuvent être source de complexes, ils peuvent aussi vous encourager : sur Instagram, abonnez-vous aux hashtags bodypositive, bodyneutrality ou encore instagramvsreality.
  • Visualisez votre guérison pour forcer la loi de l’attraction !

 

5 – Compenser les compulsions alimentaires par la pratique d’un sport

La pratique d’un sport offre plusieurs avantages pour les hyperphages. En plus d’être un excellent moyen de brûler le surplus de calories ingérées, le sport va jouer sur la production d’hormones alliées et va booster votre confiance en vous.

La musculation par exemple ne présente que des atouts : elle vous permet d’augmenter votre métabolisme, de « transformer » votre masse grasse en muscle, prévient les complications liées au surpoids et libère les hormones qui vont lutter contre la survenue des pulsions alimentaires.

Un apport calorique important aide à la construction de la masse musculaire. Votre corps utilise les calories comme combustible : les glucides pour l’énergie, les protéines pour la construction musculaire et les lipides pour synthétiser les hormones libérées pendant l’entraînement. Parmi elles, la sérotonine. C’est plus précisément un neurotransmetteur qui agit favorablement sur l’humeur. D’ailleurs, certains antidépresseurs ont pour fonction d’activer la libération de sérotonine dans le cerveau.

Choisissez un sport qui vous stimule, qui vous pousse à vous surpasser. Vous pouvez commencer la marche à pied pour vous aérer l’esprit, choisir un sport d’équipe pour recréer du lien social ou préférer une activité sportive que vous pourrez partager avec vos enfants. Ne vous focalisez pas que sur le chiffre qu’affiche votre balance : le sport offre d’autres perspectives que la perte de poids. Rajouter des kilomètres au compteur, soulever plus lourd, courir plus longtemps : fixez-vous des challenges motivants !

👟 Le footing vous tente ? Lisez le guide du running débutant !

6 – Se faire accompagner dans sa lutte contre la maladie

Une bonne prise en charge est primordiale pour vaincre l’hyperphagie, et plusieurs médecins spécialistes peuvent jalonner le chemin vers votre guérison, à différents stades du traitement.

Qu’il soit psychologue ou psychiatre, c’est le médecin que vous devez consulter en priorité. Spécialiste en troubles mentaux, il vous orientera au mieux vers la thérapie la plus adaptée à votre situation. Grâce à la psychanalyse ou à l’hypnothérapie, il sondera votre inconscient à la recherche de réponses à votre mal-être. Il pourra également vous proposer une thérapie comportementale et cognitive (TCC).

Vous pouvez aussi vous adresser à un endocrinologue-nutritionniste. Avec une approche plus physiologique, il traitera vos déséquilibres hormonaux et mettra en place un protocole alimentaire.

combattre troubles alimentaires avec meditation

Visualisez plus sereinement l’avenir, vous êtes sur la bonne voie ! © SCHVETS | Pexels

Essayez également les médecines douces :

  • la sophrologie, pour rééquilibrer les émotions par la respiration ;
  • l’acupuncture, pour rétablir l’énergie vitale ;
  • la kinésiologie, pour « déprogrammer » votre réaction au stress ;
  • la réflexologie, pour harmoniser les fonctions vitales et mentales ;
  • etc.

Enfin, sachez qu’il existe une ligne téléphonique mise à disposition par la FFAB, Fédération Française Anorexie Boulimie : 0810037037. Des permanences sont assurées par des psychologues ou des associations spécialisées dans les TCA quatre jours par semaine.

 

Vous avez désormais toutes les clés en main pour vaincre l’hyperphagie ! Gardez à l’esprit que la guérison n’est pas toujours linéaire, mais les rechutes seront moins fréquentes, moins importantes. En appliquant toutes ces méthodes, vous aurez appris à ne plus « manger vos émotions », à nuancer vos pensées et à faire preuve de compassion envers vous-même. Partagez cet article à vos proches pour qu’ils deviennent des alliés précieux dans ce combat !

Sources :
DSM-5 (2015), Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques.
Le traitement de la boulimie et de l’hyperphagie boulimique – Ameli.fr
Troubles des conduites alimentaires (TCA) – Santé.fr
Boulimie et hyperphagie boulimique – Haute Autorité de Santé
Fédération Française Anorexie Boulimie
Vidéo : © Pavel Danilyuk | Pexels
Photo d’en-tête : © Thomas Muselet

Juliette Escande, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW