Par amour, curiosité intellectuelle ou envie de voyager, vous voulez apprendre le russe. Cette langue slave, qui compte plus de 260 millions de locuteurs, est réputée ardue. Vous envisagez pourtant une formation en autodidacte. Parfois, vous doutez. Ne risquez-vous pas de vous décourager et d’abandonner votre apprentissage individuel de l’idiome de Pouchkine ? N’est-il pas ambitieux de vouloir l’étudier en autonomie ? Face aux difficultés du russe, ne vaut-il pas mieux suivre un cours donné par un enseignant ? Mais quel dommage de ne pas poursuivre une aventure linguistique si enrichissante ! Et s’il était vraiment possible d’étudier la langue de Tolstoï par soi-même ? Dans cet article, vous trouverez 8 recommandations pour apprendre le russe tout seul.

« La langue russe, qui est, autant que j’en puisse juger, le plus riche des idiomes de l’Europe, semble faite pour exprimer les nuances les plus délicates. » Prosper Mérimée

1) Trouver une manière d’étudier le russe adaptée à ses besoins d’apprentissage

Déterminez un mode d’auto-formation qui vous convient. Mieux vaut d’ailleurs combiner les méthodes pour apprendre la langue russe.

Vous aimez la pédagogie traditionnelle ? Procurez-vous un manuel de russe ainsi qu’un dictionnaire et un fascicule d’entraînement à l’écriture cyrillique. Pour ce type de formation « à l’ancienne », achetez aussi un cahier afin de prendre des notes et de faire des exercices.

Vous préférez un apprentissage instinctif ? Une méthode telle qu’Assimil permet de s’initier intuitivement à la langue de Tolstoï. Privilégiant une approche communicative, elle se présente sous forme d’un livre papier ou numérique. Vous y trouverez aussi des ressources sonores et des points de civilisation.

Vous adorez les nouvelles technologies ? Téléchargez une application de formation linguistique comme Babbel ou Duolingo. Vous apprendrez de façon ludique. Certains outils ont un système de reconnaissance vocale pour acquérir la prononciation du russe !

2) Viser l’efficacité pour assimiler la langue de Tchekhov par soi-même

Afin de compenser l’absence d’un professeur de russe, élaborez des stratégies utiles.

Tout d’abord, apprenez ce qui est pertinent. Privilégiez les mots courants pour le vocabulaire. Si on est débutant, on doit savoir s’exprimer sur sa famille, ses loisirs ou la météo. Le lexique des affaires ou de la technologie n’a aucune utilité quand on démarre.

Ensuite, assimilez le lexique et la grammaire en contexte. Ne vous contentez pas de listes de vocabulaire ou de conjugaison. Mémorisez des expressions ou de courts dialogues. Vous apprendrez mieux en combinant des mots, et vos phrases sortiront naturellement dans la langue de Tchekhov.

Pensez aussi à gérer votre apprentissage efficacement. Optimisez votre temps pour étudier l’idiome des tsars seul. Vos objectifs de formation doivent être « SMART » : spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis. Visez une cible, comme l’obtention en 3 mois du niveau A1 du Cadre européen commun de référence pour les langues. Passez ensuite à un objectif plus avancé.

3) Imaginer des astuces afin d’apprendre le russe tout seul

Déclinaisons, alphabet différent, vocabulaire slave… La langue de Nicolas II peut désorienter, mais il existe des trucs pour se l’approprier.

Commencez par utiliser vos compétences linguistiques préexistantes pour acquérir les bases. Vous connaissez l’allemand ? L’accusatif ou le génitif vous sont déjà familiers. Et si le russe semble étrange au premier abord, il est d’origine indo-européenne. Le mot cын (syn), « fils », rappelle ainsi l’anglais son.

Autre conseil : utilisez des moyens mnémotechniques. Formez des associations mentales afin d’assimiler le vocabulaire. Pour certains emprunts comme компьютер (kampyoutir), « ordinateur », le lien est automatique. Pour d’autres termes, soyez inventif. Par exemple, pour le mot обычный (abytchnyi), « ordinaire », pensez au français habitude.

Élaborez également des outils pour fixer les contenus. Concevez vos propres supports de mémorisation. Créez des « flashcards » numériques avec les applications Brainscape ou Anki pour les chiffres russes, rédigez des fiches de conjugaison ou dessinez les mots à apprendre.

⏩ Il existe des moyens de mieux retenir les informations. Lisez « Comment travailler sa mémoire avec 3 astuces super efficaces ? ».

4) Être persévérant lors de sa formation individuelle en langue russe

C’est dur d’apprendre le russe tout seul : le découragement peut guetter ! Certaines attitudes permettent de tenir bon.

Pour commencer, faites preuve de réalisme. L’auto-apprentissage de la langue de Tolstoï exige de la ténacité. Vous ne lirez pas Anna Karénine en version originale six mois après être parti de rien. Mais vous pourrez tenir une conversation de base avec un russophone. C’est déjà une belle réussite !

De plus, soyez indulgent envers vous-même. La matière est difficile, et tenter de la maîtriser sans professeur l’est encore plus. Il est normal d’oublier du vocabulaire, de mal placer l’accent tonique ou de ne comprendre que 20 % d’un dialogue. La perfection n’est pas requise, seuls les progrès comptent ! Inutile de vous dévaloriser.

Autre conseil : étudiez avec constance, mais à petites doses. Le russe étant dépaysant, l’adoption d’un rythme régulier est essentielle dans votre auto-apprentissage. Pour garder votre motivation à apprendre la langue tout seul, mieux vaut y consacrer 30 minutes chaque jour qu’une journée entière de temps à autre. Vous risqueriez l’indigestion.

Une jeune fille qui apprend le russe toute seule est découragée

Source : Andrea Piacquadio sur Pexels

5) Insérer la langue de Dostoïevski dans sa vie quotidienne

Profitez d’activités banales pour travailler la compréhension et l’expression, et apprendre le russe facilement.

  • Pensez dans la langue cible. Par exemple, nommez avec celle-ci les produits que vous voyez au supermarché. Si vous êtes dans un restaurant, imaginez quelles seraient vos interactions avec du personnel russophone.
  • Écrivez en cyrillique. Établissez votre liste d’emplettes comme un Moscovite ou un Pétersbourgeois ! Vous pouvez aussi rejoindre des réseaux sociaux fréquentés par des locuteurs natifs. N’hésitez pas à formuler des commentaires dans leur langue.
  • Lisez du russe. Parcourez ainsi chaque matin un court article et repérez des termes que vous avez appris. Choisissez aussi l’idiome de Youri Gagarine comme langue par défaut de vos appareils mobiles.
  • Écoutez des documents sonores authentiques. Et si vous faisiez votre ménage en mettant des chansons folkloriques ? Regardez également des vidéos sur vos passions ou des dessins animés en version originale sous-titrée. Essayez de distinguer les sons, les mots et les phrases.

⏩ Les séries contribuent à l’acquisition d’une langue étrangère. Consultez « Apprendre l’anglais autrement : 7 astuces pour progresser devant son écran ».

6) Échanger avec d’autres auto-apprenants de russe

S’initier individuellement à la langue de Tchaïkovski ne veut pas dire rester dans son coin. Vous gagnerez à établir des contacts avec d’autres autodidactes.

D’abord, vous vous remonterez le moral. Les échanges avec des apprenants de russe permettent de s’encourager mutuellement. Dans des réseaux comme les groupes Meetup, vous trouverez des gens motivés et confrontés aux mêmes difficultés que vous. Vous vous sentirez moins seul !

Vous obtiendrez également du soutien. Les communautés d’apprentissage en ligne favorisent l’entraide. Des recherches ont ainsi été menées sur 1 528 membre d’une plateforme de social learning linguistique. Elles révèlent que ces personnes se sont investies en moyenne 3,3 fois plus pour corriger leurs pairs que pour étudier leur langue cible. Un participant pourra donc clarifier un point que vous comprenez mal. Vous serez aussi en mesure de donner un coup de main : c’est valorisant quand on étudie une langue étrangère difficile.

Enfin, vous aurez l’occasion d’essayer de nouveaux outils. Les interactions avec des auto-apprenants vous permettront d’accéder à des ressources utiles que vous ne connaissiez pas. Découvrez une grammaire de russe, un roman bilingue ou une appli linguistique…

7) Pratiquer la langue des tsars avec des locuteurs natifs

Comme vous n’avez pas de professeur, testez vos compétences avec des russophones.

Vous pouvez commencer par adhérer à un organisme culturel. Rejoignez une association franco-russe ou franco-ukrainienne. On y trouve souvent des membres qui parlent couramment la langue de Tchekhov. Club de conversation, cours de cuisine ou chorale… Les occasions de communiquer et de s’améliorer sont nombreuses !

Autre idée : formez un partenariat linguistique. Trouvez un russophone qui vous parlera dans sa langue. En échange, apprenez-lui le français. La personne doit avoir le même niveau que vous. Un site comme Conversation Exchange ou une appli comme Tandem vous aideront à trouver votre bonheur.

N’hésitez pas non plus à fréquenter des lieux « russes ». En 2019, plus de 110 000 personnes nées dans l’ex-Union soviétique vivaient en France. Églises orthodoxes, restaurants slaves, épiceries d’Europe de l’est… Notre pays ne manque pas de lieux où se parle la langue de Pouchkine. Sortez de votre zone de confort, allez vers les gens ! Avec un peu d’audace, vous nouerez des contacts fructueux.

8) Poursuivre son autoformation en allant dans un pays russophone

Appliquez votre auto-apprentissage dans un pays où le russe est langue officielle ou véhiculaire.

Tensions et conflits internationaux, formalités administratives, peur de l’inconnu… Il est intimidant d’aller seul dans un pays ou une région russophone. Vous voulez franchir le pas, mais partir l’esprit tranquille ? Choisissez un coin de l’ex-URSS où un Européen peut voyager facilement, tel que la partie orientale des pays Baltes.

Une fois sur place, visez une immersion authentique. Ne séjournez pas là où vous entendrez des langues familières, comme dans les hôtels des villes touristiques. Vivez plutôt en famille d’accueil. Autre idée : faites du volontariat en échange d’un hébergement en milieu russophone. Renseignez-vous auprès d’organismes comme Homestay ou Workaway.

Quel que soit votre niveau, pratiquez votre russe avec assurance. Vous êtes sur place, profitez-en pour parler la langue des tsars ! Même si vous faites des fautes ou ne comprenez pas tout, jetez-vous à l’eau. La confiance en soi est aussi un moyen de progresser.

Un marché d'une ville russophone pour parfaire son apprentissage du russe seul

Source : Jean-Baptiste Dupré

Étudier la langue de Tolstoï en autonomie est tout un défi, mais il est possible de le relever. En appliquant les 8 recommandations que vous venez de lire, vous pourrez apprendre le russe tout seul.

Jean-Baptiste Dupré, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Périne, tutrice de formation chez FRW.

Sources :