Vous rêvez d’une famille unie, dans laquelle vos enfants seraient les meilleurs amis du monde ? Cette complicité fraternelle tant désirée est parfois entachée par des disputes ? Rassurez-vous, l’entente parfaite n’existe pas. Bien des parents tombent de leur nuage à l’arrivée du cadet. Les jalousies et les rivalités sont les revers de la médaille d’une fratrie souvent idéalisée. Celles-ci participent à la construction de soi, à condition d’instaurer un climat favorable à l’harmonie entre frères et sœurs. Vous trouverez ici des éléments de compréhension et 6 conseils pour créer le terreau d’une amitié durable entre vos bambins, de l’aîné au petit dernier.

Les relations entre frères et sœurs forgent l’adulte en devenir

« Bien souvent le frère ou la sœur représente l’autre, la part manquante, la meilleure et la pire de nous-mêmes. » Lisbeth von Benedek, psychanalyste

La place dans la fratrie influence-t-elle le caractère ?

Bien des composantes peuvent jouer sur le caractère des frères et sœurs. Parmi elles, le nombre d’enfants appartenant à la sphère familiale, leur sexe, leur écart d’âge et le comportement des parents. Le rang de naissance en est une autre. Il n’y aurait pas, pour autant, de meilleure place dans la fratrie.

L’aîné

C’est lui qui fonde la famille. À l’arrivée de son cadet, il lutte pour garder sa place et ses acquis, ce qui le pousse à devenir plus résistant au changement et plutôt ambitieux. Il « se met facilement la pression tout seul et supporte moins bien l’échec », rapporte le pédiatre Marc Sznajder. En règle générale, le premier-né développe un sens aigu des responsabilités. D’après plusieurs études basées sur des enquêtes statistiques de l’Insee, il réussit mieux à l’école que ses frères et sœurs.

Le cadet et l’enfant du milieu

Le cadet ne doit pas défendre une place acquise mais s’en faire une. C’est pourquoi il adopte généralement un comportement opposé à celui de l’aîné. Si un troisième enfant pointe le bout de son nez, il devient celui du milieu. Le fait d’être pris en sandwich entre le plus jeune et le plus âgé le conduit parfois à jouer un rôle de médiateur. Conciliant, sociable et débrouillard, il serait aussi le plus rebelle.

Le benjamin

Le dernier-né est communément présenté comme le chouchou, celui qui bénéficie de la plus grande liberté. Selon une étude de l’institut de sondage britannique YouGov, il serait le plus facile à vivre, le moins stressé et… le plus drôle ! Il a toutefois tendance à être surprotégé et infantilisé. En grandissant, il devra donc redoubler d’efforts pour s’affirmer, développer sa confiance en lui et faire valoir son statut d’adulte.

Jalousie et rivalité, un mal nécessaire pour apprendre la vie en société

Amour et haine, complicité et compétition : les relations dans la fratrie sont souvent ambivalentes. L’aîné veut jeter à la poubelle cet envahisseur qui lui vole l’amour parental. En grandissant, son cadet se révolte à son tour contre ce frère écrasant à qui tout est permis.

La jalousie est un sentiment normal qui nourrit le lien fraternel. On apprend à travers elle à se dépasser, à progresser, à se construire. Malgré les tensions et les rivalités, elle permet à l’enfant d’expérimenter la socialisation et le vivre-ensemble ; de se forger sa propre identité au sein d’une communauté. C’est en composant avec l’autre qu’il saisit l’importance des compromis, de l’écoute, du partage et de l’entraide.

Les disputes, l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences relationnelles

Selon l’éducatrice en parentalité Elizabeth Crary, les querelles dans la fratrie sont surtout dues à l’âge et aux étapes de développement de chaque enfant. Elles seraient même une opportunité à saisir ! Celle de leur enseigner 4 compétences relationnelles et sociales essentielles pour vivre sereinement :

  1. Développer son sentiment d’appartenance.
  2. Poser des limites et respecter celles des autres.
  3. Gérer ses émotions.
  4. Résoudre les problèmes sans violence.

Dans son livre intitulé Arrête d’embêter ton frère, laisse ta sœur tranquille, la professionnelle fournit plein d’exemples concrets et de conseils aux parents. Une bible pour favoriser la complicité fraternelle !

Livre d'Elizabeth Crary pour développer la complicité fraternelle.

Le livre d’Elizabeth Crary est présenté par la célèbre psychothérapeute Isabelle Filliozat.

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Frères et sœurs soudés : quels bénéfices pour l’avenir ?

D’après plusieurs études, entretenir de bonnes relations fraternelles à l’âge adulte nous rendrait plus heureux et en meilleure santé. Nos frères et sœurs sont nos compagnons de route, notre port d’attache, vers qui on peut toujours revenir. Au-delà de la joie partagée, ils assurent véritablement le soutien affectif dont nous avons besoin dans les situations difficiles. Ils sont le pont entre l’enfant que nous étions et l’adulte que nous sommes.

Tout le monde ne réussit pas pour autant à développer ou à maintenir ces affinités. Dans un tiers des cas, les rapports fraternels sont dominés à l’âge adulte par l’hostilité ou l’apathie. D’où l’importance de semer l’harmonie dans la fratrie dès l’enfance.

6 conseils aux parents pour favoriser la complicité fraternelle

1. Rassurer l’aîné avant l’arrivée de bébé

La venue d’un nouveau-né est un chamboulement pour l’aîné. Lui qui était enfant unique doit soudain partager l’attention de son père et de sa mère. Vous pouvez l’aider à vivre au mieux cette nouvelle étape en l’y préparant dès la grossesse. Annoncez-lui la future naissance avec des mots simples et des repères temporels. Dites-lui bien que votre amour pour lui restera inchangé ; que le cœur des parents s’élargit à mesure que la famille s’agrandit.

Pourquoi ne pas l’associer aux préparatifs avant l’arrivée de bébé ? Aménagement de la chambre, choix des habits pour la maternité et des premiers jouets… Votre grand se sentira important et valorisé.

2. Accorder à ses enfants des moments de qualité

Si vous souhaitez que vos gamins tissent des relations fraternelles au beau fixe, il est important de leur réserver des instants privilégiés :

  • En tête-à-tête avec papa et/ou maman. Que ce soit pour l’histoire du soir, quelques heures ou un week-end, passez régulièrement du temps avec chacun.
  • Entre eux. Sachez aussi vous mettre à l’écart pour les laisser jouer ensemble. C’est ainsi qu’ils se trouveront des affinités.
  • En famille. Rien de mieux, par exemple, qu’une sortie nature avec les enfants pour une fratrie épanouie et de beaux moments de complicité !

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3. Miser sur la coopération et l’entraide familiale

Pour tisser des liens fraternels solides, vos bouilles d’amour doivent cultiver leur esprit d’équipe et leur sens de la solidarité. Il existe de multiples façons de les y inciter. Vous pouvez, par exemple, leur offrir des jeux de société pour enfants favorisant la coopération.

Préparer un spectacle, confectionner un repas, mettre la table… Et si vous les invitiez à s’associer dans la réalisation d’un projet commun ? Chacun peut se voir confier une mission à la hauteur de son âge et de ses capacités. C’est une bonne façon de favoriser l’autonomie de l’enfant tout en encourageant l’entraide.

Les mains de deux enfants en train de préparer un gâteau

Faire participer vos enfants à la vie familiale, par exemple en les invitant à préparer un gâteau tous ensemble, est une bonne façon de développer leur esprit d’équipe. Source : Lordn/iStock

4. Ne pas forcer la bonne entente entre frères et sœurs

Les adultes ont tendance à intervenir systématiquement quand les enfants se chamaillent. Ces derniers doivent néanmoins apprendre à gérer leurs conflits par eux-mêmes. La colère et les désaccords ne font pas obstacle au lien fraternel, au contraire. À condition de les laisser s’exprimer.

Essayez de ne pas vous immiscer dans leurs disputes, sauf si elles dégénèrent en violence physique ou verbale. Il faudra dans ce cas réagir immédiatement pour rappeler les règles ; inviter chacun à verbaliser son ressenti et sa colère.

Parfois, les enfants n’ont pas d’atomes crochus. Bien que les parents puissent instaurer un environnement favorable à l’entente entre frères et sœurs, ils ne peuvent pas les obliger à s’aimer. Leur amitié se développera peut-être avec le temps.

5. Respecter l’individualité et les besoins de chaque membre de la fratrie

Qui n’aspire pas à se sentir unique ? Il est primordial de respecter l’individualité de votre progéniture. Les frères et sœurs ont des caractères, des aspirations et des besoins distincts. D’où l’importance de ne pas les comparer. C’est essentiel pour augmenter leur estime de soi et favoriser la complicité fraternelle.

Laissez à chacun l’intimité nécessaire à son épanouissement. Non, ils ne sont pas obligés de jouer ensemble. Oui, il faut demander à l’autre la permission de lui emprunter ses affaires. S’ils n’ont pas de chambre individuelle, pourquoi ne pas, de temps en temps, délimiter un espace rien qu’à eux dans une pièce partagée ?

6. Montrer l’exemple à sa descendance

Les enfants reproduisent les comportements de leurs parents. Difficile, par exemple, de leur interdire de crier si on le fait nous-mêmes. Ils ont besoin de s’appuyer sur nous pour apprendre à gérer leurs émotions. Si nous sommes submergés par les nôtres, comment exiger d’eux une attitude exemplaire ?

Cela implique de s’intéresser d’abord à notre propre façon de communiquer. Quelle attitude avons-nous au sein de notre famille, du couple et à l’extérieur ? Quels rapports entretenons-nous avec nos frères et sœurs ? Faire un travail sur soi, travailler à son propre bien-être et à celui des autres… C’est aussi ça, le gage d’une fratrie comblée.

Favoriser la complicité fraternelle est possible, pourvu que l’on accepte les rivalités. Pour trouver sa place, chacun doit pouvoir s’affirmer en tant qu’individu. Avec une bonne dose d’amour, d’écoute et de partage, vos enfants auront de meilleures chances de former une équipe soudée pour la vie.

Armelle Gacon, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

  • SZNAJDER Marc. Les aînés et les cadets (Odile Jacob, 2011)
  • L’aîné, ce héros (lemonde.fr)
  • Comment votre rang de naissance affecte votre personnalité (selection.ca)
  • Comment fonctionnent les relations fraternelles ? (cairn.info)
  • JACQUES Karin. Quelle place dans la fratrie ? (De Boeck Supérieur, 2008)
  • Les relations entre frères et sœurs à l’âge adulte (nospensees.fr)
  • Préparer son aîné à l’arrivée d’un autre enfant (laurencepernoud.com)