Vous vous questionnez sur la définition de la neurodivergence ? Dans votre esprit, les neuroatypiques sont un mystère. Vous désirez comprendre pourquoi certaines personnes ont un cerveau tout simplement différent. Les explications ne manquent pas sur la toile. C’est vrai, il existe une multitude de fonctionnements cognitifs, dont les caractéristiques varient. En saisir le sens n’est pas toujours facile, et on se perd rapidement dans l’ensemble des descriptions. Et pourtant, appréhender ce concept peut être simple. Suivez le guide, vous aurez enfin les clés pour savoir ce qu’est la neuroatypie !
« L’harmonie, c’est la conciliation des contraires, et pas l’écrasement des différences. » Jean Cocteau, poète et membre de l’Académie française (1889-1963)
L’atypisme comme définition de la neurodivergence
D’après le dictionnaire La langue française, une personne neurodivergente est définie comme ayant « un fonctionnement neurologique atypique, souvent à cause d’un trouble neurodéveloppemental ».
Les neurodivergents ont donc un fonctionnement cognitif singulier, en comparaison avec la population générale. Ils pensent, communiquent et observent le monde différemment.
Mais il est important d’aller plus loin dans la définition de la neurodivergence. Oui, certains individus possèdent des particularités hors norme. Il n’en reste pas moins que chaque être humain sur Terre est pourvu d’un esprit unique, faisant de lui une personne à part entière. C’est ce qu’on appelle « la neurodiversité », elle fait la richesse de l’espèce humaine. Il s’agit d’un terme théorisé en 1998 par l’Australienne Judy Singer, psychologue et sociologue, autiste sur trois générations. Plus qu’un concept, la neurodiversité a donné naissance à un véritable mouvement. Les protagonistes y revendiquent leurs différences, loin des termes médicaux stigmatisants.
Au cœur de cette pluralité cérébrale, on retrouve chez la majorité des gens une manière de comprendre le monde qui est similaire. C’est ce que l’on appelle « la neurotypie ». L’autre partie de la population, qui détient un cerveau calibré différemment, est nommée « neurodivergente » ou « neuroatypique ». On distingue plusieurs formes de neuroatypies.
Il est essentiel de préciser que ces termes n’ont pas été créés pour enfermer les gens dans des cases. Il n’y a pas une manière d’être au monde qui soit meilleure qu’une autre.
Les différentes formes de neuroatypies et leurs difficultés au quotidien
La neurodivergence étant un terme récent, il est très complexe actuellement de fournir une liste précise des neuroatypies. Certains y ajoutent tous les fonctionnements cognitifs hors norme, comme le haut potentiel intellectuel ou l’hypersensibilité par exemple.
En 2023, Judy Singer a mis à jour sa définition de la neurodiversité. Elle y regroupe les troubles suivants :
- autisme ;
- TDA/H ;
- troubles dys et de l’apprentissage ;
- tics ou Syndrome de Gilles de la Tourette (SGT).
Tous font partie des TND (troubles neurodéveloppementaux) et ont rejoint le mouvement de la neurodiversité.
TSA
On parle plus communément de trouble du spectre autistique (TSA), en raison du nombre conséquent de symptômes dans l’autisme.
Selon Ameli, le site français de l’Assurance Maladie, 7 500 bébés naissent chaque année avec un TSA en France, ce qui représente 1 % des naissances.
D’une manière générale, l’autisme peut présenter plusieurs traits :
- Difficultés (voire absence) à échanger et communiquer avec autrui : par exemple, le second degré ou la communication non verbale posent problème.
- Comportements répétitifs et stéréotypés : ils peuvent se manifester au niveau du corps, comme se balancer d’avant en arrière pour diminuer l’angoisse. On les retrouve également au sein des activités, la personne autiste se prend de passion pour un sujet, un objet, l’en détourner lui est intolérable. (Exemples : les trains, le roulement d’une machine à laver en marche, la collection et le classement de cartes sur une thématique précise, etc.)
Les enfants avec TSA sont souvent sujets à l’exclusion et aux moqueries à l’école, car ils sont différents des autres. Ils ne comprennent pas les règles de la vie en société ou ne parviennent pas à regarder leurs interlocuteurs dans les yeux. En réalité, un grand nombre d’entre eux peuvent apprendre et s’adapter, même si cela leur demande plus d’efforts et d’énergie au quotidien. Il est possible d’expliquer aux enfants dès leur plus jeune âge ce qu’est l’autisme, pour éviter le harcèlement dès le début de la scolarité.
Troubles dys
Ils comportent la dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie. Ce sont des troubles du langage écrit, qui correspondent à une difficulté d’apprentissage.
D’après le site Ameli, 3 à 5 % des enfants sont concernés, soit environ 1 élève dans chaque classe. Ils rencontrent des problèmes pour apprendre à lire, écrire, orthographier ou encore calculer.
Au quotidien, les enfants et adultes atteints de troubles dys fatiguent plus vite que la moyenne, en fournissant des efforts constants de compréhension. Les adultes, pour prévenir les fautes, utilisent énormément les correcteurs d’orthographe, ce qui leur fait perdre du temps. Il n’est pas rare de les voir refuser une promotion, afin d’éviter de cumuler les tâches administratives.
Les enfants commençant l’apprentissage de la lecture peuvent rapidement être écœurés. Il est alors important de proposer des livres adaptés aux enfants dyslexiques, pour qu’ils ne perdent pas le plaisir de lire.
TDA/H
Toujours selon le site Ameli, le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité concerne 3 à 5 % des enfants scolarisés. Ces derniers présentent 3 symptômes principaux :
- 1 – Déficit de l’attention : impossibilité à rester attentifs ou à finir une tâche.
- 2 – Hyperactivité motrice : bougent sans arrêt.
- 3 – Impulsivité : difficultés à être patients.
Le comportement en classe est souvent source de conflits avec les professeurs, quand ceux-ci ne sont pas formés à la compréhension de ce fonctionnement. Les enfants interrompent régulièrement leurs camarades dans leurs activités. L’élève TDA/H est aussi en difficulté, il doit rester concentré et assis durant de longues heures. Involontairement, il génère de l’agacement chez les autres, car il ne cesse d’être agité. Les relations avec les amis ou la famille peuvent être compliquées.
Comme l’enfant, l’adulte présente ces trois traits. Une possibilité de pathologies supplémentaires est à craindre, conséquence d’avoir grandi avec le trouble de l’attention. Ainsi, 30 à 50 % des adultes atteints ont rencontré un épisode dépressif durant leur vie, plus du double en comparaison avec la population générale selon TDAH France (15 %). Ils ont également plus de risques de développer un trouble bipolaire ou des addictions.
Fort heureusement, les personnes avec TDA/H peuvent devenir des adultes épanouis, s’ils parviennent à trouver un métier qui corresponde à leurs besoins.
Gilles de la Tourette
Le Syndrome Gilles de la Tourette (SGT) regroupe différents tics au niveau du corps et de la voix. Il peut être associé à d’autres neuroatypies, comme celles citées précédemment, ou encore à des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ou de l’anxiété.
Ces tics peuvent passer inaperçus (renifler, tousser) ou être moins discrets (répéter les phrases de quelqu’un, dire des gros mots). Ces derniers peuvent générer des conflits avec autrui. Ceux qui ignorent ce qu’est ce syndrome se sentent agressés. Le SGT retentit aussi sur la scolarité des élèves, leur agitation pouvant les ralentir en classe.
Selon la Haute Autorité de Santé en juin 2022, il y aurait entre 0.5 et 1 % de personnes atteintes de ce syndrome. La célèbre chanteuse Billie Eilish en fait partie, le saviez-vous ?
L’accompagnement des fonctionnements cognitifs hors norme
Chaque neuroatypie, si elle n’est pas détectée et accompagnée, est susceptible de causer des troubles plus importants. Harcèlement à l’école, anxiété ou encore dépression peuvent rapidement devenir le quotidien des neuroatypiques.
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Les familles sont également en détresse, oscillant parfois entre déni et culpabilité. Il existe plusieurs types d’aides, selon le besoin.
Les praticiens expérimentés
Il est possible de faire appel à différents types de professionnels qualifiés :
- psychologues ;
- orthophonistes ;
- orthoptistes ;
- psychomotriciens ;
- ergothérapeutes.
Ils permettent aux neurodivergents d’être soutenus moralement et de bénéficier d’une rééducation pour un meilleur équilibre. Ils ont également un rôle de guide envers les parents en difficulté.
À l’école
En milieu ordinaire (ou école classique), les parents peuvent faire appel à deux types d’accompagnateurs :
- AVS : auxiliaire de vie scolaire ;
- AESH : accompagnant d’élèves en situation de handicap.
Ils participent à l’inclusion, et aident l’enfant à gagner en autonomie.
La MDPH
La maison départementale des personnes handicapées est un établissement à connaître. Elle veille à accueillir, informer et orienter les familles et personnes handicapées. Elle sensibilise la société aux questions du handicap.
L’entourage
L’entourage a un rôle essentiel dans l’accompagnement des fonctionnements cognitifs hors norme. Parent, collègue ou ami d’une personne neuroatypique, intéressez-vous, posez des questions, demandez des conseils et faites circuler l’information.
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Les personnes neurodivergentes se suradaptent quotidiennement pour vivre dans un monde qui n’est pas conçu pour elles. Se renseigner pour appréhender leurs besoins est un premier pas nécessaire. Imaginez toute cette énergie gagnée, si elles ne devaient pas sans cesse se justifier, s’excuser ou se faire comprendre.
Ce qu’il faut retenir au sujet de la définition de la neurodivergence, c’est qu’elle demeure imprécise et que les recherches restent encore floues. Les neuroatypiques sans TND (troubles neurodéveloppementaux) mériteraient de rejoindre le mouvement, aux côtés de l’autisme, du TDA/H, des troubles dys et du Syndrome Gilles de la Tourette. Quoi qu’il en soit, il est important de voir au-delà des symptômes en faisant preuve d’écoute et de tolérance, pour participer à la déstigmatisation des handicaps invisibles. Respecter son prochain et ses différences est une initiative citoyenne, à la portée de chacun. Il n’est pas trop tard pour commencer.
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Emmeline Argentel, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
https://www.dyslexiefrance.com/les-troubles-dys/caracteristiques-dun-adulte-avec-troubles-dys/
https://www.tdah-france.fr/Comorbidites-du-TDAH-de-l-adulte.html
https://www.france-tourette.org/