La vie trouve toujours un chemin. Les ours blancs de la côte sud-est du Groenland en sont le parfait exemple. À cet endroit, les gigantesques glaciers cèdent désormais leur place, pendant une grande partie de l’année, à un paysage de blocs flottants. De telles conditions laissent présager le pire pour la survie de certaines espèces animales. Pourtant, une population d’ours polaires, capable de chasser dans ce nouvel environnement, a récemment été découverte. Pour en savoir plus, observons les résultats d’une enquête captivante dirigée par Kristin Laidre, chercheuse et scientifique à l’Université de Washington.
Quels sont les moyens mis en oeuvre pour observer cette nouvelle espèce d’ours polaires ?
Dans cette région de l’Arctique, les effets du réchauffement climatique sont impitoyables : la banquise n’est plus accessible que 4 mois par an. Le reste du temps, le paysage se résume à des blocs de glace flottants qui se détachent de l’inlandsis. En surface, ils forment dorénavant une sorte de mélange visqueux de glace fondue et d’eau ruisselante. C’est dans ces conditions extrêmes que Kristin Laidre, accompagnée d’une équipe de chercheurs, a mené une étude sur les mammifères marins. À bord de 4 hélicoptères, ils ont réussi à accéder à cette région en cachant du carburant (parfois, des années à l’avance !) dans la neige.
Sur la centaine d’ours blancs vivant à cet endroit, les scientifiques en ont équipé 27 de balises satellites, afin de connaître leurs déplacements. Puis, ils ont confronté les résultats à des données recueillies 30 ans plus tôt. Ces données ont également été complétées par les observations de chasseurs qui ont pu fournir des échantillons génétiques d’animaux tués.
Leurs conclusions sont étonnantes ! Il en ressort que ces ours sont génétiquement distincts de leurs congénères qui vivent dans le reste du Groenland. Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que ceux-ci sont totalement isolés des autres, encerclés par l’étendue montagneuse de la calotte glaciaire à l’Ouest et par les courants rapides à l’Est.
Au total, 7 années de recherches ont permis d’arriver à ce constat fort encourageant : cette communauté, de plus petite taille et dont les habitudes de déplacement ne correspondent à aucune autre population, a bel et bien réussi à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques !
Concrètement, quels sont les changements comportementaux observés ?
Pour comprendre cette évolution, il faut connaître les habitudes de chasse des ours polaires classiques. Lorsque la mer est totalement gelée, ils se placent en embuscade à proximité des trous dans lesquels les phoques viennent reprendre leur respiration. À ce moment, les plantigrades capturent leurs proies et les dévorent.
Les rois du Grand Nord ont changé de méthode. Dorénavant, ils utilisent les morceaux de glace flottants qui se détachent de l’inlandsis pour s’en servir de plateforme de guet-apens, puis n’hésitent pas à se jeter à l’eau. C’est la première fois que l’on voit des ours se servir de l’eau douce glacée comme terrain de chasse.
L’espoir est donc de mise puisque cette population devrait avoir de meilleures chances de survie que les autres, dont la disparition peut s’expliquer selon plusieurs facteurs. Kristin Laidre confie au magazine Science : « Ils constituent un groupe important, car ils peuvent nous aider à nous projeter dans l’avenir ».
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Nathalie Drouin Gouby, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Science – Newly identified population of polar bears survives on glacier slush, not sea ice
Actu.fr – Un nouveau groupe d’ours polaires découvert au Groenland