Comprendre les enjeux de l’écriture inclusive
Sujette à de nombreux débats médiatiques depuis quelques années en France, l’écriture inclusive est une approche de la communication qui vise à éviter les biais de genre et à promouvoir l’égalité entre les sexes dans le langage. Elle cherche à rendre visible et à inclure toutes les identités, en privilégiant le neutre au masculin. Dans cet article, nous explorerons les polémiques autour du langage inclusif, nous examinerons ces enjeux et nous nous pencherons sur les différentes manières de l’utiliser dans nos écrits.
Les polémiques autour du langage inclusif
Le langage inclusif suscite des opinions opposées en France ! D’un côté, des personnalités telles que Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Éducation nationale, craignent qu’il complique l’apprentissage pour les élèves. L’Académie française rejette également cette pratique, la qualifiant de « barbarisme » nuisible à la clarté du français. Des figures politiques comme Éric Zemmour y voient une dérive idéologique…
À l’inverse, les défenseurs du langage inclusif, comme Ovidie, réalisatrice et militante féministe, estiment que promouvoir l’égalité des genres et la diversité est crucial. Diverses figures médiatiques comme Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, ou encore Françoise Héritier, anthropologue et féministe, soutiennent qu’il améliore les représentations féminines dans la langue. Elles enrichissent le débat en soulignant que le langage reflète les structures sociales et les rapports de pouvoir. Ainsi, les controverses à ce sujet mettent en lumière une fracture entre ceulleux qui le considèrent comme un outil de progrès social et celles et ceux qui en perçoivent une évolution de la langue française.
Si vous souhaitez en savoir plus au sujet de l’équité dans le domaine de la politique et de l’espace public, je vous invite à lire nos articles :
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Concernant l’avis des Français sur l’écriture inclusive, elle est divisée. Certains la considèrent comme un progrès nécessaire pour promouvoir l’égalité des genres, tandis que d’autres la jugent complexe et peu lisible. Les débats autour de son utilisation dans les institutions et l’éducation reflètent une société en quête d’équilibre entre tradition et modernité… En 2017, selon l’entreprise de sondages d’opinion, Harris Interactive, 75 % des Français étaient favorables à son utilisation ! En 2023, le magazine Usbek&Rica a publié un article sur l’étude réalisée par l’IFOP, expliquant que 51 % d’entre eux l’encouragent.
Ces chiffres varient en fonction de l’identité, du milieu social ou encore du bord politique des Français.
Les enjeux de l’écriture inclusive
Le non-emploi de l’écriture inclusive peut avoir des conséquences significatives sur les plans sociaux, culturels et linguistiques. Penchons-nous sur ces retombées principales :
– Renforcement des stéréotypes de genre
L’absence d’écriture inclusive contribue à la perpétuation des stéréotypes féminins et masculins. En utilisant le masculin comme genre par défaut, la langue française, de la même manière que d’autres, tend à invisibiliser les femmes et les personnes non binaires. Cela a des implications profondes sur la manière dont les rôles des différentes identités sont perçus dans la société. Les représentations biaisées qui en résultent peuvent influencer les aspirations professionnelles et personnelles des individus, en leur faisant croire que certaines carrières ou rôles sociaux sont réservés à une catégorie spécifique. Par exemple, des études montrent que les femmes sont souvent sous-représentées dans des domaines tels que les sciences et la technologie, en partie à cause de la façon dont ces domaines sont linguistiquement encadrés.
– Impact sur l’identité et la diversité
L’écriture inclusive joue un rôle crucial dans la reconnaissance et la validation des identités diverses. Pour les personnes qui ne se retrouvent pas strictement dans la binarité, l’absence de formes inclusives peut créer un sentiment d’exclusion. Cela peut avoir des conséquences psychologiques, notamment une baisse de l’estime de soi et une impression d’aliénation. En ne se voyant pas représentées dans la langue, ces personnes peuvent ressentir que leur existence est niée ou minimisée. Cela souligne l’importance d’un système linguistique qui reflète la pluralité des identités, permettant ainsi à chacun de se sentir valorisé et reconnu.
– Éducation et sensibilisation
Sur le plan éducatif, l’absence d’écriture inclusive limite la sensibilisation des jeunes sur la question des représentations et de l’égalité. Les enfants et les adolescents qui grandissent dans un environnement où le masculin est la norme peuvent développer des préjugés inconscients et des attitudes discriminatoires. En intégrant des formes inclusives dès leur plus jeune âge, on peut non seulement sensibiliser les jeunes aux enjeux de genre, mais aussi leur fournir des outils linguistiques qui reflètent la diversité de la société. Cela peut favoriser une culture de respect et d’inclusion dès le plus jeune âge, contribuant ainsi à une société plus équitable à long terme.
– Évolution linguistique
Ce refus peut également freiner la progression de notre langue. Elle est une entité vivante qui évolue. En négligeant la communication équitable, on risque de figer notre dialecte dans des représentations qui ne correspondent plus aux réalités contemporaines. Cela peut créer un fossé entre les normes linguistiques traditionnelles et les attentes d’un monde qui valorise de plus en plus l’égalité et la diversité. Une langue qui ne s’adapte pas aux changements sociétaux peut devenir un obstacle aux relations et à l’expression des valeurs d’inclusion et de respect.
En somme, ces enjeux vont bien au-delà de simples considérations linguistiques. Ils touchent à des questions fondamentales de justice sociale, d’identité et d’évolution culturelle. En intégrant un langage non discriminant dans notre quotidien, nous pouvons contribuer à une société plus équitable, où chaque personne se sent représentée.
L’écriture inclusive et la formulation neutre : rédiger de manière plus égalitaire
Il existe plusieurs manières de composer de façon égalitaire. En voici deux : la rédaction inclusive et la composition neutre.
La rédaction inclusive cherche à intégrer explicitement tous les genres dans le langage. Elle utilise des techniques comme les parenthèses, les barres obliques ou les points médians pour représenter les différentes identités de genre.
Elle emploie différentes règles :
– L’alternance des genres : cela consiste à alterner entre le féminin et le masculin pour désigner des groupes mixtes. Par exemple, « les étudiants et les étudiantes ».
– Les formes inclusives : c’est manier des tournures comme le point médian ou les parenthèses. Exemple : « les étudiant·e·s », « les étudiant(e)s »
– L’utilisation des bons déterminants : par exemple, « la docteur » au lieu « du docteur »
La composition neutre vise à esquiver toute référence au genre, en utilisant des termes spécifiquement non binaires. Elle se concentre sur des formulations qui ne désignent pas le genre des personnes.
– L’emploi de termes neutres en privilégiant des mots et expressions non genrées. Écrire « personnes » au lieu de « hommes » pour désigner un groupe mixte.
– L’usage des pronoms inclusifs : lorsque l’on parle de personnes dont on ne connait pas le genre, utiliser des pronoms neutres comme « iel » en français, ou opter pour des propositions qui évitent de spécifier le genre.
– L’application d’alternatives : parfois, il est possible de reformuler des phrases pour empêcher de mentionner le genre. Par exemple, au lieu de « le directeur » ou « la directrice », vous pouvez dire « la direction ».
Apprenez-en plus avec le guide de rédaction inclusive du CNRS.
Enfin, rédiger de manière équitable ne se limite pas à l’utilisation de structures linguistiques spécifiques ! Cela implique également une réflexion plus large sur le langage systémique dans son ensemble. Entamer une réflexion plus personnelle permet de se questionner sur notre propre conception du genre. Interroger les groupes concernés par ce type de discrimination aide à mieux comprendre les inégalités et leurs conséquences sociétales, afin de sensibiliser les discours. C’est aussi penser à mentionner plus de figures féminines lorsque l’on parle de sujets sur l’histoire ou encore les sciences.
Les perspectives à venir pour le langage équitable
Les années à venir pourraient marquer une étape significative dans l’adoption du style équitable en France. À l’heure actuelle, des initiatives émergent dans divers secteurs, notamment l’éducation et le monde professionnel, où le langage équitable commence à être intégré dans les documents officiels et les transmissions internes. Nous venons de le voir, cette évolution se heurte encore à des résistances. En comparaison, d’autres pays, comme le Canada et la Suède, ont déjà fait des avancées notables en matière de langage inclusif. Au Canada, par exemple, le gouvernement a adopté des lignes directrices pour un dialecte non sexiste dans ses communications officielles, tandis qu’en Suède, l’utilisation du pronom neutre « hen » a été largement acceptée dans la langue courante. Il est donc possible d’intégrer des pratiques langagières incluantes sans compromettre la clarté et la compréhension ! En France, la prise de conscience croissante des enjeux de genre et d’identité pourrait favoriser une adoption plus large du langage équitable, entraînant une transformation progressive des normes linguistiques et une société plus égalitaire. Les prochaines années seront donc cruciales pour observer comment ces dynamiques évolueront et s’ancreront dans la culture francophone…
J’en conclus qu’il est essentiel de souligner l’importance de s’informer régulièrement sur les évolutions linguistiques et les termes appropriés pour désigner les représentations dans leur ensemble. Cette vigilance permet non seulement de respecter la diversité des identités, mais aussi de favoriser une communication inclusive et respectueuse, cela contribue à une société plus équitable et consciente des enjeux liés à l’identité.
Si le sujet de l’inclusivité vous intéresse, notre article concernant l’éducation non genrée devrait vous plaire.
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Ceylia Gagné, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.
Sources
Opinions et sondages :
https://harris-interactive.fr/wp-content/uploads/sites/6/2017/10/Rapport-ecriture-inclusive-mots-cles-Harris-Interactive.pdf
CNRS :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/lecriture-inclusive-par-dela-le-point-median
https://inrs.ca/wp-content/uploads/2021/03/Guide-redaction-inclusive-inrs-vf.pdf
À l’échelle internationale :
https://www.versioninternationale.com/ecriture-inclusive-comment-ca-fonctionne-a-lechelle-mondiale/
Illustration générée par l’Intelligence Artificielle de Canva