Bien souvent involontairement, nous agissons et nous nous exprimons différemment avec une fille et un garçon : nous donnons alors raison aux stéréotypes de genre. Et c’est ainsi que nous participons sans le vouloir aux inégalités entre femmes et hommes. Difficile de prétendre éradiquer un sexisme ancré depuis longtemps ! Cependant, il existe certaines pratiques permettant d’élever les plus petits avec bienveillance et égalité. Les appliquer fera grandir vos enfants, tout en favorisant leur liberté et l’expression de leur individualité. Vous cherchez à mieux comprendre l’éducation non genrée ? Vous souhaitez la mettre en place à la maison, mais vous ignorez comment ? Cet article vous apportera les réponses à ces questions.

Qu’est-ce que l’éducation égalitaire ?

Pour comprendre, il faut revenir aux bases. Le sexe correspond aux caractéristiques biologiques et physiologiques d’un être humain, comme son anatomie et ses hormones. Un bébé peut donc naître avec des organes mâles, femelles, ou être intersexe. Le genre, au contraire, n’a rien de naturel ou d’inné : il est une construction sociale et culturelle. On assigne le genre de fille ou de garçon à chaque nouveau-né. Tout au long de sa vie, son entourage et la société lui transmettront des valeurs basées sur cette différenciation.

Quelles sont les conséquences ? Ce clivage influencera fortement les futurs choix d’un enfant. Construire une éducation non genrée, c’est agir en faveur de son bien-être et de son émancipation. C’est l’élever en lui montrant qu’il ou elle pourra atteindre ses objectifs, peu importe son sexe. Faire en sorte que votre fille n’ait pas peur de devenir mécanicienne qualifiée, et votre fils « maïeuticien » (sage-femme), c’est possible. Alors, prêt à bousculer vos anciennes pratiques éducatives ?

 

« Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d’intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour aller trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades. » Virginie Despentes, King Kong Théorie (2006)

Adopter un langage sans préjugés

Les poupées, le rose, la danse, les cheveux longs, pleurer, la dînette : « c’est pour les filles ». Les voitures, la bagarre, les mathématiques, le bricolage, le football, courir : « c’est pour les garçons ». Ces stéréotypes sont très courants. Vous les entretenez même peut-être sans vous en rendre compte. Hélas, ces déclarations n’ont rien d’anodin. En parlant de la sorte à votre enfant ou devant lui, vous lui apprenez que certaines activités, apparences et attitudes sont réservées aux filles, et d’autres aux garçons. Concrètement, vous véhiculez des stéréotypes de genre qu’ils assimilent et reproduiront aisément.

L’intérêt de chasser ces parasites de votre langage ? Éviter que, plus tard, ces jeunes individus restreignent leurs envies et leurs objectifs et fassent leurs choix selon ces clichés. La recette miracle : prendre conscience de tous les préjugés que vous pouvez véhiculer par la parole, et les chasser. Voilà un bon début pour commencer à lutter contre les inégalités entre hommes et femmes !

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Adapter sa consommation à une éducation non genrée

Voici quelques conseils d’achat afin d’agir concrètement en faveur de l’égalité entre filles et garçons.

Choisir des vêtements unisexes

Les clichés sont présents jusque dans nos penderies : le rose et les princesses pour les filles, le bleu et les super-héros pour les garçons. Comment combattre les stéréotypes de genre chez les enfants ? Préférez les teintes neutres, la palette de couleurs est infinie ! Et bien sûr, pensez aux motifs impartiaux tels que les animaux ou les plantes. Ils ne manquent pas ! Aussi et surtout, laissez-leur le choix. Offrez la possibilité à votre fils de porter des couleurs dites « féminines » et à votre fille de choisir des coloris dits « masculins ».

Les t-shirts ornés de messages sexistes du type « belle comme maman » ou « fort comme papa » sont à bannir, évidemment. La jupe peut également être remplacée par des pièces qui n’entravent pas la liberté de mouvement de votre fillette, si elle le souhaite.

Acheter des livres antisexistes

Les jeux et la littérature sont une immense source d’apprentissage. Des albums jeunesse évoquant des rôles non genrés et des héros ou héroïnes non sexistes existent. Proposez des histoires qui encourageront vos enfants à devenir qui ils veulent ! Vous trouverez une liste de livres non stéréotypés dans cet article. Après une lecture qui aborde toutes ces questions, prenez le temps d’en discuter avec eux, et tentez de déconstruire le genre.

Proposer des jeux luttant contre les stéréotypes de genre

Certains jouets sont fabriqués à destination des filles, et d’autres des garçons. Or, il est primordial de proposer à vos petits tous les types de distraction, indifféremment de leur sexe. Par exemple, un jeu de construction améliore la motricité fine et les repères dans l’espace, alors que celui de la marchande permet d’enrichir le vocabulaire et de travailler les nombres. Pour le bon développement des jeunes, toutes les compétences doivent être mobilisées. Notre société accepte bien plus largement une fillette attirée par les voitures qu’un garçon souhaitant jouer à la princesse. Or, les deux situations doivent être accueillies avec bienveillance. Une manière très simple de lutter contre le sexisme !

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Opter pour une décoration de chambre mixte

Avant même la naissance de bébé, l’apparence de sa chambre est déjà dictée par son sexe. Évitez cela en vous tournant vers une décoration non genrée multicolore ou épurée. Pensez aux matériaux naturels tels que le bois et aux tons neutres comme le vert, le jaune ou le orange. L’enfant pourra, en grandissant, choisir de personnaliser davantage sa chambre en fonction de ses propres goûts.

Montrer un modèle d’égalité lors des tâches quotidiennes

Grandir entouré d’une maman qui ne s’occupe « que » du ménage et des lessives, et d’un papa qui ne touche qu’au bricolage et au jardinage n’est pas l’idéal (dans le cas d’un couple hétérosexuel). L’enfant a de grandes chances de reproduire un schéma identique. Malgré quelques variations provoquées par la crise de la Covid-19, l’Insee rapporte en février 2023 que la répartition du travail domestique est toujours genrée. La gent féminine reste la principale contributrice à ces tâches.

Rappelons qu’un des objectifs de l’éducation est de rendre les enfants autonomes et indépendants. Or, proposer un tel modèle, c’est leur inculquer implicitement qu’une femme n’exerce pas les mêmes rôles qu’un homme et que chacun dépend de l’autre. Un premier pas en vue de lutter contre les stéréotypes de genre à la maison serait donc de répartir équitablement les tâches domestiques. Montrez-leur qu’il est tout à fait normal d’étendre une lessive pour un homme et qu’une femme est capable de monter une étagère. Proposez-leur des activités variées comme la cuisine, le jardinage, ou encore le pliage du linge. Et ce, quel que soit leur sexe !

Père et fils font le ménage ensemble

Une image qui laisse pressentir une bonne répartition des rôles ! Crédit : Gustavo Fring, Pexels

Accueillir les émotions de son enfant indifféremment de son sexe

Alors que douceur et sensibilité sont souvent associées au féminin, colère et détermination s’accordent davantage avec le masculin. On aura tendance à réprimer facilement une fille en colère et à interdire aux garçons de « pleurer comme une fillette ». Quel est le problème de ces stéréotypes ? Un individu qui masque l’expression de ses émotions (la tristesse, par exemple) et s’empêche de les vivre ne saura pas les gérer plus tard ; il trouvera refuge dans l’énervement ou l’anxiété. Parallèlement, une jeune fille à qui l’on interdit la colère ou le refus catégorique vivra plus fréquemment des situations d’infériorité, et s’opposer fermement pourra s’avérer difficile pour elle.

Pourtant, vivre ses émotions est primordial pour le développement affectif. Les exprimer, les nommer et les réguler constituent de réelles compétences nécessaires à l’épanouissement de chacun et chacune. Accepter toutes les émotions de votre enfant et lui faire verbaliser ses ressentis, quel que soit son sexe, est un bon début. Vous pouvez valoriser les émotions dites « féminines » et appuyer leur légitimité. Montrez, par exemple, qu’il est normal d’être triste et de pleurer dans certaines situations. L’empathie et le soin apporté à autrui ne sont pas réservés aux femmes !

Vous l’aurez compris, élever son enfant sans préjugés demande quelques efforts, à commencer par une prise de conscience. L’éducation à l’égalité de genre à la maison n’est qu’une des clés d’un futur plus agréable pour toutes et tous. Les autres milieux dans lesquels baignera votre progéniture, notamment l’école, n’iront pas toujours de pair avec vos pratiques éducatives. La marche sera donc longue, mais sachez qu’agir à votre échelle est une première étape. Alors, n’hésitez plus !

 

Inès Carola, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

 

Sources :

Sexe à la naissance de la personne

Qu’est-ce que le genre ? Qu’est-ce que le sexe ? – IRSC

Sur le terrain des tâches domestiques, l’homme est sur le banc des remplaçants

Bénédicte Gendron. Capital émotionnel filles-garçons : quelles différences à l’école ? Août 2007, Strasbourg, France. Pages 1-12.