Qu’est-ce que l’équitation western ? Serait-ce une simple manie de monter à cheval en portant un chapeau et des santiags ? Encore méconnue en France, cette discipline voit pourtant son nombre de licenciés augmenter chaque année. Provenant de la conquête de l’Ouest, elle est aujourd’hui une véritable philosophie. Elle commence même à influencer les différentes pratiques équestres. Sous une image hollywoodienne assez dure et quelque peu machiste, elle se révèle en réalité innovante et très respectueuse de notre compagnon à crins. Oubliez le rodéo, les Amérindiens et les cactus : venez découvrir une autre facette du Lonesome cowboy.
Une pratique équestre issue de la colonisation du Nouveau Monde
Ce sont des colons européens qui inventèrent l’équitation western. Pourtant, elle ne reprend aucun code pratiqué à l’époque. Elle répond aux besoins spécifiques présentés par la conquête de ce nouveau territoire.
Des cowboys espagnols
L’équitation western est née au XVIe siècle, à la suite de la colonisation de l’Amérique du Sud par les Espagnols. Ils construisent des fermes pour élever du bétail et cultiver de quoi se nourrir. Ils embauchent alors des gardiens de vaches : des bouviers. Ces vaqueros, comme on les nomme, vont devoir s’adapter à l’immensité des plaines dans lesquelles pâturent les troupeaux. Ils sont reconnus pour leur dextérité à cheval, leurs aptitudes à soigner les animaux et à les conduire sur de longues distances. En 1700, le Nouveau Monde se peuple de plus en plus. De fait, les besoins en nourriture augmentent. C’est pourquoi les ranchs vont se multiplier et faire leur apparition en Amérique du Nord. Les élevages sont implantés loin des villes, sur la côte Pacifique où les conditions de vie sont difficiles.
La conquête de l’Ouest
Au XIXe siècle, la conquête de l’Ouest commence pour les colons anglophones. Ils s’inspirent alors du mode d’élevage espagnol. Ils adoptent les méthodes des vaqueros qui y travaillent et c’est ainsi que naissent les premiers cowboys. Leur rôle reste le même, s’occuper des vaches : marquage, soins vétérinaires, mise bas et renforcement des clôtures. Ils gardent également contre le vol de bétail, car ce dernier vaut très cher à l’époque. Le moment venu, ils conduisent les troupeaux sur de grandes distances jusqu’aux chemins de fer. De là, les animaux partent pour les villes de l’Est où ils sont abattus et mangés.
La naissance d’un mythe
C’est en 1882 que l’art de ces vaqueros est mis en lumière et popularisé par Buffalo Bill à travers son spectacle Wild West Show. C’est lui qui choisira les codes narratifs qui seront repris par Hollywood : l’image du cowboy solitaire épris de liberté et de justice.
Il était une fois dans l’Ouest Source image : Pixabay.com
L’équitation western reste une monte de travail
La vie était rude dans l’Ouest, le métier de vaqueros exigeant. Il était important de pouvoir compter sur son compagnon ferré pour faciliter le travail. Le cheval était le bien le plus précieux du cowboy, son moyen de subsistance. L’entente entre l’Homme et l’animal était primordiale.
Devenir centaure : plus qu’une équipe, ne faire qu’un
Nous l’avons vu, cette pratique est à l’origine pensée pour un métier. Sa création a un but précis : les soins et la conduite des troupeaux. L’objectif : réaliser à cheval les tâches d’un ouvrier agricole. Les chevaux doivent être habitués au bétail, ne pas avoir peur de le poursuivre, d’aller à sa rencontre pour séparer certaines vaches du reste du groupe. Le cowboy doit pouvoir convoyer le cheptel d’un point à un autre parfois sur de longues distances. Il ne devra faire qu’un avec sa monture. La direction s’effectue avec les deux rênes dans une seule main. Cela requiert un cheval sous contrôle, avec des allures cadencées, mais plus lentes. L’endurance prime la rapidité. On apprend également au poulain à quelque peu devancer les attentes de son cavalier. Il répond à des demandes très légères et de manière automatique. L’éducation est très particulière pour obtenir ces résultats.
Le lien entre le cavalier et le cheval pensé durant toute l’éducation
Le but de cette éducation est de constituer une équipe. Elle vise à créer une relation à toute épreuve entre l’humain et l’animal. Rien n’est jamais tout rose, mais l’équitation western prône des méthodes comportementales, fondées sur le mode d’interaction des équidés dans le troupeau. Cette approche tend à favoriser la confiance plutôt que de « briser » le mustang.
L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux a eu plusieurs noms connus dans l’Histoire, dont celui de Monty Roberts. La démarche de ces chuchoteurs se base sur la notion de « confort/inconfort » et de finesse. La requête commencera de la manière la plus douce, la plus minimaliste envisageable. Elle doit être agréable pour l’animal. On souhaite que notre code final, notre façon d’obtenir une action, soit le plus léger possible. Si le cheval ne répond pas à cette sollicitation, le cavalier va accentuer sa demande. Ceci a pour effet d’augmenter la gêne. Cependant, à la seconde où il effectue le mouvement attendu, même du bout du sabot, toute pression est alors relâchée. On redonne un maximum de confort afin que la coopération soit associée à une chose positive. Tout le but de l’éducation sera de lui donner envie de travailler avec nous.
Aujourd’hui, le bien-être animal est de plus en plus considéré et recherché. On parle beaucoup d’équitation éthologique, basée sur le comportement naturel du cheval. Cela fait déjà partie intégrante de la pratique western. Il s’agit même d’une discipline évaluée en concours : le Horseman ship.
La monte à une main pour tenir le lasso. Source Image : Pixabay.com
Le travail du cowboy toujours aussi présent, même dans les concours équestres
L’équitation western reste fidèle à son histoire. Chaque discipline évaluée en concours reprend les codes et les aspects du métier d’origine.
Le horseman ship
L’épreuve de horseman ship consiste en un parcours monté. Le cavalier sera jugé sur son évolution avec le cheval : le règlement de compétition parle de « l’harmonie du couple ».
La notation tiendra compte :
- du respect de la monture ;
- de l’assiette du concurrent (son équilibre, sa manière d’être assis en selle, de suivre les mouvements de l’animal) ;
- d’une utilisation des aides (mains et jambes) presque invisible.
Le reinning
Le Reinning est également une épreuve montée. Elle consiste en un parcours de dressage dans lequel on retrouve :
- Le fameux slidding-stop : le cheval va effectuer un arrêt depuis le galop en glissant légèrement sur ses pattes arrière.
- Le roll back : demi-tour au galop.
- Le spin : le fait de tourner très vite sur les postérieurs.
Le grand objectif de cette épreuve est d’avoir une monture sous contrôle. Chaque pas doit être maîtrisé. L’animal ne doit montrer aucune résistance apparente lors des demandes de son cavalier.
Le trail
Le trail est une épreuve d’obstacles, non pas à sauter, mais à franchir où l’exactitude prévaut. Ces exercices recréés des situations que le cheval pourrait rencontrer en extérieur. Face à eux, il doit se montrer calme et les affronter sans difficulté. Parmi ces franchissements, on retrouve :
- le passage de porte ;
- les barres au sol au pas, au trot et au galop ;
- le reculer autour de bornes et entre les barres en forme de U ou de L.
Le ranch cutting
Le concurrent devra, suivant son niveau, séparer une ou deux vaches du cheptel durant un temps donné. Afin que le cutter n’ait à s’occuper que de la bête qu’il confine, quatre cavaliers vont l’aider. Deux « turn back » empêchent que l’animal isolé ne parte à l’autre bout de la carrière. Deux « herd holders » qui maintiennent le reste du troupeau. Contrairement à la légende, l’activité de cowboy se pratique toujours en équipe.
Faire en sorte que notre présence soit recherchée. Source image : Pixabay.com
L’équitation western demeure avant tout une monte inventée pour un métier. Elle sait se remettre en question pour renforcer davantage le lien entre le cheval et l’Homme tout en restant fidèle à ses origines des grands espaces. Le respect est l’une des valeurs les plus importantes. On s’étonne que la Fédération française d’équitation ne la reconnaisse pas plus malgré l’augmentation de ses adeptes chaque année. Aujourd’hui, les moniteurs doivent d’abord obtenir un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) classique avant de passer une spécialisation western. Néanmoins, la communauté tente de changer les choses pour faire de cette pratique une formation à part entière et promouvoir cette philosophie.
Quant à vous, attrapez votre lasso, chaussez vos éperons et osez plonger dans cet univers country. Une écurie vous attend forcément et sera ravie de vous faire découvrir cette approche passionnante. Que vous soyez compétiteur, curieux ou amateur de promenade, l’équitation western ne peut que vous séduire ! Peut-être même prendrez-vous l’idée d’aller plus loin en prenant un cheval en demi-pension!
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Sources :
Livre de Lyne Laforme, Manuel de l’équitation western : un plaisir partager
france-western.fr
quarter-horse.com
the-western-shop-blog.com
Règlement disciplines western FFE
Marie Delambre, pour e-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW
