L’intelligence artificielle révolutionne notre quotidien, s’immisçant dans nos foyers, nos projets, et désormais, sur nos routes. Les voitures autonomes, longtemps reléguées à la science-fiction, partagent à présent le bitume avec les conducteurs humains, notamment en Californie. Si vous prévoyez de visiter San Francisco ou Los Angeles, ne soyez pas surpris de croiser des véhicules se déplaçant sans intervention. Ce projet, annoncé par les fabricants automobiles dès 2009, a vu ses premiers essais en 2017. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? La conduite indépendante peut-elle surpasser l’humain en matière de sécurité ? De l’usine jusqu’à la route, explorons ces engins intelligents. Zoom sur les mesures prises par les constructeurs pour garantir une protection optimale, et sur les défis à relever pour gagner pleinement la confiance des utilisateurs.

De la conception automobile jusqu’au premier virage de l’autonomie

Explorons ensemble toute la complexité que ces machines ont représentée pour leurs constructeurs.

Les technologies derrière les véhicules autonomes

La question que tout le monde se pose lorsqu’on voit une voiture, sans personne à l’intérieur, sillonner les pentes de San Francisco est : comment fonctionne-t-elle ? Pour le comprendre, il est essentiel de définir les cinq niveaux d’autonomie, allant de l’assistance au conducteur à l’automatisation complète :

  • Niveau 1 et 2 : Assistance au conducteur
    Direction assistée, accélération et décélération contrôlée par le système, mais le conducteur reste maître.
  • Niveau 3 : Automatisation conditionnelle
    Assure la surveillance de l’environnement, mais le conducteur doit être prêt à reprendre le contrôle (conduite ou situation de danger).
  • Niveau 4 : Automatisation élevée
    Gère la conduite de manière libre dans la plupart des situations, avec une reprise partielle de l’automobiliste en cas d’urgence.
  • Niveau 5 : Automatisation complète
    Le véhicule conduit seul, sans aucune intervention humaine, dans toutes les conditions.

Les niveaux 1 à 3 coïncident avec le pilote automatique du constructeur Tesla pour les particuliers. Alors que les niveaux 4 et 5 correspondent au Robotaxi, non accessible au grand public. Le niveau 5 est conçu pour fonctionner de manière totalement libre. L’algorithme qui pilote dispose d’outils sophistiqués pour percevoir et comprendre l’environnement :

  • Les radars, placés sur les quatre coins et sur le toit, mesurent la distance et la vitesse des objets en mouvement autour.
  • Les capteurs LiDAR (Light Detection And Ranging) émettent des faisceaux laser pour créer une cartographie 3D de l’environnement, détectant ainsi les obstacles et les objets avec une grande précision.
  • La caméra à 360° sur le toit capture des images en temps réel, reconnaît les panneaux de signalisation, les feux de circulation, les piétons et autres éléments essentiels à la conduite sécurisée.

Tous ces capteurs sont reliés à un dispositif de cartographie haute définition pour leur permettre de se repérer avec exactitude dans l’espace. À cela s’ajoute un système de GPS performant qui garantit une localisation précise et une synchronisation des données de navigation. Enfin, les voitures parlent entre elles grâce à un appareil de communication interne et échangent aussi avec les infrastructures pour coordonner leurs mouvements et réagir aux conditions de circulation en temps réel.

En soi cette technologie est proche d’un humain, mais optimisée. L’algorithme a des yeux pour percevoir son environnement, le sens de l’orientation, et des oreilles pour reconnaître les sirènes des véhicules prioritaires.

Schéma du système radar des voitures autonomes.

Schéma des radars des voitures autonomes de cinquième génération. Crédit : Anaïs Meignan

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Développement et tests en conditions réelles

Dans un premier temps, les intelligences artificielles ont été développées et testées dans des environnements virtuels. L’objectif était de les préparer à différents types de scénarios, comme : les situations d’urgence, les conditions météorologiques, etc.

Les tests en conditions réelles ont ensuite débuté sur des circuits fermés avant de s’étendre aux routes urbaines. Les données collectées par les capteurs ont permis aux algorithmes d’analyser des situations complexes et de prendre des décisions en un temps record.

En 2017, Waymo, filiale d’Alphabet (Google), a lancé son prototype de taxi autonome de niveau 5 à Phoenix. Un superviseur était présent derrière le volant, prêt à intervenir en cas de défaillance. Après plusieurs mois de tests concluants, les autorités californiennes ont approuvé leur circulation dans plusieurs villes de l’État. Ces véhicules sont uniquement utilisés comme taxis et ne sont pas encore disponibles à la vente pour le grand public.

Depuis 2022, les taxis indépendants circulent dans plusieurs villes de l’Ouest américain, s’intégrant progressivement au quotidien des citoyens et partageant la route avec les autres usagers.

L’utilisation des voitures autonomes : du travail à la maison

Imaginez un monde où les automobiles du futur seraient omniprésentes.

Avantages pour les conducteurs et passagers

Si les automobiles indépendantes devenaient plus nombreuses, elles offriraient un gain de temps considérable pour leurs utilisateurs. Le trajet pourrait être mis à profit pour travailler, se détendre ou même regarder un film, convertissant chaque itinéraire en une expérience plus agréable et productive. Ils représentent également une avancée majeure en matière d’accessibilité. Les individus en situation de handicap, les personnes âgées ou celles qui ne peuvent pas conduire bénéficieraient d’une liberté accrue, circulant sans dépendre d’une tierce. En rendant la mobilité accessible à tous, les voitures autonomes pourraient véritablement transformer la manière dont nous concevons nos déplacements quotidiens.

Impact sur le trafic et l’environnement

Elles offrent un potentiel pertinent pour améliorer la fluidité du trafic et réduire l’empreinte écologique des transports. Grâce à la communication intervéhicules, ainsi que les infrastructures urbaines, ils pourraient diminuer les embouteillages et désengorger la circulation. Ils favoriseraient une conduite écoresponsable, sans accélérations soudaines ni freinages brusques, limitant ainsi les émissions de CO₂. La plupart des projets actuels reposent sur des motorisations électriques, amenuisant de manière significative la pollution atmosphérique. En optimisant le trafic et en utilisant des sources d’énergie plus propres, ces véhicules contribueraient à améliorer la qualité de vie en ville, offrant un cadre plus agréable.

👉 Pour aller plus loin sur le sujet : les villes du futur.

La sécurité, la préoccupation majeure des constructeurs

La priorité des entreprises automobiles reste la sécurité, tant des conducteurs que de l’entourage.

La sécurité routière et les véhicules autonomes.

Elles sont conçues pour éliminer les premières causes d’accident sur la route, à savoir : l’endormissement au volant, la conduite en état d’ébriété, le non-respect des limitations de vitesse, l’utilisation du téléphone ou encore le défaut de port de la ceinture de sécurité.

Les algorithmes réagissent plus rapidement qu’un humain. Leur vision à 360° octroie une analyse plus complète, et anticipe les actions des autres chauffeurs. Cette conduite prédictive permet de restreindre les erreurs de jugement et de comportement, réduisant ainsi le risque d’incident.

Néanmoins, est-elle réellement plus sûre ? L’entreprise Swiss Reinsurance Company a mené son enquête de janvier 2018 à janvier 2023. Les comparaisons entre les automobiles indépendantes de Waymo et les conducteurs humains donnent l’avantage à l’automatisation. Le taux d’incident est environ 5 fois plus faible avec l’intelligence artificielle d’avec un humain.

L’entreprise Cruise, filiale de General Motors, est un des concurrents directs de Waymo. En avril 2023, elle a annoncé avoir parcouru un million de kilomètres en conduite autonome, durant lesquels 36 accidents ont été recensés. À titre de comparaison, Waymo a enregistré 20 accidents pour la même distance à San Francisco, Los Angeles et Phoenix. Soit presque deux fois moins que les conducteurs humains.

Schéma : rapport des données d'accident de l'entreprise Cruise

Comparatif entre conduite humaine et conduite autonome pour 1 million de miles parcourus. Schéma : Anaïs Meignan d’après les données de Cruise.com

Les risques d’utilisation : sécurité et protection intellectuelle

Bien qu’elles soient jugées plus fiables que les conducteurs humains, le risque zéro reste une illusion. Les constructeurs automobiles sont confrontés à des défis qu’ils s’efforcent de résoudre. Par exemple, en avril 2023, un épais brouillard à San Francisco a désorienté plusieurs véhicules indépendants Waymo. Ils se sont immobilisés en attendant que la brume se dissipe, bloquant ainsi plusieurs rues. D’autres incidents, notamment des collisions avec des trams impliquant des taxis Cruises, ont également été signalés. Cependant, les fabricants réagissent aussitôt : à chaque problème, des mesures correctives sont prises, les engins concernés sont rappelés, et les défaillances sont rectifiées.

Les cyberattaques sont également un risque à prévoir. Si un jour vous montez dans un taxi Waymo, gardez à l’esprit que les radars peuvent présenter un risque pour vous. Ils mémorisent en permanence autour et à l’intérieur de l’habitacle : conversations enregistrées, images sauvegardées, etc. Un piratage pourrait mettre en péril certaines informations personnelles. Les constructeurs doivent s’assurer que ces données soient anonymisées et protégées, en conformité avec les réglementations en vigueur. En Europe, cela inclut notamment le RGPD, afin de garantir la confidentialité des utilisateurs. À ce jour, aucune attaque n’a été répertoriée.

« Ce n’est pas la technologie qui définit notre avenir, mais bien la manière dont elle est utilisée et dans quel but. Le défi n’est pas technologique, il est humain. »

Alexandre Jost

Les véhicules indépendants sont plus fiables que les conducteurs. Ils représentent une avancée technologique majeure, tant pour la sécurité routière que pour la mobilité durable. Cependant, leur déploiement soulève des défis, en particulier en matière de sécurité et de protection des données. Bien que les constructeurs travaillent activement à renforcer leur fiabilité, il reste encore du chemin à parcourir pour gagner pleinement la confiance du public. Mais une chose est certaine : la révolution automobile est en marche, et avec elle, une transformation profonde de nos trajets et de notre quotidien.

🚗 Donnez votre avis en commentaire. Les automobiles du futur vous semblent-elles plus fiables que les conducteurs humains ?

Anaïs Meignan, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne Le Tarnec, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

https://saaq.gouv.qc.ca/blob/saaq/documents/publications/classification-society-automotive-engineers.pdf

https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/voiture-google-lance-son-service-taxis-autonomes-waymo-58290/

https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20190110STO23102/vehicules-autonomes-dans-l-ue-de-la-science-fiction-a-la-realite

https://arxiv.org/pdf/2309.01206

https://www.eca.europa.eu/ECAPublications/SR-2024-04/SR-2024-04_FR.pdf

https://www.nhtsa.gov/vehicle-safety/automated-vehicles-safety

https://www.getcruise.com/news/blog/2023/cruises-safety-record-over-one-million-driverless-miles/