La question de la mobilité et des transports est un des piliers majeurs de la transition énergétique. Pour réduire notre empreinte carbone et notre dépendance au pétrole, la France a fait le pari de la voiture électrique. Présentée comme « non polluante » et « zéro émission de gaz à effet de serre », elle serait la réponse à nos défis écologiques. Pourtant il existe des limites à la voiture électrique, en termes de prix, de performance et de respect de l’environnement. Alors solution miracle ou opération de greenwashing ? Petit tour d’horizon des 5 points à connaître avant de passer à l’achat.

1. Les limites de la voiture électrique, d’un point de vue écologique : pas de pollution zéro

Le coût écologique doit inclure la fabrication du véhicule électrique

L’évaluation écologique prend en compte le bilan carbone du véhicule sur toute sa durée de vie. La fabrication des batteries nécessite l’approvisionnement de plusieurs métaux, tels que le lithium ou le cobalt, venant de continents différents. La plupart des batteries sont ensuite fabriquées en Chine, avant d’être livrées sur les sites d’assemblage des véhicules, un peu partout dans le monde. Ce schéma industriel explique pourquoi la voiture électrique n’est pas écologique. Sa production nécessite environ 2 fois plus d’énergie qu’une voiture thermique. Certains évoquent même « une dette carbone » du véhicule avant sa mise en circulation, qui serait ensuite « remboursée » à l’usage.

Alors, la voiture électrique est-elle propre à l’usage ?

Non, le véhicule « zéro pollution » n’existe pas. Les pneus et les freins continuent d’émettre des particules fines. Mais surtout, pour un usage vertueux, la batterie devrait être rechargée à l’électricité verte, issue des énergies renouvelables et décarbonées. La France y est presque grâce au nucléaire, contrairement à l’Allemagne ou la Chine, qui dépendent fortement du charbon.

De plus, la question du recyclage des batteries va très vite devenir un enjeu majeur et prioritaire. Ces déchets toxiques devront être traités dans un cadre réglementaire et selon un dispositif économiquement viable. Les véhicules thermiques neufs ne seront plus autorisés à la vente à partir de 2035. Les métaux, comme le pétrole, étant des ressources épuisables, ce serait un comble de remplacer un problème par un autre !

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2. Un moyen de locomotion loin d’être accessible à tous

Pour accélérer le passage à l’électrique, le gouvernement a lancé plusieurs mesures incitatives telles que le bonus écologique et la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) dans plusieurs grandes villes.

Combien coûte un véhicule électrique neuf ?

Le premier prix est aux alentours de 20 000 EUR. La citadine Renault Zoé, modèle le plus vendu en Europe, coûte environ 35 000 EUR. Mais en raison de la flambée du coût des matières premières, la tendance est à la hausse.

L’investissement initial est-il compensé par le faible coût de la consommation du véhicule ? Avant que l’électricité n’augmente, le coût de la recharge effectuée à domicile était environ 4 fois moins élevé qu’un plein classique. Sur les bornes publiques, c’est bien plus onéreux. Dans le cas d’une borne dite « rapide », le prix rivalise même avec un plein de carburant.

L’entretien et la revente d’une voiture électrique

L’entretien de la voiture électrique coûterait moins cher. Cependant, 2 points sont à noter.

  • Il doit être effectué par des professionnels agréés puisqu’une grande partie des garagistes n’est ni formée ni habilitée à le faire.
  • La durée de vie d’une batterie est estimée entre 8 et 20 ans (chiffre très variable selon les sources et le modèle). À titre d’exemple, le remplacement de la batterie sur une Renault Zoé coûte environ 8 000 EUR.

Enfin, la revente d’un véhicule électrique subit à ce jour une décote bien plus importante qu’un véhicule thermique. Au bout de 3 ans, on estime qu’il perd 55 % de sa valeur contre 33 % pour un véhicule essence et 44 % pour un diesel.

3. Un véhicule qui pèse son poids et qu’il faut apprendre à piloter

Une voiture électrique est plus lourde qu’une voiture thermique

À cause de sa batterie, le poids d’un véhicule électrique est bien plus élevé que son équivalent essence ou diesel. De plus, il a considérablement augmenté avec l’arrivée des SUV et berlines électriques. Or, plus un véhicule est lourd, plus il consomme d’énergie.

Du fait de leur poids, de nombreux modèles ne sont pas autorisés à tracter une remorque, sous peine de dépasser le PTAC maximal (poids total autorisé en charge). Les plus petits ne peuvent pas non plus recevoir une boule d’attelage pour supporter un porte-vélo par exemple.

Mathématiquement, si le véhicule pèse plus lourd, sa capacité de charge utile diminue. Alors, dans le cas des bus et des camions, l’électrique est-il rentable ? Vaut-il mieux un camion électrique moins polluant qui devra faire plus de trajets ? La question reste ouverte, mais l’équation est posée.

Comment conduire une voiture électrique ?

L’objectif est de préserver la batterie, par conséquent l’éco-conduite est de mise :

  • conduire de manière souple (elle dispose d’une forte puissance d’accélération qui surprend et qu’il faut savoir maîtriser pour éviter les à-coups) ;
  • adopter une vitesse modérée et constante, de préférence 100 km/h maximum ;
  • vérifier régulièrement la pression des pneus ;
  • ne pas trop charger le véhicule.

Une voiture électrique ne s’utilise pas comme une voiture thermique.

4. L’autonomie, le maillon faible de l’électromobilité

Ne pas confondre autonomie théorique et autonomie réelle !

En théorie, l’autonomie d’une voiture électrique oscille entre 150 et 600 km maximum. Dans les faits, la distance maximale que l’on peut parcourir dépend de plusieurs facteurs comme le style de conduite ou les conditions météorologiques. Voici par exemple ce qui affecte l’autonomie du véhicule :

  • la conduite avec le vent de face ;
  • la mise en route des essuie-glaces, des phares ou du chauffage ;
  • l’ouverture des vitres ou la climatisation ;
  • le déchargement très rapide de la batterie par temps froid.

La température optimale pour la préserver se situe entre 15 et 25 degrés. Pour allonger sa durée de vie, il est donc préférable de disposer d’un garage.

Peut-on faire de longs trajets en voiture électrique (si on pratique l’éco-conduite et qu’on bénéficie d’une météo favorable) ?

Pour les longues distances, mieux vaut choisir des modèles plus gros (donc plus chers, plus lourds et plus polluants), avec une autonomie prévue de 400 à 500 km minimum.

Il faut ensuite planifier son itinéraire, vérifier l’état du trafic et identifier les bornes de recharge sur le trajet et à destination. Certaines d’entre elles nécessitent des abonnements souscrits à l’avance, d’autres non. Le réseau étant insuffisamment développé, il est possible que la borne ne soit pas disponible quand vous en aurez besoin. Sur une borne à recharge rapide, il faut compter environ 30 minutes pour atteindre 80 % de la charge.

En résumé, un long trajet en véhicule électrique ne s’improvise pas et il faut avoir du temps devant soi.

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5. La question majeure du passage à l’électrique : où et quand recharger sa batterie ?

Pour éviter les contraintes au quotidien, il vaut mieux savoir où et quand recharger sa batterie.

90 % des utilisateurs font leur recharge à domicile. En moyenne les temps de recharge sont les suivants :

  • sur une prise domestique, environ 24 h ;
  • sur une prise renforcée (moyennant 500 EUR environ), environ 12 h ;
  • sur une borne murale (dont le coût varie entre 1000 et 2000 EUR), environ 4 h.

Attention donc aux imprévus, un départ au pied levé n’est pas toujours possible.

Et si on habite en immeuble et que l’on n’a pas de garage ?

Pour installer une borne de recharge électrique, il faut en faire la demande au syndic de copropriété et attendre la décision des copropriétaires. Participeront-ils aux coûts d’installation s’ils ne conduisent pas eux-mêmes une voiture électrique ? Ce n’est pas sûr. La solution est alors le repli sur les bornes de recharge publiques.

Le déploiement de la voiture électrique à grande échelle entraîne dans son sillage quelques défis de taille, qui seront les conditions de son succès. Il faudra organiser les parkings pour que chacun puisse dérouler son câble électrique. À l’heure où l’on parle d’éventuelles coupures, on peut s’interroger : y aura-t-il de l’électricité pour tout le monde ? L’été dernier par exemple, la Californie a dû imposer des créneaux horaires pour la recharge, en raison de la tension sur le réseau.

Les voitures électriques ne sont pas parfaites, mais elles ont le mérite de constituer une piste pour sortir des énergies fossiles. De nombreux obstacles seront à surmonter pour qu’elles puissent s’imposer : filière de recyclage, aménagements urbains, extension du réseau de recharge, etc. Avant de passer à l’achat, il faut garder à l’esprit qu’elles ne sont pas aussi performantes que les véhicules thermiques, malgré leur prix élevé. Une de leurs limites majeures est qu’elles n’incitent pas les usagers à abandonner leur voiture personnelle. Or, pour prendre un vrai virage écologique, la voiture électrique ne devrait être envisagée qu’en dernier recours, après les transports collectifs et les mobilités douces.

Sources :

https://energieetenvironnement.com/2018/07/08/les-limites-pratiques-du-recyclage-des-batteries-au-lithium/

https://reporterre.net/Non-la-voiture-electrique-n-est-pas-ecologique

https://reporterre.net/Voitures-electriques-les-galeres-aux-bornes-de-recharge

https://www.lepoint.fr/automobile/innovations/la-voiture-electrique-a-la-merci-des-metaux-rares-01-02-2022-2462845_652.php

https://presse.ademe.fr/2022/10/mondial-de-lautomobile-lademe-publie-son-avis-sur-le-vehicule-electrique-une-batterie-de-taille-raisonnable-assure-une-pertinence-climatique-et-economique.html

Julie Tallec pour e-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.