Quatrième plus grande île au monde, Madagascar abrite différents écosystèmes forestiers avec une végétation luxuriante et une faune abondante. Au pays des lémuriens, le retour des arbres est salutaire à bien des égards. Dans le cadre de l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains ou AFR100, l’État malgache a promis de réhabiliter 4 millions d’hectares de terres et de forêts dégradées de 2015 à 2030. Pour cette année 2023, il s’est démarqué grâce à l’Alomac présenté par Mioty Voajanahary. Comment cette entreprise promeut-elle les solutions basées sur la nature pour restaurer les terres et développer la culture de l’Aloe macroclada? Quelles sont les retombées pour les Malgaches ? Un projet à découvrir pour s’informer, apprendre ou s’inspirer !

Un modèle de culture de l’Aloe macroclada qui nourrit et régénère les terres

Mioty Voajanahary, qui signifie en malgache « cueillir les produits de la nature » a été créée en 2014. L’histoire de l’Alomac, produit phare de l’entreprise, commence par la rencontre de son fondateur John James avec des tradipraticiens en 2008. Il est intervenu en tant que conseiller scientifique pour une équipe de tournage d’un documentaire sur les guérisseurs traditionnels de Madagascar. Depuis, il a porté un grand intérêt pour l’Aloe macroclada et a entrepris divers études scientifiques et essais cliniques pour donner naissance à l’Alomac.

Dans ses plantations, les terres ne sont pas défrichées. L’Aloe macroclada profite de l’ombre des herbes hautes, des arbustes et des arbres comme dans la nature. Il trouve sa place au milieu d’une flore indigène reconstituée et sur une terre nourrie et garnie d’un paillage et d’un couvert naturel. De cette manière, il peut produire les mêmes composés actifs que lorsqu’il est cultivé dans son habitat d’origine. Grâce à ces actions, Mioty Voajanahary figure parmi les 16 meilleures entreprises sélectionnées dans le cadre du programme Land Accelerator Africa 2023.  Elle contribue à la fois à reverdir le pays et à prendre soin de ses plantes bienfaitrices.

L’Aloe macroclada, connu sous le nom malgache de vahona, fait partie des 118 espèces d’aloès endémiques malgaches (Rafidison et al., 2019). Il relève de la catégorie « préoccupation mineure », c’est-à-dire largement répandue et abondante, de la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) de 2020. L’inventaire entrepris par le CNARP (Centre national d’application des recherches pharmaceutiques) en 2018 et 2019 indique plutôt qu’il est menacé à l’état sauvage.

🕊️Quand la nature se porte bien, des espèces que l’on croyait éteintes peuvent réapparaître. Voici l’exemple du Tetraka malgache, l’oiseau rare disparu depuis 24 ans.

Une chaîne d’approvisionnement durable du vahona qui profite à Madagascar

Chez les Malgaches, le vahona est connu pour ses vertus thérapeutiques, cicatrisantes, apaisantes ou rajeunissantes. L’Alomac est commercialisé sous forme de gel séché et broyé, extrait des feuilles de l’Aloe macroclada. Il sert principalement pour la fabrication de médicaments, de compléments alimentaires, de produits cosmétiques ou de soins pour animaux. Pour les prochaines années, Mioty Voajanahary vise à acquérir au moins 1 % du marché de l’Aloe vera évalué à 800 millions USD en 2023.

Dans les huit villages d’Arivonimamo où le vahona est cultivé, des emplois et de nouveaux revenus sont créés de manière durable. 10 % des fonds versés aux coopératives de producteurs pour l’entretien et la récolte de l’Aloe macroclada permettent aux enfants de s’instruire, de jouir d’une cantine scolaire et de s’adonner à la lecture.

Mioty Voajanahary partage ses avancées et progrès avec le ministère de l’Environnement et l’université d’Antananarivo. Différentes expérimentations se poursuivent pour :

  1. la valorisation des déchets des plantes pour fertiliser la terre ;
  2. la culture de champignons, bactéries et microorganismes pour apporter plus de vie au sol ;
  3. la germination et la conservation des graines de l’Aloe macroclada ;
  4. la création des pépinières couvertes ;
  5. l’acclimatation et la plantation du vahona ;
  6. les techniques de récolte des feuilles ;
  7. la gestion de l’eau.

Prendre la nature comme exemple, c’est la clé du succès de Mioty Voajanahary. Elle reconstitue des terres improductives, y cultive l’Aloe macroclada et évite ainsi leur cueillette sauvage. Avec près de 10 000 arbres autochtones plantés chaque année, bientôt les villageois retrouveront une forêt nourricière, protectrice et guérisseuse.

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Irina Andriambolatiana, pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.

Sources :

La restauration des paysages et l’esprit d’entreprise en Afrique

Land Accelerator Africa

Évaluation de l’Aloe macroclada pour la liste rouge de l’UICN

Alomac: Madagascar’s healing gift to the world

Rafidison et al., 2019. Synthèse et analyse de données sur les inventaires de plantes médicinales de Madagascar. Ethnobotany Research and Applications