Le surf est bien plus qu’un simple sport en Afrique. Ce continent, traversé par des dynamiques contradictoires, aspire à jouer un rôle de plus en plus reconnu sur la scène internationale. Cette discipline pourrait bien se révéler un puissant catalyseur de changement.

Le surf en Afrique : une histoire récente et prometteuse

Les premières utilisations de la planche ont été observées depuis le XVIIe siècle sur les côtes ghanéennes. Pourtant, la discipline est officiellement introduite en Afrique dans les années 50-60 par des étrangers qui partagent leur passion avec les locaux. L’Afrique du Sud, le Maroc et le Sénégal, pays précurseurs, sont déjà de hauts lieux touristiques. D’autres spots avec des vagues de classe mondiale émergent depuis les années 2000 (Ghana, Libéria, Angola, Namibie, Mozambique).

Bien qu’encore marginale, sa pratique s’impose néanmoins comme une tendance sûre. En effet, de nombreux projets associatifs ou entrepreneuriaux agitent le continent. Les grandes marques négocient des partenariats avec les labels africains, telles que Mami Wata et Bantu Wax. Elles accompagnent également dans leur développement des petites entreprises locales. Cet intérêt croissant contribue à réduire certains freins majeurs :

  • culturels : apprendre aux jeunes à nager permet de lutter contre une peur de l’océan encore très présente chez les habitants des littoraux ;
  • financiers : financer l’achat du matériel, car une planche d’occasion coûte cher pour la moyenne des gens. Environ 150 euros pour une planche d’occasion, soit trois fois le salaire minimum ;
  • politiques : encourager les ministères responsables du sport et de la jeunesse à promouvoir les compétitions nationales. C’est indispensable pour repérer les meilleurs candidats en mesure de représenter leur pays au niveau international.

Le « surf power » : une vague de changement positif à saisir

Le soft Power est un concept en relations internationales. Il se définit comme la capacité d’un État à influencer indirectement le comportement d’un autre acteur ou la perception qu’il a de ses intérêts par des moyens non coercitifs, culturels, idéologiques ou structurels. En quoi le surf s’avère-t-il être un levier d’influence pour l’Afrique ?

Tout d’abord, la diplomatie sportive est incontestablement une carte à jouer pour le continent. Ainsi, quelques icônes noires s’imposent déjà au niveau international tel que Mike February, premier Africain à avoir participé aux championnats du monde de 2018. Par ailleurs, deux Sud-Africains ont été qualifiés pour les Jeux olympiques de Paris en 2024. Le continent organise de plus en plus de compétitions régionales sous le parrainage de la jeune Confédération Africaine du Surf. Son fondateur, Oumar Sèye, est un pionnier au Sénégal. Il est parvenu en 2019 à inscrire Dakar comme une des étapes de qualifications pour les championnats du monde. Il a également obtenu que la capitale abrite les Jeux olympiques de la Jeunesse en 2026.

Enfin, la pratique de ce sport en Afrique s’ancre souvent dans des projets à vocation sociale et communautaire, répondant ainsi à des enjeux sociétaux très éloignés du mouvement de sous-culture cool liée à son essor en occident. Quelques exemples concrets :

  • À Robertsport, village côtier du Libéria, frontalier à la Sierra Leone, d’anciens enfants soldats ont troqué les armes contre des planches après la guerre civile de 2003 ;
  • En Afrique du Sud, après l’apartheid, des associations telles que Surfers Not Street Children ont élargi l’accès à la communauté noire et tentent par le biais du sport de lutter contre la pauvreté dans les townships ;
  • Au Sénégal, ce sport est un vecteur d’émancipation. Le programme Black Girls Surf aide notamment les jeunes filles à briser les codes pour s’imposer dans un milieu essentiellement masculin. Elles apprennent à se connaître et à prendre leurs propres décisions.

De nombreux défis restent encore à relever pour espérer un tsunami culturel ou économique. Pourtant, l’écosystème du surf offre déjà à l’Afrique des opportunités réelles de rayonner davantage sur l’échiquier mondial. Il appartient à ses acteurs de s’en emparer et de creuser le sillon d’un changement vertueux durable.

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Sources :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/31/surf-la-nouvelle-vague-africaine_6184019_3212.html

https://www.surfsession.com/actu/local/surfers-not-street-children-association-africaine-fait-bien-228223847/

Muriel PEIFFER (page LinkedIn) pour e-Writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Anne Le Tarnec, tutrice de formation chez FRW.