Chez nous, le moustique évoque de pénibles séances de grattage qui perturbent nos nuits et des envies irrépressibles de les écraser en plein vol. Dans d’autres parties du monde, il devient l’animal le plus meurtrier pour l’homme ! À lui tout seul, il fait plus de 830 000 victimes par an. Dengue, chikungunya, zika, fièvre jaune, cet insecte volant transmet aussi le paludisme. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la moitié de la population est exposée à cette maladie, qui a provoqué 619 000 décès en 2021, la plupart en Afrique.
Une équipe internationale de chercheurs vient de déceler la présence d’une bactérie à l’intérieur de l’intestin de la petite bête, qui aurait la capacité d’enrayer cette affection mortelle. Cette découverte exceptionnelle pourrait-elle venir renforcer les dispositifs déjà en place visant à éliminer totalement la pathologie ?

Un microbe qui stoppe le développement du paludisme chez le moustique

En examinant des moustiques porteurs de la maladie, les chercheurs ont identifié des variations dans la charge parasitaire, attribuables à une bactérie présente dans le microbiote intestinal de ces insectes. Cet organisme infectieux, naturel et non génétiquement modifié, n’affecte ni la survie, ni la fertilité, ni l’alimentation du sujet concerné, et ne peut pas être transmis à l’homme par piqûre.

Les chercheurs ont constaté que ce germe, qui habite les intestins de certains spécimens, peut sérieusement réduire la présence infectieuse responsable de l’affection. En l’administrant à d’autres membres de la même espèce, ils ont observé une impressionnante diminution de 75 % du nombre de parasites responsables du paludisme (le Plasmodium), une avancée majeure dans la réduction de sa transmission.

Ce microbe héroïque semble être à l’abri d’une amplification de toute résistance chez les moustiques, et son origine naturelle atténue les préoccupations environnementales. La toxine qu’il produit, l’harmane, agit comme une sentinelle intrépide, bloquant la progression du parasite dans le tube digestif de nos insectes volants.

🦟À lire également : « Un antimoustique innovant émerge d’Israël : une découverte scientifique prometteuse. »

Un espoir d’éradication de la maladie à consolider

Une excellente nouvelle qui découle de ces découvertes, des tests au Burkina Faso ont montré que le micro-organisme pouvait coloniser rapidement les moustiques. Les spécialistes explorent même la possibilité de pulvériser cette toxine sur des moustiquaires ! L’idée serait en effet de traiter les surfaces où les petites bêtes se posent, l’harmane ayant la faculté de traverser la peau de l’individu. En testant sur des souris, seulement un tiers de ces rongeurs ont été contaminés par les nuisibles qui transportaient l’organisme infectieux, tandis que tous ceux exposés aux insectes sans le microbe ont été touchés.

Autre information réjouissante : la molécule libérée par la bactérie se révèle capable de bloquer l’expansion du paludisme chez les humains, selon les résultats de diverses expériences en laboratoire et en plein air. Bien sûr, il est essentiel de rester prudent, car il faut maintenant s’assurer que l’utilisation de ce germe n’aura pas d’effets indésirables sur d’autres petits habitants utiles de notre écosystème, comme les abeilles par exemple.

Jamais à court d’idées, les experts ont pour projet de modifier l’agent pathogène génétiquement afin qu’il puisse être transmis naturellement par les individus femelles à leurs œufs. Cela permettrait de réduire sensiblement les coûts en éliminant la nécessité d’une application constante de la molécule.

 

Bien sûr, les débats éthiques sont à considérer sur cette dernière proposition, avec le recours à un OGM. Il est également nécessaire d’approfondir les études pour assurer la sécurité et l’efficacité à grande échelle.
Mais cette découverte pourrait être une avancée majeure dans la lutte contre le paludisme, en complément de la vaccination et des campagnes d’information. Elle suscite légitimement un espoir immense. À suivre de près !

Découvrez aussi un traitement efficace contre une autre pathologie très meurtrière sur le continent africain, la maladie à virus Ebola.

Pauline Lestrelin, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

Article de l’OMS sur le paludisme dans le monde

Science, Microbe stops mosquitoes from harboring malaria parasite

Sciences et Avenir, Une bactérie découverte dans l’intestin des moustiques pourrait endiguer le paludisme

Le Monde, Paludisme : une bactérie découverte dans l’intestin des moustiques pourrait doper la lutte contre la maladie

Photo libre de droit par Егор Камелев de Pixabay