D’une génération à l’autre, la peur du dentiste chez l’enfant continue de se transmettre malgré l’évolution des techniques de soins. La fraise a gagné en efficacité, les anesthésies sont quasiment systématiques et la douleur est au cœur des préoccupations des praticiens.
Le niveau de stress diminue avec la prévention. En quoi consiste-t-elle ? Ses objectifs sont de sensibiliser les tout-petits à leur santé bucco-dentaire, instaurer un lien de confiance avec le praticien, et soigner les caries infantiles dès leur apparition sur les dents de lait. Découvrons ensemble les outils pour prévenir la phobie dentaire de vos petits bouts et les accompagner sereinement sur le fauteuil du chirurgien-dentiste ou du pédodontiste.
1. Intégrer de façon ludique les réflexes de santé bucco-dentaire dès la naissance
Certaines bactéries se développent en consommant le sucre présent dans la bouche. Elles produisent des acides qui déminéralisent la dent et créent des trous (les caries) où prolifèrent de nouvelles bactéries. Des dessins animés et des livres décrivent très bien ce phénomène pour les plus jeunes.
Retarder la contamination
« Ce qui est à bébé n’est pas à vous. » L’Assurance Maladie dans la fiche Capital dentaire de l’enfant
Avec ce slogan, l’Assurance Maladie sensibilise à la contamination des nourrissons par ces bactéries, absentes à la naissance. Comment la retarder ? Ce qui va dans leur bouche ne va pas dans la nôtre :
- couverts ;
- tétines ;
- brosse à dents ;
- biberon ;
- etc.
Adapter son alimentation
En privilégiant les aliments durs, vous contribuez à décoller la plaque dentaire, nid douillet pour les bactéries.
Le sucre des boissons et aliments, comme les bonbons, est nettoyé par le brossage s’il est consommé pendant ou en fin de repas. Si le brossage est impossible, boire un verre d’eau ou mâcher un chewing-gum diminue significativement l’acidité de la bouche.
Vous avez transmis à votre descendance l’amour du fromage ? Génial ! Consommé en fin de repas, ce dernier a un rôle protecteur contre la carie !
Apprendre à nettoyer efficacement
Dès la naissance, la bouche de votre nouveau-né peut être nettoyée avec une compresse. S’il refuse, réessayez quotidiennement sans forcer, en jouant à compter ses dents ou à tirer la langue par exemple.
Lorsque sa toute première dent de lait a enfin percé, vous pouvez passer à une brosse à dents et un dentifrice fluoré adaptés aux bébés.
Recommandations concernant la concentration de fluor dans les dentifrices. En cas de risque carieux élevé, demandez conseil à votre chirurgien-dentiste. Source : UFSBD (Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire) – Crédit : Marthe POTIER
Complétez le brossage jusqu’à 5 ans, puis vérifiez simplement jusqu’à 7 ou 8 ans.
Parfois, le bambin a besoin d’un peu de motivation. Voici quelques pistes :
- utiliser une chanson, un minuteur ou un sablier pour brosser suffisamment longtemps ;
- télécharger une application ludique, comme Disney Magic Timer d’Oral B ou Mon Raccoon de Oral Care ;
- choisir un dentifrice au goût attractif ;
- essayer la brosse électrique ;
- effectuer le brossage en famille ;
- etc.
Effectuer des contrôles chez le dentiste
Dans les 6 mois suivant la sortie de la première dent, une consultation permet d’évaluer le risque carieux et de se familiariser avec le dentiste. Ensuite, un contrôle tous les 6 mois est recommandé.
Le dispositif M’T dents propose des visites de 3 à 24 ans, tous les trois ans. La consultation et les soins sont alors intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie.
2. Observer les possibles déclencheurs de la phobie du cabinet dentaire chez son fils ou sa fille
Qui est le mieux placé pour déceler les changements d’attitude de votre chérubin ? Vous, bien sûr ! À tout âge, observez-le pour détecter les premiers signes d’inquiétude.
Avant de rencontrer le praticien
Votre enfant a-t-il peur d’aller chez le médecin ou à l’hôpital ? S’il refuse de se faire ausculter, il est probable que l’examen dentaire lui cause des inquiétudes.
Vous arrivez en salle d’attente et il y a encore trois patients devant vous… Cela peut être anxiogène : n’hésitez pas à demander à la secrétaire si elle a une idée du temps d’attente.
Pendant le rendez-vous avec le chirurgien-dentiste
La salle de soins regorge de sources d’angoisses potentielles pour nos petits bouts :
- des professionnels cachés par leurs masque, gants ou visière ;
- la peur d’avoir mal ;
- la peur de la perte de contrôle : ne pas voir ni bouger, ne plus sentir avec l’anesthésie ;
- la sensation des outils dans la bouche ;
- l’inquiétude du parent ;
- etc.
Avant les consultations suivantes
Les enfants ont eu le temps de se remémorer le dernier rendez-vous. Même s’il s’est bien passé, les souvenirs peuvent être déformés par les émotions et provoquer des peurs a posteriori. Une peur de l’aiguille peut alors se déclencher si un lien inconscient est fait entre la sensation gênante de l’anesthésie et la piqûre, pourtant indolore. Votre enfant retourne chez le dentiste à reculons alors qu’il s’est laissé examiner facilement la fois précédente ? Peut-être qu’il ne se sent pas en confiance avec le dentiste sans réussir à le verbaliser.
3. Instaurer une relation de confiance entre le parent, le bambin et le soignant
Avant la première visite
Vous êtes à l’aise avec les examens dentaires ? Emmenez-le avec vous pour qu’il se familiarise avec l’environnement.
Vous pouvez également lui proposer des livres et des dessins animés qui décrivent le déroulement d’une consultation de façon ludique.
N’insistez pas trop, au risque d’attiser son inquiétude : parlez-en de la même manière qu’un rendez-vous chez le coiffeur par exemple.
Afin d’établir une relation de confiance entre le soignant et l’enfant, ce dernier doit se sentir acteur de sa santé bucco-dentaire. Crédit photo : diignat via iStock by Getty Images
Voici quelques exemples d’activités afin que le tout-petit se sente acteur de la situation :
- faire un dessin pour l’équipe soignante ;
- imaginer l’agencement de la salle de soins ;
- mettre son T-shirt préféré ou apporter son jouet fétiche pour le montrer au dentiste ;
- etc.
Des exercices de respiration réalisés régulièrement à la maison seront d’une grande aide pour se détendre en cours de consultation.
👉Découvrez également les bienfaits du toucher massage sur les enfants pour débloquer une situation.
Pendant la première consultation
Le retard est fréquent au cabinet dentaire : préparer quelques activités pour l’occuper lui éviteront de cogiter.
Les formulations positives et drôles rassurent : le fauteuil peut devenir un manège, la lumière un soleil, le masque celui d’un super héros… Écartez les champs lexicaux de la peur et de la douleur.
Avant le rendez-vous suivant
Proposez-lui de se remémorer ce qu’il a apprécié lors de la précédente visite. S’il ne voit que du négatif, rappelez-lui que sa mémoire lui joue des tours.
Enrichir son vocabulaire au quotidien lui donne des outils pour verbaliser ses émotions.
Si vous n’avez pas un sentiment de sécurité avec le dentiste, autorisez-vous à changer de praticien. Les pédodontistes sont à l’écoute, ont du matériel adapté et une décoration attrayante qui met rassure les tout-petits comme les plus grands.
4. Accompagner la peur du dentiste chez son enfant lorsqu’elle persiste
Assister à l’examen ou rester en salle d’attente ?
Votre chirurgien-dentiste voit souvent des personnes qui ont peur. Selon l’âge de votre fils ou de votre fille, il vous demandera peut-être de rester en salle d’attente pendant l’examen. Vous pouvez lui faire confiance : le comportement des bambins varie beaucoup en l’absence des parents.
Le récompenser ou pas ?
Vous envisagez de lui offrir un cadeau pour le motiver ? Cela peut fonctionner, mais cela peut aussi être contre-productif. Si ce qu’on lui demande mérite une récompense, c’est qu’il s’agit de quelque chose de difficile. Si vous lui en promettez une, tenez votre parole et veillez à ne lui offrir que si ça se passe bien. Mais là encore, il peut avoir l’impression de subir une double peine s’il a eu peur, et se braquer d’autant plus lors d’un rendez-vous ultérieur. Dans toutes les situations, félicitez-le de tout ce qu’il a réussi à faire, et encouragez-le pour le prochain rendez-vous. Dites-lui qu’il y arrivera, et que vous l’y aiderez : une sédation médicamenteuse, du gaz décontractant ou de l’hypnose peuvent être envisagés.
Et quand ça ne fonctionne toujours pas ?
Si malgré tous vos efforts, la peur subsiste : n’insistez pas ! Changer de praticien s’avère parfois suffisant pour éviter de devoir se libérer d’un blocage émotionnel.
En première intention ou après un échec de soins, un pédodontiste pourra sûrement débloquer la situation. Le personnel est habitué aux soins sur les enfants et le matériel est adapté. Cela vous demandera de la logistique et du temps pour l’organiser, mais vous pouvez lui rappeler que seule sa santé compte.
La prévention bucco-dentaire est primordiale pour le bien-être des quenottes et du cerveau de nos petits trésors. Malgré tous nos efforts, l’art dentaire regorge de stimuli inquiétants et inconnus pour nos enfants. D’autres éléments déclencheurs sont également à explorer, tels que la transmission intergénérationnelle. Les traumatismes seraient notamment transmis par des phénomènes de mimétisme inconscients. Pour en savoir plus, découvrez les travaux du Dr Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, invité dans le podcast Émotions.
Maintenant que vous avez pris soin de la bouche de votre enfant, souriez à pleines dents en visitant notre rubrique des bonnes nouvelles !
Marthe POTIER pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Andrée, tutrice de formation chez FRW.
Sources
HAS (Haute Autorité de Santé) – Rapport sur la carie dentaire
Ameli – L’importance des dents de lait et les risques liés aux caries
Ameli – Capital Dentaire de l’Enfant
UFSBD
Ameli – Dispositif M’T dents
Application de brossage Mon Raccoon de Oral Care
Application de brossage Disney Magic de Oral B
Épisode du podcast Émotions Comment ne pas transmettre ses traumatismes à ses enfants ?
