Dans un pays où la sexualité et la précarité menstruelle sont des sujets tabous, Douce Namwezi vient bouleverser les règles. Éprise de justice pour la condition des femmes et des jeunes filles au Congo-Kinshasa, cette journaliste de profession décide de créer Uwezo Afrika. Au travers de cette association, son but est de lutter pour la gratuité des protections intimes. De quelle manière s’y prend-elle ? Réponses dans cet article.

 

Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?

Ce terme désigne la difficulté à se procurer des serviettes hygiéniques à cause du manque de ressources financières. Ce fléau concerne 500 millions de femmes dans le monde. Parmi elles, ⅕ des jeunes filles sont contraintes de rater l’école au moins une semaine par mois.

Selon Iris Nzolantima, porteuse du projet « parlons menstrues », ce problème touche 60 % des Congolaises. Pour information, ce pays comptabilise plus de 89 millions d’habitants, dont 51 % de femmes.

Au Nord-Kivu, l’une des régions les plus pauvres du Congo, 75,1 % des filles utilisent une pièce de vêtement déchirée en guise de protection intime. Ce pourcentage descend à 3,6 % pour les habitantes de Kinshasa. Les autres produits dont elles se servent sont les tissus, les chiffons, les compresses, etc. Ce n’est qu’au sein de la capitale que 79,9 % des Congolaises ont recours aux serviettes hygiéniques.

 

Que propose Uwezo Afrika pour lutter contre ce fléau ?

Uwezo Afrika est né pendant que Douce exerçait en tant que journaliste au sein de la radio Maria, une station de l’église catholique en RDC. Durant son parcours, elle a interrogé des femmes sur les problèmes auxquels elles étaient le plus souvent confrontées. La santé sexuelle et la précarité menstruelle étaient les sujets qui ressortaient le plus. C’est alors qu’avec des amis qu’elle décide de créer l’association.

Au travers d’Uwezo Afrika, l’équipe conçoit des kits hygiéniques puis les fournit gratuitement aux femmes dans le besoin. Elles y trouvent des serviettes intimes lavables en coton, du savon, de la lessive et un seau d’eau. Depuis peu, l’association propose des ateliers qui permettent aux Congolaises de fabriquer leurs propres protections.

En parallèle, Douce sensibilise la population sur la santé sexuelle. Elle se rend dans les écoles et organise des conférences au sein des régions les plus touchées par la précarité menstruelle.

_« La plupart de mes collègues journalistes trouvent que je manque de pudeur et ne comprennent pas pourquoi je parle de menstruations aussi ouvertement. Pour moi, il est tout à fait naturel d’éduquer les femmes sur ce sujet, car c’est de cette manière qu’on leur rend service. » — Douce Namwezi

Au sein d’une société patriarcale, de tels problèmes féminins sont relégués au second plan. En occident, les initiatives comme le congé menstruel en France ou l’organisation de collecte de protections périodiques semblent légitimes. Dans la majorité des pays africains, ce sujet demeure tabou. Néanmoins, en dépit des obstacles, Douce Namwezi ne compte pas baisser les bras de sitôt. Sa détermination lui a d’ailleurs permis d’être dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde par la BBC en 2020.

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Jenny Obami, pour e-writer
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Anne Le Tarnec, tutrice de formation chez FRW.

Sources :