Février 2020, la loi Antigaspillage pour une Économie Circulaire dite « loi AGEC » est votée. Elle vise à transformer notre économie linéaire, produire-consommer-jeter, en une économie circulaire, substituerrécupérerréutiliser. Dans cet esprit, l’axe prioritaire est de réduire les emballages plastiques à usage unique. Le décret 3R (Réduire, Recycler, Réemployer) est donc rendu public en avril 2021. Avant tout, il définit les obligations et les interdictions des parties prenantes citées dans ce texte. Il doit permettre un contrôle des engagements pris pour supprimer l’utilisation du sac plastique. Par ailleurs, tous les acteurs seront incités à mettre en place des solutions pour le remplacer ou le substituer. D’ores et déjà, les couverts jetables, les cotons-tiges, les contenants polystyrène sont prohibés. Les conditionnements dits « inutiles » devront avoir disparu d’ici 2025. Mais quels sont les enjeux de ce décret ? Quels vont être ses impacts au quotidien ? Découvrons dans cet article les changements qui nous attendent.

Réduire les emballages plastiques : l’objectif numéro 1 du décret 3R

La pollution du plastique en chiffres

  • Chaque minute, un million de bouteilles est vendu dans le monde.
  • Cinq mille milliards de sacs flottent aujourd’hui dans les océans.
  • Neuf milliards de tonnes de plastique ont été produites sur la planète depuis 1950 dont 80 % n’ont jamais été recyclées.

Dans cette suite de chiffres invraisemblable, la France n’est pas en reste. Nous utilisons 4,8 millions de tonnes de plastiques chaque année.

Sources : Stratégie 3R, Programme pour l’environnement des Nations Unies

Fort de ce constat, le gouvernement français a mis autour de la table toutes les parties prenantes : ONG, industriels du plastique, collectivités locales et associations de consommateurs ont été consultés. Trois objectifs, considérés comme atteignables, ont été définis et inscrits dans le décret 3R :

  1. Réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025.
  2. Supprimer 100 % des emballages « inutiles » avant 2025 (les blisters de piles et d’ampoules par exemple).
  3. Tendre vers 100 % de recyclage de ces produits avant janvier 2025. Pour parvenir à cet objectif, les emballages devront être bien entendu recyclables et ne pas perturber la chaîne de tri.

La France se donne des objectifs ambitieux pour supprimer le plastique

Nous sommes le premier pays à se doter d’une loi définissant des engagements clairs. L’objectif cible est de sortir des emballages plastiques avant 2040. Mais l’obstacle reste difficile à franchir. D’après une étude de l’entreprise de recyclage CITEO, 4 personnes sur 10 souhaiteraient moins de plastique au quotidien. Dans le même temps, le recyclage n’est effectif que sur 1/3 des emballages. Il est clair que nous allons devoir aligner rapidement nos aspirations sur nos promesses.

De son côté, notre gouvernement s’est donné l’ambition de supprimer 1 milliard d’emballages « inutiles » chaque année. Une goutte d’eau dans l’océan au vu des 140 milliards de bouteilles plastiques mises sur le marché. De l’industriel au consommateur, il va devenir nécessaire de s’organiser pour effectuer un tri plus efficace et plus rentable. C’est un vrai challenge dans un pays ou les aspirations sont rarement communes. De plus, l’adhésion à une idée unique n’a jamais vraiment fait partie de la culture gauloise. 😉

Le marché du vrac reste à conquérir

Bien avant la loi AGEC, les hypermarchés avaient engagé une politique de suppression des emballages plastiques dits « inutiles ». Dès 2010, le groupe CARREFOUR a communiqué sur les emballages « zéro plastique » de sa marque propre. Quant aux magasins AUCHAN, ils ont été précurseurs de la vente en vrac dès les années 90. Dans les deux cas, aucun plébiscite réel de la part de leur clientèle. Le marché était-il prêt ? Vraisemblablement pas.

Aujourd’hui, les enjeux environnementaux et législatifs sont concordants. Les prévisions de chiffres d’affaires du secteur sont estimées à 3 milliards d’euros à l’horizon 2025. Pour les actionnaires, ces dernières sont crédibles. La grande distribution a donc logiquement réorganisé ses magasins avec 20 % de linéaire pour ce type d’offre. Au-delà de la vision mercantile, il faut savoir que ce ratio n’est pas le fruit du hasard. C’est la loi qui l’impose. Avec 11 millions m² de surfaces de ventes, les investissements risquent d’être conséquents… mais justifiés. Il faudra néanmoins tenir compte du fait que cette nouvelle tendance ne concerne majoritairement que des urbains diplômés. Mais pour tous les acteurs du secteur, il y a consensus : il est temps de faire décoller un marché qui a l’avantage d’une législation favorable.

Pour en savoir plus sur le vrac : Comment atteindre le « zéro déchet » en faisant ses courses ? Tout savoir.

Acheter sans plastique : un accueil mitigé des clients

Acheter autrement

Prévoir la manière de ramener ses courses chez soi va peut-être devenir un casse-tête d’ici 2030. Quel contenant privilégier si l’on achète du vrac ? Pour quelle quantité ? Le consommateur sera-t-il prêt à utiliser des balances dont il faut renseigner la tare à chaque nouvelle pesée ? On peut espérer que ce sera le cas. Mais il faudra mettre à disposition des outils simples et ergonomiques. Les seniors devront être accompagnés dans ces nouveaux usages avec une communication pictographique. Les outils devront être fiables face à une clientèle pas toujours délicate et qui ne sera pas forcément patiente. En réalité, il faudra accompagner une révolution d’usage dans un pays très traditionaliste dans ses habitudes de consommation… et accepter de prendre le temps du changement.

S’informer différemment

Comment convaincre ceux qui estiment que le vrac est vendu plus cher ? Hier les étiquettes électroniques indiquaient le prix et le poids au kilo. Demain, elles devront pouvoir contenir beaucoup plus d’informations : DLC, numéro de lot, valeurs nutritives, données allergènes. Tout ce que l’on trouvait avant sur les emballages ! Il n’est pas certain que l’adhésion au concept se fasse naturellement.

Agir avec bon sens

La consigne du verre va-t-elle faire une réapparition dans nos magasins ? C’est fort probable ! Disparue il y a trente ans, c’est une pratique qui perdure en Alsace. 25 millions de bouteilles sont remises en circulation après nettoyage chaque année. En 2019, l’association ZEROWASTE avait mis en lumière un rapport de l’ADEME particulièrement éloquent. En effet, la collecte des emballages consignés permettait une économie de 79 % d’émissions de gaz à effet de serre par rapport au recyclage classique. Il faut savoir qu’une bouteille consignée peut être réutilisée 19 fois. Elle peut donc servir pendant plus de 6 ans. Cerise sur le gâteau, c’est rentable pour le consommateur qui ne paie que le contenu et jamais le contenant. Une économie pouvant aller jusqu’à 20 % par rapport à une bouteille jetable.

Un cadrage législatif, une communication intensive, des investissements sans précédent : une marche arrière impossible

Un arsenal de lois et de la pub

La loi a désormais fixé les règles. Mais la suppression des emballages plastiques doit s’accompagner d’un changement d’attitude des consommateurs. Un logo européen devient donc obligatoire à partir de 2022 sur tous les produits en plastique. Il définit la consigne de tri et non plus si le produit est recyclable ou pas. Il devra sensibiliser l’acheteur sur le tri et ses impacts sur l’environnement au moment de l’acte d’achat. Par la force des choses, nous allons mettre en place des réflexes de triage plus sélectif. Les taxes sur les ordures ménagères sont en forte augmentation en 2022. Nous allons certainement devenir plus attentifs à ce petit pictogramme rouge et bleu. Notre comportement va progressivement changer comme cela a été le cas en Allemagne ou en Suède. Dans ces pays, les pouvoirs publics ont fait payer les poubelles en fonction de leur poids. Les volumes de déchets ont été divisés par 3.

Trier le plastique devient urgent

La France est en retard en matière de recyclage des déchets plastiques. Les dernières données Eurostat nous octroient un taux de 27 % contre 41 % en moyenne dans l’Union. Seule Malte est derrière nous, mais c’est sa forte activité touristique qui le pénalise. Il était temps de réagir et de se donner les moyens de faire aussi bien que nos partenaires. En effet, le parlement de Bruxelles a voté une taxe de 80 centimes par kilo de plastiques non recyclé en 2019. Tous les États membres sont redevables au titre d’une contribution spécifique dite « taxe plastique ». Cet impôt avait 2 vocations initiales : le financement du plan de relance Européen de 750 milliards d’euros, et accessoirement l’atténuation des effets du Brexit sur le budget européen. Il sert aujourd’hui d’alibi pour inciter les états à recycler leurs déchets.

En ce qui nous concerne, pour l’année 2021, le montant est significativement élevé : 1,3 milliard d’euros à verser dans le budget commun des États de l’union au titre du non-recyclage. L’addition est salée !😬 Pour l’instant, le choix de la France a été de ne pas répercuter le montant de cette contribution sur les ménages… Pour l’instant !

Franck Kech, pour e-Writers.

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Jade, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

https://www.ecologie.gouv.fr/emballages-en-plastique-usage-unique

https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage

https://www.ecologie.gouv.fr/emballages-en-plastique-usage-unique

https://www.ecologie.gouv.fr/lutte-contre-pollution-plastique

https://www.ecologie.gouv.fr/decrets-dapplication-loi-anti-gaspillage-economie-circulaire

https://www.ecologie.gouv.fr/signature-du-pacte-national-sur-emballages-plastiques

https://www.ecologie.gouv.fr/loi-climat-resilience

https://news.un.org/fr/story/2022/03/1115462