Votre billet entre les mains, vous hésitez entre curiosité et angoisse. Vous êtes invité à la Philharmonie de Paris et vous n’avez strictement aucune idée de là où vous allez mettre les pieds. Durée, applaudissement, entrée en scène… Les ballets, opéras et œuvres orchestrales sont pétris de codes et de traditions. Et vous le sentez déjà, le regard réprobateur du mélomane chevronné qui sera assis à votre gauche… Pas de panique, ce guide est fait pour vous. Décryptons ensemble les rituels d’un concert de musique classique.

Les préparatifs avant la représentation : plutôt loge et costume, ou balcon et jogging ?

Le code vestimentaire : c’est vous qui choisissez

Ce qu’il faut retenir : venez comme vous êtes (mais arrivez bien à l’heure) ! Certains évaluent leur tenue à l’aune du prix de leur billet. Comme le rappellent de nombreux orchestres nationaux, la musique classique se veut accessible à tous. Vous êtes le bienvenu, que vous sortiez du travail en mode jean-basket ou que vous vous apprêtiez pour une grande occasion.

Pas de dress code imposé donc. Voici tout de même un conseil qui vous sauvera de quelques coups d’œil exaspérés : évitez les vêtements et bijoux trop bruyants. La doudoune qui crisse à chaque mouvement et la ribambelle de bracelets à breloques vous attendront chez vous.

Où se placer pour bien voir et bien entendre

Pour le choix de votre emplacement, cela dépendra en partie de votre portefeuille. L’expérience musicale ne sera pas la même d’un coin à l’autre de la salle. Selon le type de concerts, certaines places sont à favoriser plus que d’autres :

  • parterre : proche de l’orchestre, idéal pour observer les musiciens de près ;
  • balcon : en hauteur (on parle aussi de galerie ou corbeille), parfait pour un bon équilibre entre panorama et acoustique ;
  • loge : places plus intimes, attention à l’angle de vue parfois limité.

Pour un ballet (spectacle de danse classique), on préfèrera avoir un aperçu global pour profiter des mouvements de tous les danseurs. Concernant les concerts d’orchestre, certains iront se placer côté jardin (à gauche) pour admirer les harpes, ou côté cour (à droite) pour scruter le jeu des violoncellistes. Quoi qu’il en soit, la logique est la même pour tous les types de représentations : de près, on savoure les détails, de loin, on priorise la vue d’ensemble.

Combien de temps dure votre voyage au cœur de la musique : les nuances entre concerts symphoniques, opéras et ballets

La durée d’un concert de musique classique

Maintenant bien installé dans votre fauteuil, le programme en main, une question vous taraude… combien de temps cela prendra-t-il ? La durée d’un concert de musique classique varie considérablement d’un format à l’autre. Quelques exemples :

  • récital de piano : environ 1 h 30 ;
  • concert symphonique : plus ou moins 2 h ;
  • opéra : jusqu’à 3, voire 4 h.

Heureusement, des entractes d’un gros quart d’heure sont prévus, après environ 45 minutes de musique. C’est le moment parfait pour explorer les lieux, vous rendre aux toilettes, ou prendre un verre. La cloche sonne et la lumière baisse, il est temps de regagner votre siège.

Le silence, cet instrument invisible

Dans une salle de concert, le silence n’est pas une simple absence de son, c’est un élément clé du spectacle. On perçoit grâce à lui les nuances les plus subtiles, les pianissimi (son presque imperceptible) les plus envoûtants… On parvient même à entendre la respiration des artistes avant que la musique n’explose sur un tempo nerveux et bouillonnant.

Mais ce silence est fragile. Le moindre son peut résonner comme un coup de canon. Certains spectateurs adoptent la technique du bonbon à sucer pour éviter une quinte de toux intempestive. Même vigilance du côté des téléphones. Il vaut mieux l’éteindre dès l’entrée dans la salle. Un bon concert se savoure dans le respect de ce silence sacré…

« La musique n’est pas dans les notes, mais dans le silence entre les deux. » (Wolfgang Amadeus Mozart)

Les règles de l’entrée en scène des musiciens : du défilé des instruments à l’accord de l’orchestre

Une arrivée millimétrée : le premier violon en maître de cérémonie

Dans un orchestre, l’ordre d’arrivée suit un cérémonial bien rodé qui peut légèrement varier selon les traditions locales et les ensembles. Généralement, c’est le premier violon (ou violon solo) qui ouvre la marche. À noter que dans certains concerts, tels que les opéras, les musiciens se trouvent dans la fosse, au pied de la scène. Cela permet d’équilibrer le son sans masquer l’action théâtrale.

Après l’accord des instruments, c’est au tour du chef d’orchestre de faire son apparition sous une salve d’applaudissements. Les musiciens se lèvent en signe de respect. Le maestro salue le public, serre la main du premier violon et fait signe à l’orchestre de s’asseoir. Grincement de chaises, bruits de partitions qu’on ouvre… Puis, le silence. La baguette du chef s’élève, et d’un geste de la main, la musique prend vie !

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L’accord de l’orchestre : une question d’harmonie

Avant que la musique ne commence, l’orchestre doit s’accorder. C’est un incontournable des rituels d’un concert de musique classique, car il garantit une parfaite harmonie entre les instruments.

Une fois que tous les artistes sont installés, et avant l’arrivée du chef, le premier violon se lève et demande le « la » au hautbois. Les vents (flûte, cor, clarinette…) s’accordent d’abord. Le violon solo reprend la note et la donne aux violoncelles, contrebasses, altos puis violons. Lorsqu’il s’assoit, chaque musicien finit de régler son instrument dans une joyeuse cacophonie.

L’art d’applaudir au bon moment : le plus délicat des rituels d’un concert de musique classique

Applaudissements et symphonie

Si battre des mains est un geste spontané pour saluer une prestation, dans un concert de musique classique, c’est une tout autre affaire. Le piège bien connu : applaudir entre les mouvements d’une symphonie. Le morceau s’achève. Le chef baisse doucement sa baguette. Tout guilleret que vous êtes devant la virtuosité des musiciens, vous frappez fort dans vos deux mains. Soudain, vous vous rendez compte que tout le monde vous regarde d’un air courroucé !

Une symphonie est une œuvre composée de plusieurs mouvements, quatre le plus souvent. De nos jours, la règle veut que l’on attende la fin complète de la pièce avant d’exprimer son enthousiasme. C’est une manière de ne pas briser la magie et d’écouter le récit musical jusqu’au bout.

Le piège du dernier accord

Après l’ultime accord d’un morceau, un silence suspendu s’installe dans la salle. Le public retient son souffle. Ne brisez pas cette magie trop tôt ! Attendez que le chef baisse définitivement les bras et se tourne vers vous avant d’applaudir, sous peine de ruiner cet instant de grâce.

L’art du dernier accord est particulièrement respecté en Allemagne, où les spectateurs patientent volontiers quelques secondes avant de taper dans leurs mains. Si vous êtes perdu face aux codes des applaudissements, un principe simple : attendez, observez, et laissez les habitués donner le signal !

La tradition du bis ou rappel de fin de concert : quand le public honore les interprètes

Le bis : un public conquis qui en redemande

Le concert s’achève. Vous applaudissez à tout rompre ! Peu à peu, les mains se mettent à battre en cadence. Devant tant de ferveur, le chef d’orchestre, les danseurs ou les choristes reviennent généralement saluer plusieurs fois en un drôle de ballet.

Si l’enthousiasme est à son comble, on vous offrira un bis, une pièce supplémentaire jouée en guise de remerciement. Le choix du morceau de rappel varie selon les artistes : certains reprennent un extrait de l’œuvre interprétée, comme un clin d’œil au concert. D’autres misent sur l’effet de surprise.

Un hommage entre musiciens

Si vous avez la chance de participer à une représentation le jour de l’anniversaire du chef, il est fort probable que l’orchestre lui ait réservé une petite surprise. Les yeux pétillants, le public entendra par exemple un départ du Boléro de Ravel qui vire sur un air de Joyeux anniversaire, sous le regard médusé du maestro !

Il est possible aussi que vous assistiez à la dernière prestation d’un musicien avant sa retraite. Vous verrez alors l’orchestre lui offrir un gros bouquet de fleurs en remerciements pour ses années au service de l’ensemble. Un moment chargé d’émotion, qui rappelle que derrière chaque pupitre, il y a toujours une belle aventure humaine.

Ça y est. Vous avez désormais toutes les clés pour profiter sans stress de votre soirée musicale. Au-delà des rituels du concert de musique classique, ce qui compte, c’est l’expérience unique que vous allez vivre, doux mélange d’émotions, d’authenticité et de sensorialité. Alors, franchissez la porte des opéras et auditoriums de votre ville, et laissez-vous transporter par la magie des concerts classiques. Musique maestro !

⏩ Pour aller plus loin : La musique classique dès le plus jeune âge, c’est possible !

Amandine Delbende, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Cécile Prunier, tutrice de formation chez FRW.

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Pixabay : photo par TravelCoffeeBook